Des chercheurs de Chine continentale ont participé à une conférence internationale consacrée aux « Liens entre les Missions étrangères de Paris et la Chine depuis la dynastie Qing » les 26 et 27 juillet derniers à l’université chinoise de Hongkong.
Destiné en priorité au monde universitaire de Chine continentale, ce colloque avait vocation à réunir les chercheurs de différentes disciplines des sciences humaines et sociales qui étudient les liens qu’entretiennent la Société des Missions étrangères de Paris et la société chinoise depuis sa fondation sous la dynastie Qing (1644-1912).
La Société des Missions étrangères de Paris, officiellement fondée en 1663, a envoyé plus de 1200 prêtres annoncer l’Evangile en Chine, dans le respect de la culture locale. Le premier membre de la Société à entrer en Chine est François Pallu, vicaire apostolique nommé par le pape Alexandre VII dans le sud du pays, en 1683. Les missionnaires seront généralement envoyés dans des campagnes reculées.
Un colloque inédit
Le colloque organisé par le centre d’études catholiques de l’université chinoise de Hongkong présentait donc un caractère inédit dans la mesure où l’apport des MEP au monde chinois demeure encore largement méconnu et rarement étudié. Si le P. Matteo Ricci fait l’objet de nombreux colloques, l’étude des Sociétés missionnaires liées à la période coloniale était, jusqu’à présent, un sujet banni. La participation de chercheurs du continent à ce colloque semble indiquer une évolution à ce sujet.
Pour cette première édition, un appel à contribution avait été lancé en novembre 2016. Une vingtaine de réponses étaient attendues ; se sont manifestés une quarantaine de chercheurs internationaux, dont une trentaine de chinois du Continent. Ces derniers représentaient différentes disciplines de sciences sociales et humaines : histoire, linguistique, sociologie, droit, sciences politiques, … Les organisateurs ont donc pris la décision d’organiser des sessions semi-plénières, qui se sont tenues en parallèle dans le cadre de deux cycles thématiques, afin de permettre à tous les chercheurs de présenter le contenu de leurs recherches.
Un premier cycle a présenté l’implantation et le développement des MEP en Chine (notamment autour de la guerre de l’opium et pendant la période des persécutions), selon le principe d’inculturation qui gouverne la Société des MEP.
Un second cycle a permis d’étudier les apports éducatifs, architecturaux, économiques, linguistiques des missionnaires, essentiellement dans les campagnes reculées du Nord-Est et du Sud-Ouest du pays. Des chercheurs ont ainsi présenté les spécificités de l’architecture des séminaires bâtis par les MEP dans le Sichuan, et la création d’écoles au sein des minorités, notamment dans le Tibet et dans le Yunnan. Dans cette région, sont notamment étudiés les liens du P. Alfred Liétard (1872-1912), membre des MEP, avec l’implantation de la production de café.
Une expérience à renouveler ?
A l’issue de ces échanges, une table-ronde a effectué le bilan de ces journées et souligné la qualité et la diversité des contributions. Les chercheurs ont salué cette initiative, qui leur a permis de se rencontrer, de mettre en place une plateforme d’échanges, et de mieux comprendre les apports des Missions étrangères de Paris à la société chinoise, les missionnaires ayant réalisé discrètement un travail important. Ils ont salué « la très grande réussite de ce colloque », chaleureusement remercié les organisateurs et exprimé le souhait que ces rencontres se poursuivent.
De retour en France, le P. Jean Charbonnier, prêtre des MEP et sinologue, a indiqué avoir été impressionné par la rigueur des travaux effectués, généralement par des non-chrétiens.
Contacté par la Rédaction d'Eglises d'Asie, M. Pierre-Emmanuel Roux, maître de conférences à l'université Paris-Diderot et membre du Centre Chine-Corée-Japon de l'EHESS considère que « ce colloque a ouvert de nouvelles perspectives pour la recherche sur les sociétés missionnaires en Chine, en proposant un regard chinois sur les MEP, hors du simple cadre de l’histoire missionnaire. Les possibilités pour les chercheurs dans les années à venir sont nombreuses, même si travailler sur les religions demeure sensible en Chine. »
En parallèle de ce colloque, une exposition, en chinois et en anglais, a présenté les contributions des missionnaires MEP en Chine.
Le lendemain du colloque, une visite guidée des lieux historiques des MEP à Hongkong a été organisée. Les participants ont ainsi eu l’opportunité de découvrir la procure de Battery Path (1919-1953, vendue aux autorités civiles et qui a notamment servi de Cour de dernier appel), l’imprimerie de Nazareth (cédée à l’université de Hongkong en 1954) et le sanatorium de Béthanie (désormais utilisé par l’école de l’Académie du cinéma et de télévision), autant de lieux qui ne sont généralement pas ouverts au public.
