La délégation romaine chargée de recueillir des témoignages sur la sainteté du cardinal François-Xavier Nguyên Van Thuân en vue de sa canonisation pourra-t-elle venir au Vietnam pour y mener son enquête ? Rien n’est aujourd’hui moins sûr. En tout cas, si ce voyage avait lieu, ce serait en dehors des dates prévues précédemment, à savoir du 23 mars au 7 avril 2012.
Une communication émanant du cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical ‘Justice et Paix’, parvenue de Rome à l’archevêché de Saigon le 23 mars 2012, date prévue pour l’arrivée de la délégation à Saigon, indiquait que celle-ci n’était toujours pas partie de Rome. Le visa de sortie, déjà en possession des membres de la délégation, leur a été retiré au dernier moment par l’ambassade du Vietnam en Italie (1). Cette nouvelle a d’abord été diffusée par des religieuses, elles-mêmes informées par l’archevêque auxiliaire de Saigon. Un article publié ensuite par le quotidien vietnamien de Californie Nguoi Viêt faisait état de la confirmation de cette nouvelle par un prêtre, professeur au grand séminaire Saint-Joseph de Saigon et chargé de coordonner l’enquête de canonisation sur place.
On peut penser qu’il s’agit là d’un brusque changement de politique du Bureau gouvernemental des Affaires religieuses vietnamien. En effet, au mois de janvier dernier, les quatre ordinaires des diocèses où la délégation devait mener son enquête (Saigon, Huê, Nha Trang, Hanoi) avaient annoncé la visite des prélats romains et le détail de leur programme de travail. Il est très probable qu’ils avaient, à ce moment-là, l’accord du gouvernement (2). Celui-ci n’avait alors fait connaître officiellement aucune réaction négative à ce sujet. Entre temps, la politique religieuse a changé et un général de division, secrétaire d’Etat à l’Intérieur, ancien directeur des Renseignements généraux, a été nommé directeur des Affaires religieuses. On peut penser que c’est lui le responsable de cette inflexion notable dans l’attitude gouvernementale à l’égard du processus de canonisation en cours.
Bien que le gouvernement vietnamien n’ait jamais fait connaître publiquement son opinion sur la canonisation du cardinal détenu durant treize ans dans les camps et prisons du régime, on sait cependant indirectement que l’annonce du procès l’avait mécontenté. Selon des bruits persistants, au cours des sessions du groupe mixte de travail Vietnam-Vatican, qui se sont tenues à Hanoi et à Rome, les représentants du gouvernement vietnamien auraient demandé à leurs interlocuteurs du Saint-Siège que le processus de béatification soit suspendu.
Depuis sa prise de pouvoir au Sud-Vietnam, en avril 1975, le Parti communiste vietnamien s’est efforcé de neutraliser l’influence de l’ancien évêque de Nha Trang, dont l’ouverture d’esprit et le rayonnement personnel attirait à lui les personnes de condition et d’origine les plus diverses. Ses gardiens, eux-mêmes, ne résistait pas cette séduction. La même hostilité le poursuivit lorsqu’il vint à Rome après son séjour en résidence surveillée dans l’archevêché d’Hanoi ; le retour au Vietnam lui fut interdit…
Quelque temps avant la cérémonie de canonisation des 117 martyrs du Vietnam à Rome en 1988, les autorités de la République socialiste du Vietnam s’étaient vivement opposées à cette reconnaissance solennelle de l’héroïsme des victimes de l’ancien pouvoir impérial. C’est l’archevêque de Hanoi, Mgr Trinh Van Can, qui, au nom de la Conférence épiscopale du Vietnam, avait présenté la demande au Saint-Siège, le 16 novembre 1985. A partir de cette date, les autorités ont entamé une campagne visant à rendre impossible ces canonisations en discréditant certains martyrs. A plusieurs reprises, la Conférence épiscopale et son comité permanent furent convoqués auprès des instances politiques. Cette campagne fut menée auprès des laïcs, au sein des diocèses, par les instances du Parti. Divers milieux catholiques, des prêtres, des religieux, des intellectuels furent sollicités pour intervenir auprès de Rome. Enfin, lors des canonisations, sur la place Saint-Pierre à Rome, aucun membre de la hiérarchie, aucun fidèle vivant au Vietnam ne fut autorisé à participer. Seuls les membres de la diaspora vietnamienne purent se déplacèrent à Rome.
(1) VRBS et Vietcatholic News, 23 et 24 mars 2012.
