Le 6 mai 2015, Mgr Nicolas Huynh Van Nghi, évêque émérite de Phan Thiêt, s’est éteint paisiblement, à 88 ans, dans les locaux de l’évêché du diocèse dont il avait été le premier évêque. Comme cela a été écrit tout de suite après sa mort, il laisse à tous le souvenir et le modèle d’un évêque d’une absolue fidélité à son Eglise, une fidélité qu’il a maintenue malgré de grandes adversités et les tentations auxquelles l’histoire du Vietnam l’a confronté.
Les catholiques retiendront aussi de son action pastorale que seules des solutions simples, limpides, conviennent aux situations historiques les plus complexes. Son tempérament et ses goûts le faisaient reconnaître comme un homme du Sud, plus particulièrement de Saigon, où il est né, a été formé et a entamé son ministère épiscopal, et de Phan Thiêt, un diocèse issu de la division du diocèse de Nha Trang dont il a été le premier pasteur. Deux épisodes de sa vie en chacune de ces deux régions, à Phan Thiêt et à Saigon, permettent de découvrir l’esprit de cette personnalité sans faille.
Le premier épisode coïncide avec son arrivée à Phan Thiêt, à la mi-avril 1975. Les troupes du Nord sont déjà en possession d’une bonne partie de ce qu’on appelait alors le « Sud-Vietnam ». Mgr Nghi, lui, est à Saigon, où, l’année précédente, il a été nommé évêque auxiliaire par le Saint-Siège. Sa carrière est déjà longue. Né en 1927 dans une paroisse de Saigon, il a été formé dès son plus jeune âge au petit et au grand séminaire de cette ville. En 1950, il est envoyé en France, au grand séminaire d’Issy-les-Moulineaux pour y achever sa formation théologique. Puis, en 1953, après avoir été ordonné prêtre en la cathédrale Notre-Dame de Paris, il est revenu au pays où il est successivement nommé professeur au grand séminaire, puis curé des deux plus grandes paroisses de la ville. En juillet 1974, il est nommé évêque auxiliaire de la capitale du Sud-Vietnam. Peu de temps après, alors que la débâcle du Sud-Vietnam a déjà commencé, le 19 mars 1975, il est nommé administrateur apostolique du nouveau diocèse de Phan Thiêt.
Le 17 avril suivant, alors que le diocèse voisin de Da Lat est déjà entre les mains des forces communistes depuis le début du mois, Phan Thiêt est encore une zone de combats. Mgr Nghi qui veut être présent sur place avant l’arrivée des forces du Nord s’embarque alors pour son futur diocèse, sur un avion d’Air Vietnam, en compagnie de l’archevêque de Saigon et d’une petite délégation de prêtres. A peine l’avion a-t-il déposé ses passagers sur l’aéroport qu’il reprend aussitôt les airs pour Saigon, au milieu des détonations des fusils et des explosions des bombes. Après une courte cérémonie d’installation dans la cathédrale de Phan Thiêt, les accompagnateurs de Mgr Nghi repartent aussi vers Saigon grâce à un hélicoptère de l’armée du Sud, laissant le nouvel évêque seul avec la lourde tâche de mettre en route une nouvelle circonscription ecclésiastique.
Le second épisode d’un lieu en 1993. La santé de l’archevêque de Saigon, Mgr Nguyên Van Binh, s’est brusquement détériorée. L’archevêque coadjuteur en titre, Mgr François-Xavier Nguyên Van Thuân, est dans l’impossibilité de remplir sa charge à cause des interdits gouvernementaux. Le Saint-Siège nomme alors Mgr Nghi administrateur apostolique de l’archidiocèse de Saigon, en attendant de trouver une solution définitive. Mais la nomination déplaît fortement aux autorités qui y voient une manœuvre du Vatican pour imposer à Saigon la présence de Mgr François-Xavier Nguyên Van Thuân.
