En 2011, à l’initiative de Mgr Paul Nguyên Thai Hop, responsable de la Commission ‘Justice et Paix’ de l’épiscopat vietnamien, une association catholique, le Club Paul Nguyên Van Binh, avait prévu d’organiser, le 17 septembre de cette année, un colloque intitulé : « Justice et paix en mer d’Orient ». Cette réunion, qui devait se tenir à Saigon, avait pour but d’informer un large public sur les prétentions expansionnistes de la Chine et les menaces qu’elles représentaient pour la souveraineté vietnamienne en mer de Chine du Sud. Mais, l’avant-veille de la date prévue, un bref communiqué du comité organisateur annonçait son annulation, une décision prise à la demande du Bureau des Affaires religieuses du gouvernement et de celui de Saigon.
L’évêque a précisé plus tard qu’il ignorait les raisons de cette annulation de dernière minute mais que de fortes pressions s’étaient exercées sur les responsables du colloque et, en particulier, sur les intervenants qui avaient été priés personnellement de ne pas participer à cette réunion. Plusieurs d’entre eux avaient été avertis qu’ils perdraient leur emploi s’ils maintenaient leur participation. A Saigon, des agents de la Sécurité publique avaient directement téléphoné à de nombreuses personnes pour exiger d’elles qu’elles se tiennent à l’écart de cette manifestation. Dans d’autres diocèses du Vietnam, plusieurs personnalités avaient été interrogées par la Sécurité publique et avaient subi des ennuis pour s’être intéressé de trop près à ce colloque. Cependant, dès cette époque, Mgr Nguyên Thai Hop avait déclaré que les textes des interventions devant être prononcées à cette occasion ne seraient pas perdus et feraient l’objet d’une publication ultérieure.
Depuis septembre 2011 et cette tentative de colloque, la tension entre les deux pays s’est encore aggravée. La mise en place d’une plate-forme pétrolière chinoise sur les eaux territoriales vietnamiennes au mois de mai 2014 a provoqué un affrontement entre les marines des deux pays. Malgré cela, la promesse faite par le président de la Commission épiscopale ‘Justice et Paix’ a été tenue et, en avril 2014, un permis de publication a été délivré à l’ensemble des interventions réunies dans un livre de 359 pages à couverture cartonnée, intitulé, comme le colloque, « Justice et paix en mer d’Orient » (en vietnamien, la mer d’Orient désigne la mer de Chine méridionale).
L’ouvrage est publié par les éditions officielles de l’Association des écrivains (Hôi Nha Van). On peut voir sur la couverture une allégorie de la justice ainsi que la reproduction d’une carte géographique du XVIIe siècle. Précédés par un préambule du responsable de cet ouvrage collectif, Mgr Joseph Nguyên Thai Hop, les textes des diverses interventions rédigées par des historiens, des diplomates et des juristes couvrent l’ensemble des aspects du problème. Une grande place est donnée à l’histoire ancienne. Cependant, l’attention des auteurs se porte surtout sur les divers témoignages qui, depuis le XVIIe siècle, attestent de la souveraineté du Vietnam sur les archipels Paracels et Spratleys, nommés en vietnamien Truong Sa et Hoang Sa.
L’introduction du responsable de la Commission ‘Justice et Paix’ s’ouvre sur un exposé historique au sujet du récent conflit de souveraineté entre le Vietnam et la Chine dans la partie maritime de leurs territoires respectifs. Au cours de la guerre du Vietnam opposant le Nord au Sud, la marine chinoise, après une sanglante bataille contre la marine sud-vietnamienne, s’était déjà emparée d’un des archipels de la mer de Chine méridionale. Après la fin de la guerre, en 1975, les relations entre les deux pays s’étaient fortement dégradées. Et en 1979, les troupes chinoises franchissaient la frontière sino-vietnamienne, sans toutefois parvenir à pénétrer à l’intérieur du pays, et subissaient de lourdes pertes en vies humaines. Avec l’effondrement du communisme en Union soviétique dans les années 1990, les cartes furent rebattues, le Vietnam se voyant obliger de se réconcilier avec la Chine. Des liens étroits furent noués entre les deux partis communistes.
Sept années plus tard, en 2007, la Chine commença à dévoiler ses revendications territoriales. C’est alors qu’elle a fait connaître la nouvelle frontière maritime qu’elle veut faire reconnaître, appelée, du fait de sa forme, la frontière en « langue de bœuf » (duong luoi bo). Celle-ci empiète largement sur les eaux territoriales calculées selon les normes juridiques internationales. Des vaisseaux chinois commencèrent alors à pourchasser les bateaux de pêche vietnamiens qui jetaient leurs filets dans leurs zones traditionnelles de pêche ; ils n’hésitèrent pas à envoyer à la mer certains pêcheurs et en retenir d’autres prisonniers. Le 1er mai 2014, la tension monta son maximum lorsque la Chine, sans avertissement préalable, installa une plate-forme pétrolière dans une zone dite de priorité économique, appartenant au Vietnam. Des manifestations antichinoises eurent lieu sur tout le territoire vietnamien, qui, en certains endroits, tournèrent à l’émeute, faisant plusieurs victimes chinoises. Depuis, même si la plate-forme a été retirée, les dirigeants chinois ne semblent pas avoir abandonné leurs revendications.