Les actes du colloque feront prochainement l’objet d’une publication en chinois. (eda/rg)
(Source: Eglises d'Asie, le 4 août 2017)
Destiné en priorité au monde universitaire de Chine continentale, ce colloque avait vocation à réunir les chercheurs de différentes disciplines des sciences humaines et sociales qui étudient les liens qu’entretiennent la Société des Missions étrangères de Paris et la société chinoise depuis sa fondation sous la dynastie Qing (1644-1912).
La Société des Missions étrangères de Paris, officiellement fondée en 1663, a envoyé plus de 1200 prêtres annoncer l’Evangile en Chine, dans le respect de la culture locale. Le premier membre de la Société à entrer en Chine est François Pallu, vicaire apostolique nommé par le pape Alexandre VII dans le sud du pays, en 1683. Les missionnaires seront généralement envoyés dans des campagnes reculées.
Un colloque inédit
Le colloque organisé par le centre d’études catholiques de l’université chinoise de Hongkong présentait donc un caractère inédit dans la mesure où l’apport des MEP au monde chinois demeure encore largement méconnu et rarement étudié. Si le P. Matteo Ricci fait l’objet de nombreux colloques, l’étude des Sociétés missionnaires liées à la période coloniale était, jusqu’à présent, un sujet banni. La participation de chercheurs du continent à ce colloque semble indiquer une évolution à ce sujet.
Pour cette première édition, un appel à contribution avait été lancé en novembre 2016. Une vingtaine de réponses étaient attendues ; se sont manifestés une quarantaine de chercheurs internationaux, dont une trentaine de chinois du Continent. Ces derniers représentaient différentes disciplines de sciences sociales et humaines : histoire, linguistique, sociologie, droit, sciences politiques, … Les organisateurs ont donc pris la décision d’organiser des sessions semi-plénières, qui se sont tenues en parallèle dans le cadre de deux cycles thématiques, afin de permettre à tous les chercheurs de présenter le contenu de leurs recherches.
Un premier cycle a présenté l’implantation et le développement des MEP en Chine (notamment autour de la guerre de l’opium et pendant la période des persécutions), selon le principe d’inculturation qui gouverne la Société des MEP.
Un second cycle a permis d’étudier les apports éducatifs, architecturaux, économiques, linguistiques des missionnaires, essentiellement dans les campagnes reculées du Nord-Est et du Sud-Ouest du pays. Des chercheurs ont ainsi présenté les spécificités de l’architecture des séminaires bâtis par les MEP dans le Sichuan, et la création d’écoles au sein des minorités, notamment dans le Tibet et dans le Yunnan. Dans cette région, sont notamment étudiés les liens du P. Alfred Liétard (1872-1912), membre des MEP, avec l’implantation de la production de café.
Une expérience à renouveler ?
A l’issue de ces échanges, une table-ronde a effectué le bilan de ces journées et souligné la qualité et la diversité des contributions. Les chercheurs ont salué cette initiative, qui leur a permis de se rencontrer, de mettre en place une plateforme d’échanges, et de mieux comprendre les apports des Missions étrangères de Paris à la société chinoise, les missionnaires ayant réalisé discrètement un travail important. Ils ont salué « la très grande réussite de ce colloque », chaleureusement remercié les organisateurs et exprimé le souhait que ces rencontres se poursuivent.
De retour en France, le P. Jean Charbonnier, prêtre des MEP et sinologue, a indiqué avoir été impressionné par la rigueur des travaux effectués, généralement par des non-chrétiens.
Contacté par la Rédaction d'Eglises d'Asie, M. Pierre-Emmanuel Roux, maître de conférences à l'université Paris-Diderot et membre du Centre Chine-Corée-Japon de l'EHESS considère que « ce colloque a ouvert de nouvelles perspectives pour la recherche sur les sociétés missionnaires en Chine, en proposant un regard chinois sur les MEP, hors du simple cadre de l’histoire missionnaire. Les possibilités pour les chercheurs dans les années à venir sont nombreuses, même si travailler sur les religions demeure sensible en Chine. »
En parallèle de ce colloque, une exposition, en chinois et en anglais, a présenté les contributions des missionnaires MEP en Chine.
Le lendemain du colloque, une visite guidée des lieux historiques des MEP à Hongkong a été organisée. Les participants ont ainsi eu l’opportunité de découvrir la procure de Battery Path (1919-1953, vendue aux autorités civiles et qui a notamment servi de Cour de dernier appel), l’imprimerie de Nazareth (cédée à l’université de Hongkong en 1954) et le sanatorium de Béthanie (désormais utilisé par l’école de l’Académie du cinéma et de télévision), autant de lieux qui ne sont généralement pas ouverts au public.
Les actes du colloque feront prochainement l’objet d’une publication en chinois. (eda/rg)
(Source: Eglises d'Asie, le 4 août 2017)