Ce mardi 16 mai, l’Unesco accueille un colloque intitulé : « Dialogue social et rapprochement des cultures par les langues ». A une époque où les migrants n’ont jamais été aussi nombreux et où dans le même temps des pays manifestent des réticences à les accueillir, la mission d’observation du Saint-Siège auprès de l’Unesco réfléchit à l’usage des langues comme instrument de communication ainsi que comme outil de rapprochement entre les peuples et les cultures.
Signe de l’intérêt du Saint-Siège pour ces questions, le cardinal Turkson, préfet du nouvellement créé Dicastère pour le service du développement humain intégral, à Rome, intervient à ce colloque, où il a présenté une communication consacrée au « dialogue social, chemin vers la paix ». De passage à Paris, le cardinal ghanéen a accordé l’interview ci-dessous à Eglises d’Asie.
Organisé en partenariat avec les Missions Etrangères de Paris (MEP), le programme du colloque et les interventions des différents orateurs sont consultables ici.
Eglises d’Asie : Eminence, le Saint-Siège organise à l’Unesco un colloque consacré au « rapprochement des cultures par les langues ». En revenant au récit biblique où, après le Déluge, les hommes construisent une tour pour toucher le ciel et où Dieu brouille leur langue pour qu’ils ne se comprennent plus, comment comprendre la diversité des langues dans le plan de Dieu ? Une malédiction ou une chance pour les hommes ?
Cardinal Peter Turkson : Avant même d’arriver au récit de la tour de Babel, on peut revenir au récit de la Création : l’homme entend la parole de Dieu, la parole créatrice, celle qui nomme pour donner existence. Au premier chapitre de l’Evangile de saint Jean, on retrouve la parole qui est Dieu : « Au commencement était le Verbe, et le Verte était en Dieu, et le Verbe était Dieu. »
Les onze premiers chapitres du livre de la Genèse précèdent le chapitre où on trouve l’appel à la vocation d’Abraham. Ces chapitres sont comme une préparation à la vocation d’Abraham ; leur objet est de nous introduire à la manière dont la Création a commencé. Un des commencements que présente la Genèse est la diversité des langues et cette diversité n’est pas présentée seulement comme une malédiction en réponse à l’orgueil des hommes, mais comme une conséquence de la volonté de l’homme de se hisser, d’atteindre, de tendre vers quelque chose qui est plus grand que lui, qui le dépasse.
Du chapitre premier au chapitre onzième de la Genèse, on peut compter cinq fois l’usage du mot ‘malédiction’. Puis, dans le chapitre douzième, celui de la vocation d’Abraham, on compte cinq fois l’usage du mot ‘bénédiction’. Il y a donc là comme un renversement, un recommencement : tout ce qui était dominé par la malédiction, avec Abraham est remplacé par la bénédiction. Par contraste avec la tour de Babel où se sont les hommes qui cherchent à se faire grand, dans ce douzième chapitre, c’est Dieu qui dit à Abraham que son nom sera grand et qu’il fera de lui une grande nation.
Qui est responsable ? Qui fait grand le nom de l’autre ? L’homme ou Dieu ? Dans cette perspective, quand l’homme veut se faire grand, veut placer au firmament son propre nom, cela aboutit à la dispersion de l’humanité en une diversité infinie de langues et à la confusion. Mais là où Dieu fait grand le nom d’une personne, Abraham en l’occurrence, le résultat est autre et traverse les âges. C’est en ce sens-là que je peux répondre à votre question sur la diversité des langues, chance ou malédiction pour l’humanité.
Vous êtes ghanéen, un pays qui compte neuf langues nationales, 81 langues au total et l’anglais y fait office de langue officielle. L’anglais fait de plus en plus figure de lingua franca dans le monde. Selon votre expérience de Ghanéen et de responsable de l’Eglise universelle, la rencontre entre les cultures et les peuples passe-t-elle par l’apprentissage d’une langue commune qui serait le latin hier, l’anglais aujourd’hui ?
