CHINE Shaanxi: des hommes de main au service du maire d’une petite ville ont passé à tabac un prêtre catholique
Le 16 mars dernier, un prêtre catholique du diocèse de Fengxiang a été passé à tabac par deux hommes de main dans le bureau du maire de la ville de Xiangong, petite localité du district de Chencang, dans la partie ouest de la province du Shaanxi. L’affaire est liée à un terrain appartenant à l’Eglise, spolié lors de la Révolution culturelle (1966-1976) et qui a fait, ces derniers temps, l’objet de plusieurs réclamations par les autorités ecclésiales locales, désireuses d’en récupérer la pleine propriété.
A Xiangong, cela fait plusieurs années que la paroisse réclame à la municipalité de récupérer un terrain lui appartenant et sur lequel un atelier de production de biens manufacturés a été installé dans les années 1960. A plusieurs reprises, le Bureau de gestion des titres de propriété de la municipalité a refusé de faire droit à la paroisse, tout en acceptant que le terrain en question soit laissé en l’état et ne fasse pas l’objet d’une opération immobilière. Au début de cette année, toutefois, la municipalité a fait savoir qu’elle s’estimait propriétaire du terrain. Face à ce changement d’attitude, le P. Francis Gao Jianli, curé de la paroisse, a décidé que lui, un autre prêtre et des fidèles catholiques occuperaient à tour de rôle le terrain, devenu entretemps un dépotoir à ordures, pour protéger le droit de propriété de l’Eglise.
Le 16 mars, des étrangers à la ville sont arrivés sur le site pour menacer les catholiques qui s’y trouvaient; une empoignade s’en est suivie et un paroissien, âgé d’une soixantaine d’années, a été légèrement blessé. Les catholiques ont appelé la police et, très peu après, le P. Francis Gao a été contacté par le maire, qui lui a demandé de passer à son bureau afin d’« évoquer l’affaire ». Accompagné de plusieurs paroissiens, le prêtre s’est rapidement rendu à la mairie. Lorsqu’il est entré, seul, dans le bureau du maire, sitôt la porte franchie, celle-ci a été verrouillée et deux hommes de main l’ont passé à tabac. Pendant ce temps, le maire tentait de chasser les catholiques de la mairie, en les menaçant de diverses poursuites, mais ces derniers, rendus furieux, ont appelé d’autres fidèles à la rescousse et, finalement, c’est le maire qui a dû s’enfermer dans un bureau, la mairie étant bloquée par les catholiques.
Après qu’un semblant de calme soit revenu et que le P. Gao, souffrant de vertige et de maux de tête, eut été transporté à l’hôpital, les paroissiens ont déposé une plainte au Bureau des lettres et des appels de Baoji, l’administration compétente pour entendre les plaintes des administrés envers les fonctionnaires. Selon une source catholique rapportée par l’agence Ucanews (1), « le Bureau a demandé aux catholiques de ne pas porter la plainte plus haut étant donné que l’incident implique les Affaires religieuses et la municipalité; il a promis que l’affaire serait réglé d’ici un mois ».
Toujours selon des sources ecclésiales, la communauté catholique locale n’accorde pas beaucoup de crédit à la promesse qui lui a été faite, étant donné qu’à au moins trois reprises ces derniers temps, des différends au sujet de ce bien immobilier ont éclaté. Le P. Gao a dit qu’il pardonnait à ses agresseurs mais qu’il insistait pour que le cas trouve une solution conforme aux intérêts de l’Eglise. Les autorités locales devraient savoir que la religion n’est pas un sujet mineur et que les affaires qui s’y rapportent doivent être réglées avec la plus grande attention, a-t-il ajouté.
Ces dernières vingt années, les questions immobilières ont très fréquemment défrayé la chronique en Chine. La reconstruction de quartiers entiers dans les grandes villes a souvent donné lieu à des manifestations, les habitants expulsés étant mécontents des trop faibles indemnisations proposées; à l’occasion, les promoteurs, en cheville avec les autorités municipales, ont fait appel à des voyous pour chasser les récalcitrants. S’agissant de l’Eglise catholique, si des biens, autrefois spoliés, ont été rendus à leur propriétaire (diocèse ou paroisse), d’autres ont fait l’objet d’opérations immobilières où l’Eglise s’est parfois trouvée flouée (2). En 2005, à Xi’an, capitale de la province du Shaanxi, quinze religieuses avaient été sévèrement battues par des hommes de main, dans le cadre d’un litige foncier entre l’Eglise et la municipalité (3).
(1) Ucanews, 19 mars 2009.
(2) Voir à ce propos « Urbanisme et églises chinoises » dans le Supplément n° 5/2008 d’Eglises d’Asie (novembre 2008).