Les autres interventions recueillies dans l’ouvrage nouvellement édité, constituent un tout cohérent et non répétitif, chacune d’entre elles présentant le problème de la souveraineté sous un jour particulier, historique, politique, juridique, etc. On y apprend comment le Vietnam a pris possession de cette partie de son territoire au XVIIe siècle au cours de son occupation progressive du sud de la péninsule, au détriment du royaume cham. C’est durant ce siècle que les seigneurs Nguyên, exerçant leur souveraineté sur le Sud-Vietnam, placèrent les archipels en question sous leur administration directe. L’ensemble des documents prouvant cette réalité historique sont largement présentés ainsi d’ailleurs que les arguments utilisés par la propagande chinoise pour imposer une nouvelle frontière maritime (1). (eda/jm)
(1) Un exposé détaillé du conflit frontalier entre le Vietnam et la Chine a été présentée par Eglises d’Asie dans le ‘Pour approfondir’ du 29 mai 2012, rédigé par Nguyên Huu Tan-Duc et intitulé : « Lettre ouverte d’un Vietnamien aux Chinois de bonne volonté ».
Copyright Légende photo : La carte dite ‘en langue de bœuf’. (EDA/Forum Vietnam)
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(Source: Eglises d'Asie, le 27 février 2015)
Depuis septembre 2011 et cette tentative de colloque, la tension entre les deux pays s’est encore aggravée. La mise en place d’une plate-forme pétrolière chinoise sur les eaux territoriales vietnamiennes au mois de mai 2014 a provoqué un affrontement entre les marines des deux pays. Malgré cela, la promesse faite par le président de la Commission épiscopale ‘Justice et Paix’ a été tenue et, en avril 2014, un permis de publication a été délivré à l’ensemble des interventions réunies dans un livre de 359 pages à couverture cartonnée, intitulé, comme le colloque, « Justice et paix en mer d’Orient » (en vietnamien, la mer d’Orient désigne la mer de Chine méridionale).
L’ouvrage est publié par les éditions officielles de l’Association des écrivains (Hôi Nha Van). On peut voir sur la couverture une allégorie de la justice ainsi que la reproduction d’une carte géographique du XVIIe siècle. Précédés par un préambule du responsable de cet ouvrage collectif, Mgr Joseph Nguyên Thai Hop, les textes des diverses interventions rédigées par des historiens, des diplomates et des juristes couvrent l’ensemble des aspects du problème. Une grande place est donnée à l’histoire ancienne. Cependant, l’attention des auteurs se porte surtout sur les divers témoignages qui, depuis le XVIIe siècle, attestent de la souveraineté du Vietnam sur les archipels Paracels et Spratleys, nommés en vietnamien Truong Sa et Hoang Sa.
L’introduction du responsable de la Commission ‘Justice et Paix’ s’ouvre sur un exposé historique au sujet du récent conflit de souveraineté entre le Vietnam et la Chine dans la partie maritime de leurs territoires respectifs. Au cours de la guerre du Vietnam opposant le Nord au Sud, la marine chinoise, après une sanglante bataille contre la marine sud-vietnamienne, s’était déjà emparée d’un des archipels de la mer de Chine méridionale. Après la fin de la guerre, en 1975, les relations entre les deux pays s’étaient fortement dégradées. Et en 1979, les troupes chinoises franchissaient la frontière sino-vietnamienne, sans toutefois parvenir à pénétrer à l’intérieur du pays, et subissaient de lourdes pertes en vies humaines. Avec l’effondrement du communisme en Union soviétique dans les années 1990, les cartes furent rebattues, le Vietnam se voyant obliger de se réconcilier avec la Chine. Des liens étroits furent noués entre les deux partis communistes.
Sept années plus tard, en 2007, la Chine commença à dévoiler ses revendications territoriales. C’est alors qu’elle a fait connaître la nouvelle frontière maritime qu’elle veut faire reconnaître, appelée, du fait de sa forme, la frontière en « langue de bœuf » (duong luoi bo). Celle-ci empiète largement sur les eaux territoriales calculées selon les normes juridiques internationales. Des vaisseaux chinois commencèrent alors à pourchasser les bateaux de pêche vietnamiens qui jetaient leurs filets dans leurs zones traditionnelles de pêche ; ils n’hésitèrent pas à envoyer à la mer certains pêcheurs et en retenir d’autres prisonniers. Le 1er mai 2014, la tension monta son maximum lorsque la Chine, sans avertissement préalable, installa une plate-forme pétrolière dans une zone dite de priorité économique, appartenant au Vietnam. Des manifestations antichinoises eurent lieu sur tout le territoire vietnamien, qui, en certains endroits, tournèrent à l’émeute, faisant plusieurs victimes chinoises. Depuis, même si la plate-forme a été retirée, les dirigeants chinois ne semblent pas avoir abandonné leurs revendications.
Les autres interventions recueillies dans l’ouvrage nouvellement édité, constituent un tout cohérent et non répétitif, chacune d’entre elles présentant le problème de la souveraineté sous un jour particulier, historique, politique, juridique, etc. On y apprend comment le Vietnam a pris possession de cette partie de son territoire au XVIIe siècle au cours de son occupation progressive du sud de la péninsule, au détriment du royaume cham. C’est durant ce siècle que les seigneurs Nguyên, exerçant leur souveraineté sur le Sud-Vietnam, placèrent les archipels en question sous leur administration directe. L’ensemble des documents prouvant cette réalité historique sont largement présentés ainsi d’ailleurs que les arguments utilisés par la propagande chinoise pour imposer une nouvelle frontière maritime (1). (eda/jm)
(1) Un exposé détaillé du conflit frontalier entre le Vietnam et la Chine a été présentée par Eglises d’Asie dans le ‘Pour approfondir’ du 29 mai 2012, rédigé par Nguyên Huu Tan-Duc et intitulé : « Lettre ouverte d’un Vietnamien aux Chinois de bonne volonté ».
Copyright Légende photo : La carte dite ‘en langue de bœuf’. (EDA/Forum Vietnam)
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(Source: Eglises d'Asie, le 27 février 2015)