Votre question suggère que le développement exige le recours à une langue unique. Ma réponse serait : pas nécessairement. Au Ghana par exemple, oui, il existe une grande diversité de langues locales, tribales pour ainsi dire. La présence dans notre pays des Portugais, des Hollandais puis des Anglais a laissé un héritage, des traces ; par exemple, dans les différentes langues tribales, pour dire ‘sandales’, on utilise un unique mot d’origine portugaise. Ceci dit, aujourd’hui, c’est l’anglais qui a été adopté de manière à ce qu’il n’y ait aucun conflit entre les différentes tribus. Il existe une langue ghanéenne qui pourrait être utilisée partout et comprise par tous, mais aucun gouvernement n’a eu le courage de l’imposer comme la langue nationale. Car cela aurait entraîné une révolte des groupes linguistiques qui se seraient estimés défavorisés. De ce fait, dans les médias, à l’école, dans l’administration, on utilise l’anglais, même si les langues locales subsistent. Et paradoxalement, cette généralisation de l’anglais et le multilinguisme qu’il induit pour chacun d’entre nous au Ghana se transforme en avantage comparatif dans le contexte de la mondialisation : les communications avec le reste du monde se font en anglais. La mondialisation entraîne le fait que nous sommes en contact les uns avec les autres et la langue est le moyen privilégié de ce contact. Le pape François parle d’une « culture de la rencontre », et cette rencontre se réalise par l’échange à travers une langue commune.
Au sein de la communauté chrétienne, nous avons une institution comme l’Eglise qui a su répondre à l’exigence de l’inculturation. Qu’est-ce que l’inculturation ? Que les gens expriment leur foi et rendent le culte dans leurs propres langues et cultures. De l’usage généralisé du latin, nous sommes passés à cette situation où l’Eglise ressent le grand besoin de faire une place, une large place aux langues locales de telle façon que la foi devienne incarnée, localement. Je ne dis pas que le latin est condamné, mais la participation des peuples locaux passe par un usage des langues locales. Nous devons maintenir une tension entre l’exigence d’être enraciné localement et celle d’être universel. Une universalité qui passe par la promotion d’une langue commune, le latin hier, l’anglais aujourd’hui. Cette tension est de tous les temps, elle n’est pas propre à notre époque mondialisée.
C’est une tension non pas destructrice mais c’est bien une tension féconde. L’Eglise n’appelle pas tout le monde à être polyglotte mais il est bien que chacun puisse maîtriser une ou plusieurs langues étrangères. Un exemple concret : en Afrique de l’Ouest, vous aviez une conférence épiscopale anglophone et une conférence épiscopale francophone. Désormais, depuis 2007, il n’y a plus qu’une seule et unique conférence épiscopale régionale, pour toute l’Afrique occidentale. Les évêques francophones et les évêques anglophones ont dû apprendre à travailler ensemble et pour cela à communiquer ensemble, directement. Ils ont décidé que tous les prêtres, au séminaire, apprendraient la langue de l’autre et à travailler en anglais et en français. L’exigence d’universalité passe par une nécessité d’être enraciné dans sa propre culture.
Vous êtes africain, vous vivez à Rome et voyagez partout dans le monde. A l’heure où les identités chinoise et indienne s’affirment de plus en plus nettement sur la scène internationale, voyez-vous une spécificité asiatique en matière de dialogue entre les cultures ?
Une anecdote : il y a trois semaines, j’ai rencontré au Vatican un universitaire chinois de haut rang dans le cadre d’un séminaire d’études sur Laudato Si’. En marge du motif de sa présence à Rome, il nous a fait part de son désir de se rendre dans les Archives du Vatican. Il cherchait des informations sur la présence de l’Eglise en Chine autrefois pour en tirer des enseignements sur la manière dont l’Eglise peut aujourd’hui être présente auprès des Chinois.
Les catholiques aujourd’hui en Chine sont une petite minorité, mais si vous y ajoutez les croyants des autres confessions chrétiennes, ceux qui découvrent la foi dans ces fameuses « Eglises domestiques », la présence chrétienne en Chine ne peut plus être tenue pour si marginale que cela. La présence chrétienne en Chine n’est plus si invisible que cela.
