« Ils vous implorent pour la sécurité de leurs vies, celle de leurs enfants, pour leur gagne-pain et l’avenir de leur progéniture. » C’est en ces termes que Mgr Broderick Pabillo, évêque auxiliaire de Manille, a écrit à la présidente de la République, Gloria Arroyo, pour lui demander d’agir en vue de l’interdiction complète des épandages aériens de pesticides dans les plantations, notamment de bananes, des Philippines. Mgr Pabillo, président du Secrétariat national pour l’Action sociale, la Justice et la Paix de la Conférence épiscopale des Philippines, a envoyé son courrier au palais présidentiel le 20 octobre dernier.
Depuis plusieurs années, des groupements de la société civile militent pour l’interdiction des épandages aériens de pesticides et autres traitements fongicides. Pratiqués depuis les années 1970, ces épandages, réalisés au moyen de petits avions ou d’hélicoptères, sont menés dans les grandes exploitations agricoles détenues par les géants nationaux ou internationaux du secteur, tels AJMR Company, Tristar Group of Banana Companies ou encore Dole Food Company Inc. Ils sont quasi généralisés dans les bananeraies du sud du pays, à Mindanao, autour de la ville de Davao City et dans les provinces de Davao del Norte, Davao del Sur et Compostela Valley.
En mai 2006, le ministère philippin de la Santé a publié une étude menée auprès des populations riveraines des plantations de bananes de la province de Davao del Sur, notamment auprès des habitants présentant des maladies cutanées et d’autres pathologies développées après une exposition aux pesticides répandus par voie aérienne. L’étude a mis en évidence un lien direct entre les épandages et les allergies, nausées, maladies respiratoires et tumeurs constatées chez ces habitants, notamment les enfants; un taux anormalement élevé de fausses couches et de naissances d’enfants malformés a également été constaté.
Selon des statistiques gouvernementales, pour la seule province de Davao del Norte, on compte 40 000 hectares de terres plantées en bananeraies, la production étant massivement exportée vers le Japon, la Chine et le Moyen-Orient. Au moins 80 000 personnes sont directement employées par les plantations dans cette province. Ailleurs, autour de Davao, mais aussi dans le reste du pays, l’économie de plantation est une des composantes essentielles de l’économie agricole des Philippines.
Le poids de ce secteur dans l’activité économique du pays est tel que tout changement dans le mode d’exploitation des bananeraies a un impact direct sur le niveau de l’emploi. Ainsi, en décembre 2007, le conseil municipal de Davao City avait, après bien des atermoiements (1), avait interdi l’épandage aérien de fongicides dans les plantations situées au sud de la ville de Tagum. Très rapidement après, plus de 2 000 personnes perdirent leur emploi, les planteurs préférant fermer leurs bananeraies plutôt que d’explorer un mode d’épandage alternatif. Les exploitations du groupe Lapanday Fruits Corporation, une société philippine, avaient ainsi été fermées.
Les menaces sur l’emploi au sein des plantations, pour des jobs le plus souvent faiblement rémunérés, n’ont toutefois pas fait reculer la détermination d’un certain nombre d’organisations de la société civile à obtenir l’interdiction complète des épandages aériens. Appuyées par la Conférence épiscopale des Philippines, ces organisations ont organisé un rassemblement, le 28 octobre dernier, à Manille pour faire pression en ce sens sur le gouvernement.
Pour le P. Jack Malnegro, curé de paroisse à Asuncion, localité située au cœur des bananeraies de la province de Davao del Norte, le souci de la santé des populations doit prévaloir sur les intérêts économiques à court terme. Pour que les responsables gouvernementaux et les dirigeants des multinationales de la banane entendent, « tous les secteurs de l’Eglise doivent se mobiliser et élever la voix, argumente-t-il, même si le prix à payer est le chômage de beaucoup de gens ».
Le P. Malnegro ne cache pas que, parmi ses paroissiens, si la quasi-totalité sont pour une interdiction des épandages aériens, beaucoup souhaitent proposer des alternatives afin que les compagnies ne soient pas tenter de fermer les bananeraies. Ainsi, Ramil Alotaya, âgé de 28 ans, employé d’une plantation du groupe Lapanday, souhaite que soient généralisées « les zones tampons » entre les espaces habités et les espaces plantés, minimisant ainsi l’exposition des populations aux épandages aériens. Des études indiquent cependant que, là où cette méthode a été mise en œuvre, les problèmes de santé évoqués plus haut n’ont pas été supprimés.
Basée à Davao City, l’ONG Mamamayan Ayaw sa Aerial Spraying (‘les citoyens contre les épandages aériens’) regroupe des associations citoyennes, des professionnels de la santé et des membres de congrégations religieuses catholiques. Depuis plusieurs années, elle a pris la tête du combat contre les épandages aériens. Face à l’inertie des pouvoirs locaux, elle estime désormais que seule une campagne nationale peut amener un changement et, pour cela, la mobilisation de l’Eglise catholique lui est indispensable.
