Eglises d’Asie, 4 mars 2010 – Le 3 février dernier, plusieurs journaux en langue chinoise de Hongkong ont fait paraître une pleine page de publicité portant une photo du cardinal Zen Ze-kiun, évêque émérite du diocèse catholique de Hongkong, où celui-ci appelle sans ambiguïté les électeurs à se mobiliser le 16 mai prochain pour élire les députés du camp démocrate. Ces élections législatives partielles sont perçues localement comme un référendum pour la démocratie et le suffrage universel.
Les élections partielles qui auront lieu le 16 mai sont organisées suite à la démission, fin janvier, de cinq députés du Legco (Legislative Council), l’assemblée qui fait office de parlement pour le territoire de Hongkong, lequel jouit d’un certain degré d’autonomie, au titre de la formule « un pays, deux systèmes », depuis son retour sous le drapeau de la Chine populaire en 1997. Les cinq députés démissionnaires, tous membres du camp démocrate (1), ont déclaré qu’ils se représentaient devant les électeurs et ont présenté leur geste comme une protestation contre les projets de réforme démocratiques du gouvernement dirigé par Donald Tsang, approuvés par Pékin mais jugés insuffisants par les différents partis du camp démocrate au Legco. En effet, si le suffrage universel est bien inscrit dans la Loi fondamentale de Hongkong comme l’objectif ultime à atteindre, les démocrates, qui espéraient son avènement pour 2007, dénoncent les manœuvres du gouvernement de Hongkong pour repousser cette échéance. Les démocrates dénoncent tout particulièrement la déclaration faite le 29 décembre 2007 par le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire à Pékin selon laquelle le chef de l’exécutif de Hongkong pourrait être élu au suffrage universel en 2017 et l’ensemble des membres du Legco en 2020 (2). Les démocrates réclament la démocratie dès 2012, date de la prochaine échéance électorale majeure.
Dès avant l’annonce par les cinq députés de leur projet de démission, Pékin avait vigoureusement réagi. La perspective de voir l’éventuelle réélection des élus démocrates se transformer en un plébiscite pour la démocratie et le suffrage universel déplaît profondément. Le 15 janvier, le Bureau pour les affaires de Hongkong et Macao, qui est l’antenne du pouvoir chinois à Hongkong, a émis un communiqué pour affirmer que « la Loi fondamentale de la Région administrative spéciale de Hongkong ne prévoit pas de référendum », la démarche des députés démocrates étant qualifiée de « défi flagrant » à l’autorité de la Chine. A ces avertissements directs, s’est ajoutée une pluie d’insultes et de menaces dans les colonnes de la presse pro-Pékin du territoire.
La presse étant libre à Hongkong, elle est le lieu où s’expriment les tensions politiques. Des membres de la société civile, favorables aux intérêts de Pékin, ont ainsi fait paraître de pleines pages de publicité pour appeler au boycott des élections du 16 mai et refuser « le quasi-référendum » provoqué par le camp démocrate. C’est dans ce contexte que le cardinal Zen a décidé de, lui aussi, faire entendre sa voix par publicité interposée.
Défenseur de longue date de la démocratie et du suffrage universel, le cardinal s’est exprimé le 17 janvier devant un forum organisé par des groupes catholiques et protestants. « Je suis en colère contre le gouvernement local et ses propositions de réformes politiques. Elles n’offrent ni progrès ni direction. Les gens n’ont d’autre choix que de les accepter », a-t-il déclaré, appelant tous les électeurs à se mobiliser pour porter leur bulletin dans l’urne le 16 mai 2010. Sur la publicité parue le 3 février, une photo de plus d’une demi-page représentant le cardinal en col romain, le visage fermé et le regard dur, surmonte sa signature et la phrase suivante: « Même si tu n’aimes pas les députés qui démissionnent, vote tout de même pour eux parce que ton vote est la garantie du suffrage universel. »
(1) Il s’agit de trois députés du Parti civique: Leung Kwok-hung, Alan Leong Kah-kit, qui s’était présenté face à Donald Tsang Yam-kuen lors du vote de sélection du chef de l’exécutif en mars 2007, et Tanya Chan, et de deux députés de la Ligue des démocrates sociaux: Wong Yuk-man et Albert Chan Wai-yip.
(2) A l’heure actuelle, seule la moitié des 60 membres du Legco est élue au suffrage universel direct, l’autre moitié étant élue au sein de groupements sociaux et économiques ou choisie par l’exécutif. Dans l’actuelle assemblée (avant la démission des cinq députés démocrates), le camp démocrate compte 23 élus (dont 8 pour le Parti démocratique, 5 pour le Parti civique et 3 pour la Ligue des démocrates sociaux) et le camp pro-Pékin 34 élus, les trois derniers sièges étant occupés par des élus indépendants.
