La deuxième assemblée annuelle des évêques catholiques du Vietnam, qui s’est tenue au centre pastoral de l’archevêché de Saigon, à partir de la soirée du 3 octobre 2016, a été marquée par deux événements : le mercredi 5 octobre, la nomination d’une nouvelle direction et, le mardi 4 octobre, la présence d’un visiteur inattendu en la personne du responsable du Front patriotique, qui est aussi membre du Bureau politique du Parti communiste vietnamien.
Mercredi 5 octobre, les évêques du Vietnam se sont donné de nouveaux responsables. Le nouveau président de la Conférence est Mgr Joseph Nguyên Chi Linh, évêque de Thanh Hoa. Cet évêque de 67 ans remplacera l’archevêque de Saigon, Mgr Paul Bui Van Doc, arrivé au terme de son mandat.
La sérénité voulue de ce genre de débats, l’affabilité affichée des autorités venues, au début de la réunion, saluer l’assemblée ne peuvent faire oublier les responsabilités assumées par le nouveau président de la Conférence. En premier lieu, se pose la question de la manière dont il va gérer la lutte actuelle des catholiques du Centre-Vietnam pour l’indemnisation des victimes de la récente catastrophe écologique qui a touché cette région et pour la restauration des dégâts causés à l’environnement et à l’économie locale ? Trois jours seulement s’étaient écoulés depuis la plus grande manifestation jamais survenue au sein de la République sociale du Vietnam. Le 2 octobre, clergé et fidèles du doyenné de Ky Anh (diocèse de Vinh), au nombre de 18 000, avaient cerné le complexe industriel responsable de la pollution de leur région ; la police, semble-t-il, avait été prise de court.
Le nouveau président de la Conférence épiscopale devra de plus se soucier des grands projets ecclésiaux en cours, dont certains se développent moins vite que prévus ; on peut citer ici l’édification du centre marial de Notre-Dame de La Vang, le fonctionnement et le développement du nouvel Institut catholique du Vietnam qui vient d’ouvrir ses portes dans des locaux provisoires, et peut-être, les premiers pas de l’Eglise dans le domaine éducatif. Il devra aussi réagir à la loi « sur les croyances et la religion » qui va être votée au cours de la deuxième session de l’Assemblée nationale, qui aura lieu du 20 octobre au 18 novembre 2016. Il lui faudra trouver enfin des solutions aux querelles de propriété qui opposent encore certaines communautés catholiques à l’Etat.
Pour les guider dans la recherche de solutions à toutes ces tâches, les évêques ont choisi un homme d’expérience, de caractère et d’esprit pratique. Docteur en philosophie, Mgr Joseph Nguyên Chi Linh, évêque de Thanh Hoa, est issu du diocèse Nha Trang ; il appartient à la génération des prêtres qui ont fait leurs études au cours de la guerre du Vietnam, mais qui ont dû attendre les premières années de la politique du dôi moi (‘renouveau’) pour être ordonnés prêtres. En 1975, au moment du changement de régime, il a déjà terminé ses études au petit séminaire de Nha Trang, et a entamé la théologie à l’Institut pontifical de Dalat. Lorsque celui-ci ferme ses portes en 1977, commence pour lui une période très difficile. De cette période, la biographie diffusée par le Vatican à l’occasion de sa nomination épiscopale disait : « A cause des événements politiques de son pays, il fut obligé de revenir dans sa famille et travailler très durement pendant quatorze ans tout en accomplissant un service pastoral. » Il devra attendre le 20 décembre 1992 pour être ordonné prêtre. Après trois années de ministère pastoral, il est ensuite envoyé en France où il obtient au bout de quelques années d’études un doctorat de philosophie, avec une thèse sur le philosophe Maurice Blondel. Après son retour au Vietnam, il est rapidement nommé évêque dans le diocèse de Thanh Hoa, lieu d’origine de sa famille, qui a quitté la région au moment de l’exode de 1954. Il a rapidement pris une place importante au sein de l’épiscopat du Nord-Vietnam.
Avant cette nomination, une délégation des autorités civiles était venue, au matin du mardi 4 octobre, rendre visite aux évêques. Certes, ce type de visite est très habituel et a lieu à chaque réunion de la Conférence. Mais, cette fois-ci, le cortège était conduit par une personnalité de très haut niveau, Nguyên Thiên Nhân. Président du Comité central du Front patriotique, Nguyên Thiên Nhân est aussi membre de la plus haute instance politique du Parti, le Bureau politique.