Dès sa première venue à Saigon, le nouvel administrateur est l’objet des attaques virulentes du groupe des prêtres du Comité d’union et de leur organe de presse Le catholicisme et la nation. A leur suite, la télévision nationale, la presse officielle s’acharnent contre la décision du Saint-Siège et contre son représentant à Saigon, l’évêque de Phan Thiêt. La fidélité de l’évêque à l’Eglise catholique et au Saint-Siège reste sans faille. Il tiendra bon, sans éclats de voix, discrètement. C’est également avec discrétion qu’il rentrera dans son diocèse de Phan Thiêt, lorsque Mgr Pham Minh Mân sera nommé archevêque de Saigon en avril 1998. Il restera évêque de Phan Thiêt jusqu’à sa retraite en 2005. (eda/jm)
(Source: Eglises d'Asie, le 12 mai 2015)
Les catholiques retiendront aussi de son action pastorale que seules des solutions simples, limpides, conviennent aux situations historiques les plus complexes. Son tempérament et ses goûts le faisaient reconnaître comme un homme du Sud, plus particulièrement de Saigon, où il est né, a été formé et a entamé son ministère épiscopal, et de Phan Thiêt, un diocèse issu de la division du diocèse de Nha Trang dont il a été le premier pasteur. Deux épisodes de sa vie en chacune de ces deux régions, à Phan Thiêt et à Saigon, permettent de découvrir l’esprit de cette personnalité sans faille.
Le premier épisode coïncide avec son arrivée à Phan Thiêt, à la mi-avril 1975. Les troupes du Nord sont déjà en possession d’une bonne partie de ce qu’on appelait alors le « Sud-Vietnam ». Mgr Nghi, lui, est à Saigon, où, l’année précédente, il a été nommé évêque auxiliaire par le Saint-Siège. Sa carrière est déjà longue. Né en 1927 dans une paroisse de Saigon, il a été formé dès son plus jeune âge au petit et au grand séminaire de cette ville. En 1950, il est envoyé en France, au grand séminaire d’Issy-les-Moulineaux pour y achever sa formation théologique. Puis, en 1953, après avoir été ordonné prêtre en la cathédrale Notre-Dame de Paris, il est revenu au pays où il est successivement nommé professeur au grand séminaire, puis curé des deux plus grandes paroisses de la ville. En juillet 1974, il est nommé évêque auxiliaire de la capitale du Sud-Vietnam. Peu de temps après, alors que la débâcle du Sud-Vietnam a déjà commencé, le 19 mars 1975, il est nommé administrateur apostolique du nouveau diocèse de Phan Thiêt.
Le 17 avril suivant, alors que le diocèse voisin de Da Lat est déjà entre les mains des forces communistes depuis le début du mois, Phan Thiêt est encore une zone de combats. Mgr Nghi qui veut être présent sur place avant l’arrivée des forces du Nord s’embarque alors pour son futur diocèse, sur un avion d’Air Vietnam, en compagnie de l’archevêque de Saigon et d’une petite délégation de prêtres. A peine l’avion a-t-il déposé ses passagers sur l’aéroport qu’il reprend aussitôt les airs pour Saigon, au milieu des détonations des fusils et des explosions des bombes. Après une courte cérémonie d’installation dans la cathédrale de Phan Thiêt, les accompagnateurs de Mgr Nghi repartent aussi vers Saigon grâce à un hélicoptère de l’armée du Sud, laissant le nouvel évêque seul avec la lourde tâche de mettre en route une nouvelle circonscription ecclésiastique.
Le second épisode d’un lieu en 1993. La santé de l’archevêque de Saigon, Mgr Nguyên Van Binh, s’est brusquement détériorée. L’archevêque coadjuteur en titre, Mgr François-Xavier Nguyên Van Thuân, est dans l’impossibilité de remplir sa charge à cause des interdits gouvernementaux. Le Saint-Siège nomme alors Mgr Nghi administrateur apostolique de l’archidiocèse de Saigon, en attendant de trouver une solution définitive. Mais la nomination déplaît fortement aux autorités qui y voient une manœuvre du Vatican pour imposer à Saigon la présence de Mgr François-Xavier Nguyên Van Thuân.
Dès sa première venue à Saigon, le nouvel administrateur est l’objet des attaques virulentes du groupe des prêtres du Comité d’union et de leur organe de presse Le catholicisme et la nation. A leur suite, la télévision nationale, la presse officielle s’acharnent contre la décision du Saint-Siège et contre son représentant à Saigon, l’évêque de Phan Thiêt. La fidélité de l’évêque à l’Eglise catholique et au Saint-Siège reste sans faille. Il tiendra bon, sans éclats de voix, discrètement. C’est également avec discrétion qu’il rentrera dans son diocèse de Phan Thiêt, lorsque Mgr Pham Minh Mân sera nommé archevêque de Saigon en avril 1998. Il restera évêque de Phan Thiêt jusqu’à sa retraite en 2005. (eda/jm)
(Source: Eglises d'Asie, le 12 mai 2015)