Pour ce qui concerne l’Afrique, vous savez l’intensification des liens économiques entre la Chine et les pays africains. Une conséquence est que, dans beaucoup d’universités africaines, les étudiants ont désormais la possibilité d’apprendre le chinois. Il y a quelque temps, les pays arabes ont financé des cours d’apprentissage de l’arabe dans les universités, mais cela n’a pas vraiment fonctionné. Derrière les financements venus d’Arabie Saoudite, il y a avait la volonté de propager le Coran. Derrière l’apprentissage du chinois, on ne trouve pas de volonté d’imposer une religion, mais seulement un désir de commercer. Plus profondément, il y a une volonté aujourd’hui chez les Africains, parmi les Ghanéens tout du moins, de comprendre comment le développement de la Chine a pu se produire, comment le décollage économique s’est produit. Il existe différents paradigmes du développement économique et la Chine peut nous apprendre en matière d’urbanisation et d’industrialisation. C’est à nous, à nos élites, à nos dirigeants politiques d’apprendre de la réussite de la Chine, à voir ce qui se cache derrière le rideau.
Au Ghana, nous avons coutume de rappeler que nous avons eu l’indépendance à peu près au même moment que l’Inde. Certes, l’Inde est un géant comparé au Ghana, mais les deux pays étaient colonie de l’Angleterre. Aujourd’hui, l’Inde est bien plus avancée économiquement que nous. Comment expliquer cela ? Quels sont les facteurs en jeu ?
Les succès de l’Asie ne doivent pas susciter l’envie mais ils peuvent être compris comme autant d’aiguillons pour les Africains. La réussite de l’Asie est comme un défi que les Africains doivent être capables de relever. On a parlé des « Tigres asiatiques » pour des pays comme Taiwan, Singapour, la Corée du Sud ; il devrait y avoir des « Tigres africains » ! Cette recherche de la croissance économique ne peut aller de pair qu’avec un respect de la dignité de la personne humaine. Les abus sont nombreux et nous les connaissons. Le pape François nous le rappelle souvent : l’être humain est la seule créature qui a été créée pour elle-même ; aucun homme ne devrait pouvoir exploiter un de ses semblables. En toute chose, il faut rechercher le développement humain intégral. (eda/ra)
Copyright Légende photo : Le cardinal Turkson à l’Unesco, le 16 mai 2017.
(Source: Eglises d'Asie, le 16 mai 2017)
Signe de l’intérêt du Saint-Siège pour ces questions, le cardinal Turkson, préfet du nouvellement créé Dicastère pour le service du développement humain intégral, à Rome, intervient à ce colloque, où il a présenté une communication consacrée au « dialogue social, chemin vers la paix ». De passage à Paris, le cardinal ghanéen a accordé l’interview ci-dessous à Eglises d’Asie.
Organisé en partenariat avec les Missions Etrangères de Paris (MEP), le programme du colloque et les interventions des différents orateurs sont consultables ici.
Eglises d’Asie : Eminence, le Saint-Siège organise à l’Unesco un colloque consacré au « rapprochement des cultures par les langues ». En revenant au récit biblique où, après le Déluge, les hommes construisent une tour pour toucher le ciel et où Dieu brouille leur langue pour qu’ils ne se comprennent plus, comment comprendre la diversité des langues dans le plan de Dieu ? Une malédiction ou une chance pour les hommes ?
Cardinal Peter Turkson : Avant même d’arriver au récit de la tour de Babel, on peut revenir au récit de la Création : l’homme entend la parole de Dieu, la parole créatrice, celle qui nomme pour donner existence. Au premier chapitre de l’Evangile de saint Jean, on retrouve la parole qui est Dieu : « Au commencement était le Verbe, et le Verte était en Dieu, et le Verbe était Dieu. »
Les onze premiers chapitres du livre de la Genèse précèdent le chapitre où on trouve l’appel à la vocation d’Abraham. Ces chapitres sont comme une préparation à la vocation d’Abraham ; leur objet est de nous introduire à la manière dont la Création a commencé. Un des commencements que présente la Genèse est la diversité des langues et cette diversité n’est pas présentée seulement comme une malédiction en réponse à l’orgueil des hommes, mais comme une conséquence de la volonté de l’homme de se hisser, d’atteindre, de tendre vers quelque chose qui est plus grand que lui, qui le dépasse.
