Après avoir réuni tous les prêtres de son diocèse pour échanger sur la vision et les attentes pastorales de son clergé, l’archevêque catholique de Pontianak, Mgr Agustinus Agus, va publier, le 23 janvier prochain, une lettre pastorale sur les nouveaux défis à relever pour l’archidiocèse de Pontianak. « A présent, nous avons une vision et des axes de mission, ce qui nous a permis de fixer des priorités pastorales », a déclaré à l’agence Ucanews l’archevêque catholique de Pontianak, chef-lieu de la province de Kalimantan-Ouest, située sur la côte occidentale de l’île de Bornéo.
Les défis ne manquent pas dans ce vaste diocèse d’une superficie de près de 40 000 km² – manque de prêtres, conditions géographiques difficiles, faible niveau d’instruction, pauvreté économique et accélération de la destruction de l’environnement. Selon l’archevêque de Pontianak, trois priorités vont être lancées dans les prochains mois, en plus de celle des vocations : l’accès à l’éducation pour les enfants pauvres et le développement de la formation au microcrédit pour les familles vivant dans les régions reculées, la protection des droits des aborigènes et de l’environnement, et l’harmonie interethnique en privilégiant l’inculturation.
Le défi des vocations
« Le manque de prêtres est le principal défi que nous avons à relever dans notre diocèse », affirme Mgr Agus. « La paroisse Saint-Jean-Baptiste à Pahauman, dans le district de Landak, compte seulement trois prêtres pour 50 000 catholiques répartis dans 170 villages », explique l’archevêque de Pontianak. En 2016, l’archidiocèse rassemblait 415 239 catholiques (soit environ 15 % de la population totale de la province de Kalimantan-Ouest), répartis dans 26 paroisses élargies, avec seulement 90 prêtres, 43 frères et un peu plus de 300 religieuses. « C’est une question qui touche plus largement l’Eglise en Indonésie. Je pense que la question du célibat joue beaucoup, tout comme le fait qu’il n’existe pas de communication sur la vocation religieuse ou sacerdotale auprès des jeunes d’aujourd’hui », analyse encore le prélat.
Autre défi à relever qui n’est pas des moindres : celui de rejoindre tous les fidèles dans un contexte géographique très étendu, où les conditions de circulation restent difficiles. Les routes carrossables, quand elles existent, sont en très mauvaise état et de nombreux villages restent inaccessibles par voie routière. « Les routes sont impraticables durant la saison des pluies. En plus, certains villages ne sont accessibles que par voie fluviale, et cela prend des heures pour rejoindre ces communautés. En ville, un prêtre peut servir un grand nombre de paroissiens, mais dans les régions reculées, c’est très compliqué. Souvent les prêtres n’arrivent à se rendre qu’une fois par an dans les différentes communautés reculées de leur paroisse », explique Mgr Agus.
Lorsqu’ils arrivent à rejoindre leurs communautés dans ces régions reculées, les prêtres doivent faire face à des fidèles souvent très pauvres et peu instruits, du fait de la faiblesse des structures éducatives. L’aide à l’éducation et au développement est donc l’un des trois chantiers phare de l’archidiocèse de Pontianak, avec le lancement de programmes éducatifs pour les enfants issus de famille pauvres. Afin d’aider les familles à subvenir économiquement à leurs besoins, l’archidiocèse prévoit également de développer des programmes de formation au microcrédit dans les zones reculées.
Le respect des droits des aborigènes
Autre chantier prioritaire pour Mgr Agus : celui de la défense des droits des aborigènes, qui sont régulièrement victimes d’expropriation ou de spoliation de leurs terres ancestrales, au profit de compagnies minières ou de sociétés d’exploitation d’huile de palme. Le gouvernement indonésien prévoit en effet de d’accélérer la production d’huile de palme – 40 millions de tonnes en 2020, contre 27 millions de tonnes en 2013 – en augmentant principalement les surfaces de production dans les provinces de Kalimantan. « Le gouvernement indonésien a décidé de transformer les forêts en zone d’exploitation d’huile de palme. De ce fait, les autochtones ont énormément de difficultés à s’approvisionner en bois et en eau. Les incendies de forêt récurrents sont également problématiques, car ils créent des nuages de pollution qui affectent les populations de la région », indique-t-il. Récemment, l’Eglise catholique de Pontianak a cherché à encourager le dialogue entre le gouvernement indonésien et les peuples aborigènes afin de garantir une sécurité de vie aux populations menacées.
