La majorité les catholiques du diocèse de Nha Trang, qui s’étend le long de la côte de la mer d’Orient, sont regroupés soit dans les paroisses des grands centres urbains comme Nha Trang, Phan Rang, Cam Ranh et autres agglomérations, soit dans les nombreux petits villages de pêcheurs qui flanquent la côte, ou bien encore à l’intérieur des terres dans des régions vivant essentiellement de la riziculture. Mais on ignore souvent que le christianisme s’est implanté aussi dans les autres régions de l’intérieur, habitées par des groupes ethniques minoritaires.
Voilà longtemps déjà que l’Eglise catholique est entrée en contact avec les divers peuples de la région. Si on excepte la très importante minorité cham de la région de Phan Rang, où le P. Gérard Moussay avait installé un centre culturel en 1968, les autres minorités ethniques, plus particulièrement les Raglai, qui parlent une langue de la famille malayo-polynésienne et habitent les provinces de Khanh Hoa et de Ninh Thuân, ont été touchées par les missionnaires catholiques bien avant le milieu du siècle dernier.
Un des lieux où la mission catholique en milieu minoritaire est particulièrement active aujourd’hui est la région de Ba Râu, située dans le district de Thuân Bac, dans le nord de la province de Ninh Thuân. Le territoire de la région missionnaire est très vaste et s’étend sur cinq communes. Le nombre de catholiques, infime au tout début, dépasse aujourd’hui les 2 500. 95 % d’entre eux appartiennent aux minorités ethniques.
« Ba Râu » est la transcription phonétique vietnamienne de « B’Rau », nom d’un hameau raglai. La chrétienté a été fondée dans les années 1960. En 1963, pour les besoins de la stratégie de l’époque, plus de deux mille Montagnards furent rassemblés à Ba Râu, dans la plaine de Phan Rang. Le P. Donatien Béliard (son nom vietnamien était Phuoc) fut désigné pour être le pasteur de ces déshérités. C’est avec étonnement et curiosité que les Raglai virent le P. Béliard s’installer sur un lopin de terre en friche. Ils se familiarisèrent hier vite avec le prêtre étranger, d’autant plus que celui-ci semblait vouloir se consacrer à leur service en de multiples domaines. Assez rapidement une petite chapelle, et une école pour les enfants furent construites dans le village. En 1970, une communauté de religieuses d’origine locale vint s’installer à Ba Râu pour aider le prêtre. Elles s’engagèrent avec beaucoup d’ardeur dans l’éducation des enfants, l’assistance alimentaire et médicale, autant d’œuvres lancées par le P. Béliard en faveur des Raglai.
Dès cette époque, la petite chrétienté de Ba Râu comptait 215 catholiques, en majorité des Vietnamiens. Cependant, bien qu’aucun d’entre eux n’ait été encore baptisé, beaucoup de Raglai venaient participer à la messe, aux prières quotidiennes ou encore aux cérémonies des grandes fêtes comme Noël. Le P. Béliard ne se pressa pas de les baptiser et consacra beaucoup de temps et de soins à leur formation humaine et chrétienne. Quatorze ans après avoir semé les premières semences de christianisme dans la région, en 1974, le P. Béliard fut emporté en quelques mois par un cancer du pancréas. Sa mort causa une vive émotion dans toute la région. Selon son désir, son corps fut enterré à l’intérieur du centre missionnaire qu’il avait fondé. La chronique des Missions étrangères rapporte que le cortège qui le conduisit jusqu’à sa tombe s’étendait sur 6 km.
Un an plus tard, ce fut le grand bouleversement d’avril 1975, la fin de la guerre certes, mais aussi l’établissement d’un régime nouveau. Les religieuses furent obligées de quitter la région. Chapelle et presbytère, laissés vides et sans soins, se détériorèrent. La petite communauté catholique sans pasteur essaya alors de s’intégrer aux paroisses voisines.
Cependant, la flamme missionnaire ne s’éteignit jamais. Des catéchistes, issus de la communauté raglai continuèrent l’enseignement de la doctrine. Les prières, apprises par cœur, se répandirent dans la population. Les catéchumènes se multiplièrent et, peu à peu, le nombre des baptisés passa de quelques dizaines à plusieurs centaines. Le point culminant fut atteint en 1999 et pendant les années qui suivirent. Chacune de ces années-là, plus de 200 personnes entrèrent dans l’Eglise. En l’espace de dix ans, 1 570 membres de la minorité raglai reçurent les sacrements de l’initiation chrétienne, confirmant la qualité des semences jetées sur cette terre pierreuse de Ba Râu par le P. Béliard. Cette heureuse évolution n’a pu avoir lieu, bien évidemment, que grâce à l’engagement et au labeur des prêtres vietnamiens de la paroisse voisine de Go Den, qui se sont chargés, pendant toute cette période, de la chrétienté de Ba Râu.
Depuis cette époque, la chrétienté ne cesse de grandir. Une nouvelle église a été construite pour ces 2 500 fidèles. Elle a été consacrée au mois d’août 2011. Comme à sa création dans les années 1960, Ba Râu reste aujourd’hui une paroisse missionnaire, tournée, avec son nouveau curé, le P. Ignace Truong Dinh Phuong vers la région tout entière, dont 28 000 habitants (plus de 20 000 d’entre eux appartiennent au peuple raglai) ne connaissent pas encore le Seigneur (1).