(3) Voir EDA 430, 431, 451.
Le 16 mars dernier, un prêtre catholique du diocèse de Fengxiang a été passé à tabac par deux hommes de main dans le bureau du maire de la ville de Xiangong, petite localité du district de Chencang, dans la partie ouest de la province du Shaanxi. L’affaire est liée à un terrain appartenant à l’Eglise, spolié lors de la Révolution culturelle (1966-1976) et qui a fait, ces derniers temps, l’objet de plusieurs réclamations par les autorités ecclésiales locales, désireuses d’en récupérer la pleine propriété.
A Xiangong, cela fait plusieurs années que la paroisse réclame à la municipalité de récupérer un terrain lui appartenant et sur lequel un atelier de production de biens manufacturés a été installé dans les années 1960. A plusieurs reprises, le Bureau de gestion des titres de propriété de la municipalité a refusé de faire droit à la paroisse, tout en acceptant que le terrain en question soit laissé en l’état et ne fasse pas l’objet d’une opération immobilière. Au début de cette année, toutefois, la municipalité a fait savoir qu’elle s’estimait propriétaire du terrain. Face à ce changement d’attitude, le P. Francis Gao Jianli, curé de la paroisse, a décidé que lui, un autre prêtre et des fidèles catholiques occuperaient à tour de rôle le terrain, devenu entretemps un dépotoir à ordures, pour protéger le droit de propriété de l’Eglise.
Le 16 mars, des étrangers à la ville sont arrivés sur le site pour menacer les catholiques qui s’y trouvaient; une empoignade s’en est suivie et un paroissien, âgé d’une soixantaine d’années, a été légèrement blessé. Les catholiques ont appelé la police et, très peu après, le P. Francis Gao a été contacté par le maire, qui lui a demandé de passer à son bureau afin d’« évoquer l’affaire ». Accompagné de plusieurs paroissiens, le prêtre s’est rapidement rendu à la mairie. Lorsqu’il est entré, seul, dans le bureau du maire, sitôt la porte franchie, celle-ci a été verrouillée et deux hommes de main l’ont passé à tabac. Pendant ce temps, le maire tentait de chasser les catholiques de la mairie, en les menaçant de diverses poursuites, mais ces derniers, rendus furieux, ont appelé d’autres fidèles à la rescousse et, finalement, c’est le maire qui a dû s’enfermer dans un bureau, la mairie étant bloquée par les catholiques.
Après qu’un semblant de calme soit revenu et que le P. Gao, souffrant de vertige et de maux de tête, eut été transporté à l’hôpital, les paroissiens ont déposé une plainte au Bureau des lettres et des appels de Baoji, l’administration compétente pour entendre les plaintes des administrés envers les fonctionnaires. Selon une source catholique rapportée par l’agence Ucanews (1), « le Bureau a demandé aux catholiques de ne pas porter la plainte plus haut étant donné que l’incident implique les Affaires religieuses et la municipalité; il a promis que l’affaire serait réglé d’ici un mois ».
Toujours selon des sources ecclésiales, la communauté catholique locale n’accorde pas beaucoup de crédit à la promesse qui lui a été faite, étant donné qu’à au moins trois reprises ces derniers temps, des différends au sujet de ce bien immobilier ont éclaté. Le P. Gao a dit qu’il pardonnait à ses agresseurs mais qu’il insistait pour que le cas trouve une solution conforme aux intérêts de l’Eglise. Les autorités locales devraient savoir que la religion n’est pas un sujet mineur et que les affaires qui s’y rapportent doivent être réglées avec la plus grande attention, a-t-il ajouté.
Ces dernières vingt années, les questions immobilières ont très fréquemment défrayé la chronique en Chine. La reconstruction de quartiers entiers dans les grandes villes a souvent donné lieu à des manifestations, les habitants expulsés étant mécontents des trop faibles indemnisations proposées; à l’occasion, les promoteurs, en cheville avec les autorités municipales, ont fait appel à des voyous pour chasser les récalcitrants. S’agissant de l’Eglise catholique, si des biens, autrefois spoliés, ont été rendus à leur propriétaire (diocèse ou paroisse), d’autres ont fait l’objet d’opérations immobilières où l’Eglise s’est parfois trouvée flouée (2). En 2005, à Xi’an, capitale de la province du Shaanxi, quinze religieuses avaient été sévèrement battues par des hommes de main, dans le cadre d’un litige foncier entre l’Eglise et la municipalité (3).
(1) Ucanews, 19 mars 2009.
(2) Voir à ce propos « Urbanisme et églises chinoises » dans le Supplément n° 5/2008 d’Eglises d’Asie (novembre 2008).
(3) Voir EDA 430, 431, 451.