Java-Ouest : des islamistes perturbent des réunions de chrétiens [ Bulletin EDA n° ]
Le 16 mai dernier, une vingtaine d’islamistes ont perturbé le déroulement de réunions organisées par des chrétiens au motif que ces réunions n’avaient pas été autorisées par la police. Des responsables chrétiens et des militants des droits de l’homme dénoncent l’inaction des autorités face à de tels agissements et appellent le pouvoir indonésien à faire respecter la liberté religieuse, garantie par la Constitution.
Les incidents se sont produits à Cirebon, ville portuaire de la province de Java-Ouest où la communauté sino-indonésienne est assez fortement implantée. La présence dans cette ville de communautés chrétiennes, protestantes et catholiques, est relativement importante et celles-ci ont coutume d’organiser, dans les semaines qui suivent Pâques, des offices qui, sans être à proprement parler religieux, visent à renforcer les liens entre les membres de la communauté et à éduquer les croyants, notamment les enfants, dans la foi. Pour cela, le plus souvent, des salles de réunion sont louées dans des hôtels, les locaux habituels des paroisses étant trop exigus.
Le 16 mai, environ 6 000 protestants avaient investi l’Apita Hotel à Cirebon pour une réunion et des catholiques s’étaient rassemblés dans un autre hôtel de la ville, le Gratia Palace. Selon les informations disponibles, quelques dizaines de militants du GAPAS (Mouvement contre les conversions et les sectes) ont fait irruption en affirmant que ces rassemblements étaient illégaux car ils n’avaient pas été autorisés par la police. Ils ont effrayé les participants, notamment les enfants, tandis que les responsables chrétiens tenaient tête aux islamistes en leur répondant que la police avait donné les autorisations nécessaires. L’incident s’est terminé sans faire de blessés.
Le 18 mai à Djakarta, le P. Antonius Benny Susetyo, secrétaire exécutif de la Commission pour les affaires œcuméniques et interreligieuses de la Conférence des évêques catholiques d’Indonésie, a réagi à l’incident, en condamnant « une action contraire à la Constitution indonésienne ». La loi fondamentale de 1945 garantie la liberté religieuse ainsi que le droit pour les organisations religieuses à organiser les activités qu’elles estiment nécessaires, a-t-il continué, interpellant les autorités publiques : « C’est un problème qui est du ressort de l’Etat, mais nos dirigeants manquent à leur devoir de faire respecter la Constitution. »
Du côté des organisations de défense des droits de l’homme, l’Institut Setara pour la paix et la démocratie a dénoncé l’inaction de la police face aux agissements des groupes extrémistes musulmans. Le GAPAS est coutumier du fait, a dénoncé Hendardi, directeur de l’institut, rappelant que le groupe s’était fait connaître par le passé par ses attaques contre des chrétiens et des ahmadis (1). En s’en prenant à des minorités religieuses, ce groupe représente une menace pour l’harmonie interconfessionnelle en Indonésie et le fait que la police ne veuille pas intervenir contre ses militants affaiblit considérablement la capacité des autorités civiles à faire respecter la loi. Selon Hendardi, la multiplication de telles actions et le fait qu’elles demeurent impunies renforcent l’intolérance et affaiblissent l’Etat.
En février dernier, après que des attaques eurent pris pour cibles des communautés ahmadis et chrétiennes, le président de la République, Susilo Bambang Yudhoyono, s’était déclaré choqué par la gravité des faits et avait appelé à la défense de la liberté religieuse dans le pays. Au sein de la société civile, des personnalités avaient dénoncé une parole présidentielle creuse car dénuée d’effets concrets (2).