Non seulement la présence de ce haut responsable est étonnante, mais également les propos élogieux tenus par lui. Loin de reprocher aux chrétiens de rester à l’écart des « luttes patriotiques », comme c’est souvent le cas, il a loué leur amour de la patrie. Au surlendemain de la manifestation du 2 octobre, le membre du Bureau politique a déclaré publiquement : « Là où se trouvent nos compatriotes catholiques, on trouve aussi l’esprit d’union, l’amour mutuel, la paix et le développement. » Dans le discours du responsable du Front patriotique, seule une petite incise restrictive peut être comprise comme une allusion aux événements récents. En effet, après avoir loué le patriotisme des milieux catholiques, il a ajouté : « (…) bien qu’il y ait des moments de vicissitudes. »
La Conférence épiscopale a également élu l’évêque de Phat Diêm, Mgr Joseph Nguyên Nang, vice-président de la conférence. Le nouveau secrétaire général est Mgr Pierre Nguyên Van Kham, évêque de My Tho. Le vice-secrétaire général est l’évêque de Hai Phong, Mgr Joseph Vu Van Thiên. (eda/jm)
La sérénité voulue de ce genre de débats, l’affabilité affichée des autorités venues, au début de la réunion, saluer l’assemblée ne peuvent faire oublier les responsabilités assumées par le nouveau président de la Conférence. En premier lieu, se pose la question de la manière dont il va gérer la lutte actuelle des catholiques du Centre-Vietnam pour l’indemnisation des victimes de la récente catastrophe écologique qui a touché cette région et pour la restauration des dégâts causés à l’environnement et à l’économie locale ? Trois jours seulement s’étaient écoulés depuis la plus grande manifestation jamais survenue au sein de la République sociale du Vietnam. Le 2 octobre, clergé et fidèles du doyenné de Ky Anh (diocèse de Vinh), au nombre de 18 000, avaient cerné le complexe industriel responsable de la pollution de leur région ; la police, semble-t-il, avait été prise de court.
Le nouveau président de la Conférence épiscopale devra de plus se soucier des grands projets ecclésiaux en cours, dont certains se développent moins vite que prévus ; on peut citer ici l’édification du centre marial de Notre-Dame de La Vang, le fonctionnement et le développement du nouvel Institut catholique du Vietnam qui vient d’ouvrir ses portes dans des locaux provisoires, et peut-être, les premiers pas de l’Eglise dans le domaine éducatif. Il devra aussi réagir à la loi « sur les croyances et la religion » qui va être votée au cours de la deuxième session de l’Assemblée nationale, qui aura lieu du 20 octobre au 18 novembre 2016. Il lui faudra trouver enfin des solutions aux querelles de propriété qui opposent encore certaines communautés catholiques à l’Etat.
Pour les guider dans la recherche de solutions à toutes ces tâches, les évêques ont choisi un homme d’expérience, de caractère et d’esprit pratique. Docteur en philosophie, Mgr Joseph Nguyên Chi Linh, évêque de Thanh Hoa, est issu du diocèse Nha Trang ; il appartient à la génération des prêtres qui ont fait leurs études au cours de la guerre du Vietnam, mais qui ont dû attendre les premières années de la politique du dôi moi (‘renouveau’) pour être ordonnés prêtres. En 1975, au moment du changement de régime, il a déjà terminé ses études au petit séminaire de Nha Trang, et a entamé la théologie à l’Institut pontifical de Dalat. Lorsque celui-ci ferme ses portes en 1977, commence pour lui une période très difficile. De cette période, la biographie diffusée par le Vatican à l’occasion de sa nomination épiscopale disait : « A cause des événements politiques de son pays, il fut obligé de revenir dans sa famille et travailler très durement pendant quatorze ans tout en accomplissant un service pastoral. » Il devra attendre le 20 décembre 1992 pour être ordonné prêtre. Après trois années de ministère pastoral, il est ensuite envoyé en France où il obtient au bout de quelques années d’études un doctorat de philosophie, avec une thèse sur le philosophe Maurice Blondel. Après son retour au Vietnam, il est rapidement nommé évêque dans le diocèse de Thanh Hoa, lieu d’origine de sa famille, qui a quitté la région au moment de l’exode de 1954. Il a rapidement pris une place importante au sein de l’épiscopat du Nord-Vietnam.
Avant cette nomination, une délégation des autorités civiles était venue, au matin du mardi 4 octobre, rendre visite aux évêques. Certes, ce type de visite est très habituel et a lieu à chaque réunion de la Conférence. Mais, cette fois-ci, le cortège était conduit par une personnalité de très haut niveau, Nguyên Thiên Nhân. Président du Comité central du Front patriotique, Nguyên Thiên Nhân est aussi membre de la plus haute instance politique du Parti, le Bureau politique.
Non seulement la présence de ce haut responsable est étonnante, mais également les propos élogieux tenus par lui. Loin de reprocher aux chrétiens de rester à l’écart des « luttes patriotiques », comme c’est souvent le cas, il a loué leur amour de la patrie. Au surlendemain de la manifestation du 2 octobre, le membre du Bureau politique a déclaré publiquement : « Là où se trouvent nos compatriotes catholiques, on trouve aussi l’esprit d’union, l’amour mutuel, la paix et le développement. » Dans le discours du responsable du Front patriotique, seule une petite incise restrictive peut être comprise comme une allusion aux événements récents. En effet, après avoir loué le patriotisme des milieux catholiques, il a ajouté : « (…) bien qu’il y ait des moments de vicissitudes. »
La Conférence épiscopale a également élu l’évêque de Phat Diêm, Mgr Joseph Nguyên Nang, vice-président de la conférence. Le nouveau secrétaire général est Mgr Pierre Nguyên Van Kham, évêque de My Tho. Le vice-secrétaire général est l’évêque de Hai Phong, Mgr Joseph Vu Van Thiên. (eda/jm)