Du chapitre premier au chapitre onzième de la Genèse, on peut compter cinq fois l’usage du mot ‘malédiction’. Puis, dans le chapitre douzième, celui de la vocation d’Abraham, on compte cinq fois l’usage du mot ‘bénédiction’. Il y a donc là comme un renversement, un recommencement : tout ce qui était dominé par la malédiction, avec Abraham est remplacé par la bénédiction. Par contraste avec la tour de Babel où se sont les hommes qui cherchent à se faire grand, dans ce douzième chapitre, c’est Dieu qui dit à Abraham que son nom sera grand et qu’il fera de lui une grande nation.
Qui est responsable ? Qui fait grand le nom de l’autre ? L’homme ou Dieu ? Dans cette perspective, quand l’homme veut se faire grand, veut placer au firmament son propre nom, cela aboutit à la dispersion de l’humanité en une diversité infinie de langues et à la confusion. Mais là où Dieu fait grand le nom d’une personne, Abraham en l’occurrence, le résultat est autre et traverse les âges. C’est en ce sens-là que je peux répondre à votre question sur la diversité des langues, chance ou malédiction pour l’humanité.
Vous êtes ghanéen, un pays qui compte neuf langues nationales, 81 langues au total et l’anglais y fait office de langue officielle. L’anglais fait de plus en plus figure de lingua franca dans le monde. Selon votre expérience de Ghanéen et de responsable de l’Eglise universelle, la rencontre entre les cultures et les peuples passe-t-elle par l’apprentissage d’une langue commune qui serait le latin hier, l’anglais aujourd’hui ?
Votre question suggère que le développement exige le recours à une langue unique. Ma réponse serait : pas nécessairement. Au Ghana par exemple, oui, il existe une grande diversité de langues locales, tribales pour ainsi dire. La présence dans notre pays des Portugais, des Hollandais puis des Anglais a laissé un héritage, des traces ; par exemple, dans les différentes langues tribales, pour dire ‘sandales’, on utilise un unique mot d’origine portugaise. Ceci dit, aujourd’hui, c’est l’anglais qui a été adopté de manière à ce qu’il n’y ait aucun conflit entre les différentes tribus. Il existe une langue ghanéenne qui pourrait être utilisée partout et comprise par tous, mais aucun gouvernement n’a eu le courage de l’imposer comme la langue nationale. Car cela aurait entraîné une révolte des groupes linguistiques qui se seraient estimés défavorisés. De ce fait, dans les médias, à l’école, dans l’administration, on utilise l’anglais, même si les langues locales subsistent. Et paradoxalement, cette généralisation de l’anglais et le multilinguisme qu’il induit pour chacun d’entre nous au Ghana se transforme en avantage comparatif dans le contexte de la mondialisation : les communications avec le reste du monde se font en anglais. La mondialisation entraîne le fait que nous sommes en contact les uns avec les autres et la langue est le moyen privilégié de ce contact. Le pape François parle d’une « culture de la rencontre », et cette rencontre se réalise par l’échange à travers une langue commune.
Au sein de la communauté chrétienne, nous avons une institution comme l’Eglise qui a su répondre à l’exigence de l’inculturation. Qu’est-ce que l’inculturation ? Que les gens expriment leur foi et rendent le culte dans leurs propres langues et cultures. De l’usage généralisé du latin, nous sommes passés à cette situation où l’Eglise ressent le grand besoin de faire une place, une large place aux langues locales de telle façon que la foi devienne incarnée, localement. Je ne dis pas que le latin est condamné, mais la participation des peuples locaux passe par un usage des langues locales. Nous devons maintenir une tension entre l’exigence d’être enraciné localement et celle d’être universel. Une universalité qui passe par la promotion d’une langue commune, le latin hier, l’anglais aujourd’hui. Cette tension est de tous les temps, elle n’est pas propre à notre époque mondialisée.