(Source: Eglises d'Asie, 4 mars 2010)
Les élections partielles qui auront lieu le 16 mai sont organisées suite à la démission, fin janvier, de cinq députés du Legco (Legislative Council), l’assemblée qui fait office de parlement pour le territoire de Hongkong, lequel jouit d’un certain degré d’autonomie, au titre de la formule « un pays, deux systèmes », depuis son retour sous le drapeau de la Chine populaire en 1997. Les cinq députés démissionnaires, tous membres du camp démocrate (1), ont déclaré qu’ils se représentaient devant les électeurs et ont présenté leur geste comme une protestation contre les projets de réforme démocratiques du gouvernement dirigé par Donald Tsang, approuvés par Pékin mais jugés insuffisants par les différents partis du camp démocrate au Legco. En effet, si le suffrage universel est bien inscrit dans la Loi fondamentale de Hongkong comme l’objectif ultime à atteindre, les démocrates, qui espéraient son avènement pour 2007, dénoncent les manœuvres du gouvernement de Hongkong pour repousser cette échéance. Les démocrates dénoncent tout particulièrement la déclaration faite le 29 décembre 2007 par le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire à Pékin selon laquelle le chef de l’exécutif de Hongkong pourrait être élu au suffrage universel en 2017 et l’ensemble des membres du Legco en 2020 (2). Les démocrates réclament la démocratie dès 2012, date de la prochaine échéance électorale majeure.
Dès avant l’annonce par les cinq députés de leur projet de démission, Pékin avait vigoureusement réagi. La perspective de voir l’éventuelle réélection des élus démocrates se transformer en un plébiscite pour la démocratie et le suffrage universel déplaît profondément. Le 15 janvier, le Bureau pour les affaires de Hongkong et Macao, qui est l’antenne du pouvoir chinois à Hongkong, a émis un communiqué pour affirmer que « la Loi fondamentale de la Région administrative spéciale de Hongkong ne prévoit pas de référendum », la démarche des députés démocrates étant qualifiée de « défi flagrant » à l’autorité de la Chine. A ces avertissements directs, s’est ajoutée une pluie d’insultes et de menaces dans les colonnes de la presse pro-Pékin du territoire.
La presse étant libre à Hongkong, elle est le lieu où s’expriment les tensions politiques. Des membres de la société civile, favorables aux intérêts de Pékin, ont ainsi fait paraître de pleines pages de publicité pour appeler au boycott des élections du 16 mai et refuser « le quasi-référendum » provoqué par le camp démocrate. C’est dans ce contexte que le cardinal Zen a décidé de, lui aussi, faire entendre sa voix par publicité interposée.
Défenseur de longue date de la démocratie et du suffrage universel, le cardinal s’est exprimé le 17 janvier devant un forum organisé par des groupes catholiques et protestants. « Je suis en colère contre le gouvernement local et ses propositions de réformes politiques. Elles n’offrent ni progrès ni direction. Les gens n’ont d’autre choix que de les accepter », a-t-il déclaré, appelant tous les électeurs à se mobiliser pour porter leur bulletin dans l’urne le 16 mai 2010. Sur la publicité parue le 3 février, une photo de plus d’une demi-page représentant le cardinal en col romain, le visage fermé et le regard dur, surmonte sa signature et la phrase suivante: « Même si tu n’aimes pas les députés qui démissionnent, vote tout de même pour eux parce que ton vote est la garantie du suffrage universel. »
(1) Il s’agit de trois députés du Parti civique: Leung Kwok-hung, Alan Leong Kah-kit, qui s’était présenté face à Donald Tsang Yam-kuen lors du vote de sélection du chef de l’exécutif en mars 2007, et Tanya Chan, et de deux députés de la Ligue des démocrates sociaux: Wong Yuk-man et Albert Chan Wai-yip.
(2) A l’heure actuelle, seule la moitié des 60 membres du Legco est élue au suffrage universel direct, l’autre moitié étant élue au sein de groupements sociaux et économiques ou choisie par l’exécutif. Dans l’actuelle assemblée (avant la démission des cinq députés démocrates), le camp démocrate compte 23 élus (dont 8 pour le Parti démocratique, 5 pour le Parti civique et 3 pour la Ligue des démocrates sociaux) et le camp pro-Pékin 34 élus, les trois derniers sièges étant occupés par des élus indépendants.
(Source: Eglises d'Asie, 4 mars 2010)