(1) Voir EDA 468
(Souce: Eglises d'Asie, 4 novembre 2009)
Depuis plusieurs années, des groupements de la société civile militent pour l’interdiction des épandages aériens de pesticides et autres traitements fongicides. Pratiqués depuis les années 1970, ces épandages, réalisés au moyen de petits avions ou d’hélicoptères, sont menés dans les grandes exploitations agricoles détenues par les géants nationaux ou internationaux du secteur, tels AJMR Company, Tristar Group of Banana Companies ou encore Dole Food Company Inc. Ils sont quasi généralisés dans les bananeraies du sud du pays, à Mindanao, autour de la ville de Davao City et dans les provinces de Davao del Norte, Davao del Sur et Compostela Valley.
En mai 2006, le ministère philippin de la Santé a publié une étude menée auprès des populations riveraines des plantations de bananes de la province de Davao del Sur, notamment auprès des habitants présentant des maladies cutanées et d’autres pathologies développées après une exposition aux pesticides répandus par voie aérienne. L’étude a mis en évidence un lien direct entre les épandages et les allergies, nausées, maladies respiratoires et tumeurs constatées chez ces habitants, notamment les enfants; un taux anormalement élevé de fausses couches et de naissances d’enfants malformés a également été constaté.
Selon des statistiques gouvernementales, pour la seule province de Davao del Norte, on compte 40 000 hectares de terres plantées en bananeraies, la production étant massivement exportée vers le Japon, la Chine et le Moyen-Orient. Au moins 80 000 personnes sont directement employées par les plantations dans cette province. Ailleurs, autour de Davao, mais aussi dans le reste du pays, l’économie de plantation est une des composantes essentielles de l’économie agricole des Philippines.
Le poids de ce secteur dans l’activité économique du pays est tel que tout changement dans le mode d’exploitation des bananeraies a un impact direct sur le niveau de l’emploi. Ainsi, en décembre 2007, le conseil municipal de Davao City avait, après bien des atermoiements (1), avait interdi l’épandage aérien de fongicides dans les plantations situées au sud de la ville de Tagum. Très rapidement après, plus de 2 000 personnes perdirent leur emploi, les planteurs préférant fermer leurs bananeraies plutôt que d’explorer un mode d’épandage alternatif. Les exploitations du groupe Lapanday Fruits Corporation, une société philippine, avaient ainsi été fermées.
Les menaces sur l’emploi au sein des plantations, pour des jobs le plus souvent faiblement rémunérés, n’ont toutefois pas fait reculer la détermination d’un certain nombre d’organisations de la société civile à obtenir l’interdiction complète des épandages aériens. Appuyées par la Conférence épiscopale des Philippines, ces organisations ont organisé un rassemblement, le 28 octobre dernier, à Manille pour faire pression en ce sens sur le gouvernement.
Pour le P. Jack Malnegro, curé de paroisse à Asuncion, localité située au cœur des bananeraies de la province de Davao del Norte, le souci de la santé des populations doit prévaloir sur les intérêts économiques à court terme. Pour que les responsables gouvernementaux et les dirigeants des multinationales de la banane entendent, « tous les secteurs de l’Eglise doivent se mobiliser et élever la voix, argumente-t-il, même si le prix à payer est le chômage de beaucoup de gens ».
Le P. Malnegro ne cache pas que, parmi ses paroissiens, si la quasi-totalité sont pour une interdiction des épandages aériens, beaucoup souhaitent proposer des alternatives afin que les compagnies ne soient pas tenter de fermer les bananeraies. Ainsi, Ramil Alotaya, âgé de 28 ans, employé d’une plantation du groupe Lapanday, souhaite que soient généralisées « les zones tampons » entre les espaces habités et les espaces plantés, minimisant ainsi l’exposition des populations aux épandages aériens. Des études indiquent cependant que, là où cette méthode a été mise en œuvre, les problèmes de santé évoqués plus haut n’ont pas été supprimés.
Basée à Davao City, l’ONG Mamamayan Ayaw sa Aerial Spraying (‘les citoyens contre les épandages aériens’) regroupe des associations citoyennes, des professionnels de la santé et des membres de congrégations religieuses catholiques. Depuis plusieurs années, elle a pris la tête du combat contre les épandages aériens. Face à l’inertie des pouvoirs locaux, elle estime désormais que seule une campagne nationale peut amener un changement et, pour cela, la mobilisation de l’Eglise catholique lui est indispensable.
(1) Voir EDA 468
(Souce: Eglises d'Asie, 4 novembre 2009)