Le 24 octobre dernier, Sr Maria Ngoan Thi Nguyên, supérieure de la congrégation des religieuses des Amantes de la Croix de Thu Thiêm (2ème arrondissement de Saïgon) a fait paraître, sur divers sites indépendants, une lettre ouverte rédigée en anglais (1).

Elle est adressée aux autorités et à toutes les personnes de bonne volonté. Elle leur demande leur aide pour s’opposer à la spoliation par les autorités municipales d’une de leurs propriétés légitimes, l’ancienne école Sainte-Anne. La religieuse expose, elle-même, les faits.

L’histoire débute avec le changement de pouvoir en avril 1975. Tous les établissements éducatifs des diverses religions ont été peu à peu réquisitionnés et pris en main par l’Éducation nationale strictement contrôlée par l’État, les religions n’étant plus autorisées à collaborer en ce domaine. La sœur précise que sa congrégation a été obligée de laisser le gouvernement emprunter trois des écoles tenues par les religieuses, depuis de nombreuses années. Cependant, cet emprunt n’a eu lieu que sous certaines conditions : le gouvernement s’est engagé à n’utiliser le bâtiment qu’à des fins éducatives et à le rendre à son propriétaire, lorsque ce ne serait plus le cas. Le gouvernement n’a pas tenu sa promesse, affirme la supérieure de la communauté et elle relate les événements les plus récents.

Dans la matinée du 22 octobre, rapporte la sœur, un groupe de policiers et des travailleurs du bâtiment ont pénétré dans l’école Sainte-Anne pour, semble-t-il, en entreprendre la démolition. L’établissement en question avait été utilisé par les autorités municipales de 1975 jusqu’en 2011 comme école primaire du quartier. À cette date, la congrégation avait envoyé une requête, demandant la restitution du bâtiment. Le service concerné n’avait pas daigné répondre.

Dès le début de cette tentative de démolition, l’ensemble des religieuses accompagnées de nombreux laïcs se sont rassemblés devant l’école pour protester. Dans sa lettre ouverte, la mère supérieure déclare : « Nos sœurs sont maintenant présentes jour et nuit sur le site, avec la volonté de protéger notre propriété à tout prix, car elle est le fruit des travaux assidus des religieuses qui nous ont précédées. Le devoir de notre génération est de la préserver ».

Cependant, selon des informations rapportées par la BBC en langue vietnamienne, dans la journée du 24 octobre, une rencontre aurait eu lieu entre une religieuse et des représentants du Comité populaire du second arrondissement de Saïgon. Dans la même journée, les autorités locales ont arrêté leurs travaux de démolition et se retiraient. Pour le moment, rien n’indique qu’elle sera l’issue finale de cette affaire.

Malgré les difficultés rencontrées, dont l’actuel conflit avec les autorités locales, la congrégation est en plein développement, aussi bien dans ses effectifs que dans ses apostolats. Aujourd’hui, la congrégation de Thu Thiêm dans son ensemble compte 503 religieuses, dont 327 ont prononcé leurs vœux perpétuels et 114 leurs vœux temporaires… Les religieuses sont réparties en 53 communautés implantées dans de nombreux diocèses : Saïgon, Xuân Lôc, Ba Ria, Phu Cuông, Dalat, Kontum, etc… Leurs tâches sont étroitement liées à l’action paroissiale : catéchisme, animation liturgique, animation de groupes d’actions etc…


Les Amantes de La Croix de Thu Thiêm se sont installées sur les lieux en 1840, date de leur fondation (2), dans une région marécageuse et peu accueillante. La congrégation diocésaine des Amantes de La Croix de Thu Thiêm a été la deuxième congrégation créée au Sud-Vietnam, dans l’ancienne Cochinchine. Les premières Amantes de la Croix furent fondées au début de l’évangélisation chrétienne par Monseigneur Lambert de Lamotte.

Notes: (1) Voir Vietcatholic News, 24 octobre 2015, http://www.vietcatholic.net/News/Html/147834.htm
(2) Voir également Vietcatholic News, 23 octobre 2015 : « Après 175 années de présence, où pourront bien aller les amantes de Lacroix de Thu Thiêm ? », http://www.vietcatholic.net/News/Html/147823.htm

(Source: Eglises d'Asie, le 29 octobre 2015)