Notes
(1) Issus de la religion musulmane, les ahmadis sont considérés comme hérétiques par le courant majoritaire de l’islam. Ils sont victimes d’attaques croissantes des extrémistes et confrontés à la fermeture forcée de leurs lieux de culte. Voir EDA 424, 425, 430, 531, 537, 545, 548, 550
(2) Voir EDA 545
Le 16 mai dernier, une vingtaine d’islamistes ont perturbé le déroulement de réunions organisées par des chrétiens au motif que ces réunions n’avaient pas été autorisées par la police. Des responsables chrétiens et des militants des droits de l’homme dénoncent l’inaction des autorités face à de tels agissements et appellent le pouvoir indonésien à faire respecter la liberté religieuse, garantie par la Constitution.
Les incidents se sont produits à Cirebon, ville portuaire de la province de Java-Ouest où la communauté sino-indonésienne est assez fortement implantée. La présence dans cette ville de communautés chrétiennes, protestantes et catholiques, est relativement importante et celles-ci ont coutume d’organiser, dans les semaines qui suivent Pâques, des offices qui, sans être à proprement parler religieux, visent à renforcer les liens entre les membres de la communauté et à éduquer les croyants, notamment les enfants, dans la foi. Pour cela, le plus souvent, des salles de réunion sont louées dans des hôtels, les locaux habituels des paroisses étant trop exigus.
Le 16 mai, environ 6 000 protestants avaient investi l’Apita Hotel à Cirebon pour une réunion et des catholiques s’étaient rassemblés dans un autre hôtel de la ville, le Gratia Palace. Selon les informations disponibles, quelques dizaines de militants du GAPAS (Mouvement contre les conversions et les sectes) ont fait irruption en affirmant que ces rassemblements étaient illégaux car ils n’avaient pas été autorisés par la police. Ils ont effrayé les participants, notamment les enfants, tandis que les responsables chrétiens tenaient tête aux islamistes en leur répondant que la police avait donné les autorisations nécessaires. L’incident s’est terminé sans faire de blessés.
Le 18 mai à Djakarta, le P. Antonius Benny Susetyo, secrétaire exécutif de la Commission pour les affaires œcuméniques et interreligieuses de la Conférence des évêques catholiques d’Indonésie, a réagi à l’incident, en condamnant « une action contraire à la Constitution indonésienne ». La loi fondamentale de 1945 garantie la liberté religieuse ainsi que le droit pour les organisations religieuses à organiser les activités qu’elles estiment nécessaires, a-t-il continué, interpellant les autorités publiques : « C’est un problème qui est du ressort de l’Etat, mais nos dirigeants manquent à leur devoir de faire respecter la Constitution. »
Du côté des organisations de défense des droits de l’homme, l’Institut Setara pour la paix et la démocratie a dénoncé l’inaction de la police face aux agissements des groupes extrémistes musulmans. Le GAPAS est coutumier du fait, a dénoncé Hendardi, directeur de l’institut, rappelant que le groupe s’était fait connaître par le passé par ses attaques contre des chrétiens et des ahmadis (1). En s’en prenant à des minorités religieuses, ce groupe représente une menace pour l’harmonie interconfessionnelle en Indonésie et le fait que la police ne veuille pas intervenir contre ses militants affaiblit considérablement la capacité des autorités civiles à faire respecter la loi. Selon Hendardi, la multiplication de telles actions et le fait qu’elles demeurent impunies renforcent l’intolérance et affaiblissent l’Etat.
En février dernier, après que des attaques eurent pris pour cibles des communautés ahmadis et chrétiennes, le président de la République, Susilo Bambang Yudhoyono, s’était déclaré choqué par la gravité des faits et avait appelé à la défense de la liberté religieuse dans le pays. Au sein de la société civile, des personnalités avaient dénoncé une parole présidentielle creuse car dénuée d’effets concrets (2).
Notes
(1) Issus de la religion musulmane, les ahmadis sont considérés comme hérétiques par le courant majoritaire de l’islam. Ils sont victimes d’attaques croissantes des extrémistes et confrontés à la fermeture forcée de leurs lieux de culte. Voir EDA 424, 425, 430, 531, 537, 545, 548, 550
(2) Voir EDA 545