... aux autorités pour protester contre ces travaux. L’une émane de la congrégation des religieuses de Saint-Paul de Chartres, l’hôpital Saint-Paul ayant été fondé par elles avant d’être confisqué par l’Etat après 1954 (ainsi que tous les autres établissements de la congrégation à Hanoi). La seconde plainte est signée de l’archevêque de Hanoi. Le texte des plaintes n’est pas connu pour le moment. Cependant, un communiqué adressé aux prêtres et aux fidèles de l’archidiocèse de Hanoi a récemment été diffusé par l’archevêché (1). Il précise en particulier que le bâtiment en cours de destruction, qui semble-t-il était désaffecté, est celui qu’occupait autrefois le Carmel de Hanoi. Voici la traduction intégrale du texte :
Archevêché de Hanoi ; 40, Nha Chung, Hanoi ; le 25 mai 2011
Communiqué
Objet : plainte pour démolition du monastère du Carmel, 72 rue Nguyên Thai Hôc, Hanoi.
Aux prêtres et aux fidèles de l’archidiocèse de Hanoi.
La chancellerie de l’archevêché de Hanoi tient à porter à votre connaissance les faits suivants. L’archevêché a été informé que le service de santé de la ville de Hanoi et l’hôpital Saint-Paul avaient entrepris la démolition de la construction surmontée d’une croix, appartenant au monastère du Carmel (73 rue Nguyên Thai Hop, Hanoi), en vue de construire sur ce lieu un pavillon spécialisé en médecine interne.
Après s’être mis en rapport avec les autorités responsables, le 20 mai 2011, l’archevêché de Hanoi a adressé une plainte urgente au service de santé de Hanoi, à l’hôpital Saint-Paul et aux autorités concernées. La plainte est signée par l’archevêque, Mgr Pierre Nguyên Van Nhon, et datée du 16 mai 2011. La congrégation des sœurs de Saint-Paul de Chartres a également adressé une plainte aux mêmes instances.
Le 26 mai 2011, à 9h30 du matin, le P. Alphonse Pham Hung, chancelier, représentant l’archevêché, le P. Giacobe Nguyên Van Ly, responsable du doyenné de la cathédrale, ainsi que les sœurs Nguyên Thi Vi et Nguyên Thi Lai, représentantes de la congrégation des religieuses de Saint-Paul de Chartres, ont participé à une réunion avec les représentants des autorités locales concernées. Au cours de la réunion organisée par le Bureau des Affaires religieuses de la ville de Hanoi, les divers représentants ont exposé leurs opinions dans un climat de franchise, de concorde et de respect mutuel.
Le bureau de l’archevêché continuera de faire connaître les nouvelles relatives à l’évolution de cette affaire. (1)
Le jour suivant, dans un communiqué diffusé via Internet (2), la Fédération des étudiants catholiques du Vietnam s’est associée à la protestation de l’archevêché de Hanoi à propos de la démolition des bâtiments du Carmel de Hanoi. Le communiqué ajoute que la fédération a obtenu des informations selon lesquelles le gouvernement s’apprêtait à spolier la congrégation des religieuses de Saint-Paul Chartres d’un certain nombre de leurs anciens établissements caritatifs à Hanoi. Le communiqué de la fédération des étudiants catholiques critique cette mesure qu’il qualifie de contraire aux intérêts économiques et au développement harmonieux du Vietnam. Il demande aux étudiants catholiques de prier pour que le gouvernement sache prendre les décisions qui conviennent.
La présence d’un carmel à Hanoi remonte à 1895, lorsque, à la demande de Mgr Gendreau, vicaire apostolique du Tonkin-Occidental, un groupe de religieuses du Carmel de Saigon, créé 34 ans plus tôt, vint fonder le Carmel de Hanoi. Elles s’installèrent d’abord dans un bâtiment situé dans le complexe de la cathédrale, avant de changer de résidence dans les années 1920. En 1954, à l’arrivée des communistes, la communauté des religieuses carmélites quitta la capitale.
Quant aux religieuses de Saint-Paul de Chartres, elles arrivèrent à Hanoi en 1883. Leurs activités dans les domaines hospitalier, caritatif, et éducatif furent considérables. Les établissements fondés par elles dans la capitale ont été très nombreux. Les deux plus connus sont l’école Sainte-Marie, ouverte dès 1895 et qui ne cessa ensuite de se développer, et la clinique Saint-Paul, qui elle aussi ne cessa de s’agrandir après sa création en 1920 (3). En 1954, lors du changement de régime, ces établissements dans leur majorité furent confisqués par l’Etat, l’hôpital Saint-Paul continuant à fonctionner sous la tutelle publique tout en conservant son nom (Xanh Pôn) et certains signes religieux inscrits dans la pierre (comme des croix).
Aujourd’hui, la communauté des religieuses de Saint-Paul à Hanoi se développe à nouveau et le couvent qui les abrite au 37 de la rue Hai Ba Trung est devenu trop étroit. A maintes reprises, les sœurs ont demandé l’autorisation d’agrandir leur maison. Une autorisation qui leur a été refusée parce qu’elles n’ont pas l’intention de renoncer à leurs droits de propriété sur les biens confisqués par l’Etat.
(1) http://tgphanoi.org
(2) http://vietcatholic.net/News/Html/90228.htm
(3) « Hanoi Chrétien (1627-1931) », Bulletin des Missions Etrangères, 1932.
(Source: Eglises d'Asie, 27 mai 2011)