(1) Les informations relatives à la situation actuelle de la paroisse de Ba Râu sont empruntées à Vietcatholic News, 4 juin 2012.
(Source: Eglises d'Asie, 6 juin 2012)
Voilà longtemps déjà que l’Eglise catholique est entrée en contact avec les divers peuples de la région. Si on excepte la très importante minorité cham de la région de Phan Rang, où le P. Gérard Moussay avait installé un centre culturel en 1968, les autres minorités ethniques, plus particulièrement les Raglai, qui parlent une langue de la famille malayo-polynésienne et habitent les provinces de Khanh Hoa et de Ninh Thuân, ont été touchées par les missionnaires catholiques bien avant le milieu du siècle dernier.
Un des lieux où la mission catholique en milieu minoritaire est particulièrement active aujourd’hui est la région de Ba Râu, située dans le district de Thuân Bac, dans le nord de la province de Ninh Thuân. Le territoire de la région missionnaire est très vaste et s’étend sur cinq communes. Le nombre de catholiques, infime au tout début, dépasse aujourd’hui les 2 500. 95 % d’entre eux appartiennent aux minorités ethniques.
« Ba Râu » est la transcription phonétique vietnamienne de « B’Rau », nom d’un hameau raglai. La chrétienté a été fondée dans les années 1960. En 1963, pour les besoins de la stratégie de l’époque, plus de deux mille Montagnards furent rassemblés à Ba Râu, dans la plaine de Phan Rang. Le P. Donatien Béliard (son nom vietnamien était Phuoc) fut désigné pour être le pasteur de ces déshérités. C’est avec étonnement et curiosité que les Raglai virent le P. Béliard s’installer sur un lopin de terre en friche. Ils se familiarisèrent hier vite avec le prêtre étranger, d’autant plus que celui-ci semblait vouloir se consacrer à leur service en de multiples domaines. Assez rapidement une petite chapelle, et une école pour les enfants furent construites dans le village. En 1970, une communauté de religieuses d’origine locale vint s’installer à Ba Râu pour aider le prêtre. Elles s’engagèrent avec beaucoup d’ardeur dans l’éducation des enfants, l’assistance alimentaire et médicale, autant d’œuvres lancées par le P. Béliard en faveur des Raglai.
Dès cette époque, la petite chrétienté de Ba Râu comptait 215 catholiques, en majorité des Vietnamiens. Cependant, bien qu’aucun d’entre eux n’ait été encore baptisé, beaucoup de Raglai venaient participer à la messe, aux prières quotidiennes ou encore aux cérémonies des grandes fêtes comme Noël. Le P. Béliard ne se pressa pas de les baptiser et consacra beaucoup de temps et de soins à leur formation humaine et chrétienne. Quatorze ans après avoir semé les premières semences de christianisme dans la région, en 1974, le P. Béliard fut emporté en quelques mois par un cancer du pancréas. Sa mort causa une vive émotion dans toute la région. Selon son désir, son corps fut enterré à l’intérieur du centre missionnaire qu’il avait fondé. La chronique des Missions étrangères rapporte que le cortège qui le conduisit jusqu’à sa tombe s’étendait sur 6 km.
Un an plus tard, ce fut le grand bouleversement d’avril 1975, la fin de la guerre certes, mais aussi l’établissement d’un régime nouveau. Les religieuses furent obligées de quitter la région. Chapelle et presbytère, laissés vides et sans soins, se détériorèrent. La petite communauté catholique sans pasteur essaya alors de s’intégrer aux paroisses voisines.
Cependant, la flamme missionnaire ne s’éteignit jamais. Des catéchistes, issus de la communauté raglai continuèrent l’enseignement de la doctrine. Les prières, apprises par cœur, se répandirent dans la population. Les catéchumènes se multiplièrent et, peu à peu, le nombre des baptisés passa de quelques dizaines à plusieurs centaines. Le point culminant fut atteint en 1999 et pendant les années qui suivirent. Chacune de ces années-là, plus de 200 personnes entrèrent dans l’Eglise. En l’espace de dix ans, 1 570 membres de la minorité raglai reçurent les sacrements de l’initiation chrétienne, confirmant la qualité des semences jetées sur cette terre pierreuse de Ba Râu par le P. Béliard. Cette heureuse évolution n’a pu avoir lieu, bien évidemment, que grâce à l’engagement et au labeur des prêtres vietnamiens de la paroisse voisine de Go Den, qui se sont chargés, pendant toute cette période, de la chrétienté de Ba Râu.
Depuis cette époque, la chrétienté ne cesse de grandir. Une nouvelle église a été construite pour ces 2 500 fidèles. Elle a été consacrée au mois d’août 2011. Comme à sa création dans les années 1960, Ba Râu reste aujourd’hui une paroisse missionnaire, tournée, avec son nouveau curé, le P. Ignace Truong Dinh Phuong vers la région tout entière, dont 28 000 habitants (plus de 20 000 d’entre eux appartiennent au peuple raglai) ne connaissent pas encore le Seigneur (1).
(1) Les informations relatives à la situation actuelle de la paroisse de Ba Râu sont empruntées à Vietcatholic News, 4 juin 2012.
(Source: Eglises d'Asie, 6 juin 2012)