C’est une tension non pas destructrice mais c’est bien une tension féconde. L’Eglise n’appelle pas tout le monde à être polyglotte mais il est bien que chacun puisse maîtriser une ou plusieurs langues étrangères. Un exemple concret : en Afrique de l’Ouest, vous aviez une conférence épiscopale anglophone et une conférence épiscopale francophone. Désormais, depuis 2007, il n’y a plus qu’une seule et unique conférence épiscopale régionale, pour toute l’Afrique occidentale. Les évêques francophones et les évêques anglophones ont dû apprendre à travailler ensemble et pour cela à communiquer ensemble, directement. Ils ont décidé que tous les prêtres, au séminaire, apprendraient la langue de l’autre et à travailler en anglais et en français. L’exigence d’universalité passe par une nécessité d’être enraciné dans sa propre culture.
Vous êtes africain, vous vivez à Rome et voyagez partout dans le monde. A l’heure où les identités chinoise et indienne s’affirment de plus en plus nettement sur la scène internationale, voyez-vous une spécificité asiatique en matière de dialogue entre les cultures ?
Une anecdote : il y a trois semaines, j’ai rencontré au Vatican un universitaire chinois de haut rang dans le cadre d’un séminaire d’études sur Laudato Si’. En marge du motif de sa présence à Rome, il nous a fait part de son désir de se rendre dans les Archives du Vatican. Il cherchait des informations sur la présence de l’Eglise en Chine autrefois pour en tirer des enseignements sur la manière dont l’Eglise peut aujourd’hui être présente auprès des Chinois.
Les catholiques aujourd’hui en Chine sont une petite minorité, mais si vous y ajoutez les croyants des autres confessions chrétiennes, ceux qui découvrent la foi dans ces fameuses « Eglises domestiques », la présence chrétienne en Chine ne peut plus être tenue pour si marginale que cela. La présence chrétienne en Chine n’est plus si invisible que cela.
Pour ce qui concerne l’Afrique, vous savez l’intensification des liens économiques entre la Chine et les pays africains. Une conséquence est que, dans beaucoup d’universités africaines, les étudiants ont désormais la possibilité d’apprendre le chinois. Il y a quelque temps, les pays arabes ont financé des cours d’apprentissage de l’arabe dans les universités, mais cela n’a pas vraiment fonctionné. Derrière les financements venus d’Arabie Saoudite, il y a avait la volonté de propager le Coran. Derrière l’apprentissage du chinois, on ne trouve pas de volonté d’imposer une religion, mais seulement un désir de commercer. Plus profondément, il y a une volonté aujourd’hui chez les Africains, parmi les Ghanéens tout du moins, de comprendre comment le développement de la Chine a pu se produire, comment le décollage économique s’est produit. Il existe différents paradigmes du développement économique et la Chine peut nous apprendre en matière d’urbanisation et d’industrialisation. C’est à nous, à nos élites, à nos dirigeants politiques d’apprendre de la réussite de la Chine, à voir ce qui se cache derrière le rideau.
Au Ghana, nous avons coutume de rappeler que nous avons eu l’indépendance à peu près au même moment que l’Inde. Certes, l’Inde est un géant comparé au Ghana, mais les deux pays étaient colonie de l’Angleterre. Aujourd’hui, l’Inde est bien plus avancée économiquement que nous. Comment expliquer cela ? Quels sont les facteurs en jeu ?
Les succès de l’Asie ne doivent pas susciter l’envie mais ils peuvent être compris comme autant d’aiguillons pour les Africains. La réussite de l’Asie est comme un défi que les Africains doivent être capables de relever. On a parlé des « Tigres asiatiques » pour des pays comme Taiwan, Singapour, la Corée du Sud ; il devrait y avoir des « Tigres africains » ! Cette recherche de la croissance économique ne peut aller de pair qu’avec un respect de la dignité de la personne humaine. Les abus sont nombreux et nous les connaissons. Le pape François nous le rappelle souvent : l’être humain est la seule créature qui a été créée pour elle-même ; aucun homme ne devrait pouvoir exploiter un de ses semblables. En toute chose, il faut rechercher le développement humain intégral. (eda/ra)
Copyright Légende photo : Le cardinal Turkson à l’Unesco, le 16 mai 2017.
(Source: Eglises d'Asie, le 16 mai 2017)