(2) Les communiqués des quatre évêques ont été aussi publiés sur le site de la Conférence épiscopale du Vietnam.
(source: Eglises d'Asie, 26 mars 2012)
Une communication émanant du cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical ‘Justice et Paix’, parvenue de Rome à l’archevêché de Saigon le 23 mars 2012, date prévue pour l’arrivée de la délégation à Saigon, indiquait que celle-ci n’était toujours pas partie de Rome. Le visa de sortie, déjà en possession des membres de la délégation, leur a été retiré au dernier moment par l’ambassade du Vietnam en Italie (1). Cette nouvelle a d’abord été diffusée par des religieuses, elles-mêmes informées par l’archevêque auxiliaire de Saigon. Un article publié ensuite par le quotidien vietnamien de Californie Nguoi Viêt faisait état de la confirmation de cette nouvelle par un prêtre, professeur au grand séminaire Saint-Joseph de Saigon et chargé de coordonner l’enquête de canonisation sur place.
On peut penser qu’il s’agit là d’un brusque changement de politique du Bureau gouvernemental des Affaires religieuses vietnamien. En effet, au mois de janvier dernier, les quatre ordinaires des diocèses où la délégation devait mener son enquête (Saigon, Huê, Nha Trang, Hanoi) avaient annoncé la visite des prélats romains et le détail de leur programme de travail. Il est très probable qu’ils avaient, à ce moment-là, l’accord du gouvernement (2). Celui-ci n’avait alors fait connaître officiellement aucune réaction négative à ce sujet. Entre temps, la politique religieuse a changé et un général de division, secrétaire d’Etat à l’Intérieur, ancien directeur des Renseignements généraux, a été nommé directeur des Affaires religieuses. On peut penser que c’est lui le responsable de cette inflexion notable dans l’attitude gouvernementale à l’égard du processus de canonisation en cours.
Bien que le gouvernement vietnamien n’ait jamais fait connaître publiquement son opinion sur la canonisation du cardinal détenu durant treize ans dans les camps et prisons du régime, on sait cependant indirectement que l’annonce du procès l’avait mécontenté. Selon des bruits persistants, au cours des sessions du groupe mixte de travail Vietnam-Vatican, qui se sont tenues à Hanoi et à Rome, les représentants du gouvernement vietnamien auraient demandé à leurs interlocuteurs du Saint-Siège que le processus de béatification soit suspendu.
Depuis sa prise de pouvoir au Sud-Vietnam, en avril 1975, le Parti communiste vietnamien s’est efforcé de neutraliser l’influence de l’ancien évêque de Nha Trang, dont l’ouverture d’esprit et le rayonnement personnel attirait à lui les personnes de condition et d’origine les plus diverses. Ses gardiens, eux-mêmes, ne résistait pas cette séduction. La même hostilité le poursuivit lorsqu’il vint à Rome après son séjour en résidence surveillée dans l’archevêché d’Hanoi ; le retour au Vietnam lui fut interdit…
Quelque temps avant la cérémonie de canonisation des 117 martyrs du Vietnam à Rome en 1988, les autorités de la République socialiste du Vietnam s’étaient vivement opposées à cette reconnaissance solennelle de l’héroïsme des victimes de l’ancien pouvoir impérial. C’est l’archevêque de Hanoi, Mgr Trinh Van Can, qui, au nom de la Conférence épiscopale du Vietnam, avait présenté la demande au Saint-Siège, le 16 novembre 1985. A partir de cette date, les autorités ont entamé une campagne visant à rendre impossible ces canonisations en discréditant certains martyrs. A plusieurs reprises, la Conférence épiscopale et son comité permanent furent convoqués auprès des instances politiques. Cette campagne fut menée auprès des laïcs, au sein des diocèses, par les instances du Parti. Divers milieux catholiques, des prêtres, des religieux, des intellectuels furent sollicités pour intervenir auprès de Rome. Enfin, lors des canonisations, sur la place Saint-Pierre à Rome, aucun membre de la hiérarchie, aucun fidèle vivant au Vietnam ne fut autorisé à participer. Seuls les membres de la diaspora vietnamienne purent se déplacèrent à Rome.
(1) VRBS et Vietcatholic News, 23 et 24 mars 2012.
(2) Les communiqués des quatre évêques ont été aussi publiés sur le site de la Conférence épiscopale du Vietnam.
(source: Eglises d'Asie, 26 mars 2012)