Une harmonie interethnique à consolider
« Le point le plus positif de notre Eglise locale est celui de l’harmonie interethnique. Il y a bien eu des conflits dans le passé entre les Dayaks (1) et les Madurais, mais aujourd’hui, les gens vivent en harmonie », confie l’archevêque. En 1997, le Kalimantan a en effet été secoué par des conflits interethniques entre Dayaks et Madurais, puis en 2001, entre Malais locaux et Madurais, qui avaient provoqué une centaine de morts et des milliers de déplacés.
Dans l’archidiocèse de Pontianak, 80 % des catholiques sont eux-mêmes issus de peuples aborigènes, avec une grande diversité ethnique chez les Dayaks : les Kajan, les Kenyah, les Ngadju et les Iban. On compte également des catholiques javanais, papous, torajas, floranais et chinois. « Nous avons beaucoup de fidèles indonésiens chinois. De ce fait, nous avons intégré les célébrations du Nouvel An chinois dans le programme de nos célébrations paroissiales », explique Mgr Agus.
L’évangélisation de la région de Pontianak remonte à plus de 700 ans. C’est en 1313 qu’un prêtre franciscain est arrivé pour la première fois dans la région, à Singkawang. Il faudra attendre le début du XXe siècle pour que le travail des missionnaires catholiques redémarre véritablement, avec l’arrivée de quatre capucins hollandais venus s’installer à Singkawang, le 30 novembre 1905. A l’époque, le gouvernement colonial néerlandais avait confié l’évangélisation de Kalimantan-Ouest aux catholiques et celle de Kalimantan-Centre aux protestants. C’est en 1961 que Pontaniak est érigée en archidiocèse par le Saint-Siège. (eda/nfb)
(1) Les Dayaks forment la population originelle de l’île de Bornéo. Le terme Dayak désigne collectivement les aborigènes de Kalimantan, la partie indonésienne de l’île de Bornéo. Ils se répartissent en un certain nombre d’ethnies différentes comme les Kajan, le Kenyah, les Ngadju, les Iban, etc. Leurs langues appartiennent à la famille malayo-polynésienne.
Copyright Légende photo : Mgr Agustinus Agus, archevêque de Pontianak.
(Source: Eglises d'Asie, le 6 janvier 2017)
Les défis ne manquent pas dans ce vaste diocèse d’une superficie de près de 40 000 km² – manque de prêtres, conditions géographiques difficiles, faible niveau d’instruction, pauvreté économique et accélération de la destruction de l’environnement. Selon l’archevêque de Pontianak, trois priorités vont être lancées dans les prochains mois, en plus de celle des vocations : l’accès à l’éducation pour les enfants pauvres et le développement de la formation au microcrédit pour les familles vivant dans les régions reculées, la protection des droits des aborigènes et de l’environnement, et l’harmonie interethnique en privilégiant l’inculturation.
Le défi des vocations
« Le manque de prêtres est le principal défi que nous avons à relever dans notre diocèse », affirme Mgr Agus. « La paroisse Saint-Jean-Baptiste à Pahauman, dans le district de Landak, compte seulement trois prêtres pour 50 000 catholiques répartis dans 170 villages », explique l’archevêque de Pontianak. En 2016, l’archidiocèse rassemblait 415 239 catholiques (soit environ 15 % de la population totale de la province de Kalimantan-Ouest), répartis dans 26 paroisses élargies, avec seulement 90 prêtres, 43 frères et un peu plus de 300 religieuses. « C’est une question qui touche plus largement l’Eglise en Indonésie. Je pense que la question du célibat joue beaucoup, tout comme le fait qu’il n’existe pas de communication sur la vocation religieuse ou sacerdotale auprès des jeunes d’aujourd’hui », analyse encore le prélat.
Autre défi à relever qui n’est pas des moindres : celui de rejoindre tous les fidèles dans un contexte géographique très étendu, où les conditions de circulation restent difficiles. Les routes carrossables, quand elles existent, sont en très mauvaise état et de nombreux villages restent inaccessibles par voie routière. « Les routes sont impraticables durant la saison des pluies. En plus, certains villages ne sont accessibles que par voie fluviale, et cela prend des heures pour rejoindre ces communautés. En ville, un prêtre peut servir un grand nombre de paroissiens, mais dans les régions reculées, c’est très compliqué. Souvent les prêtres n’arrivent à se rendre qu’une fois par an dans les différentes communautés reculées de leur paroisse », explique Mgr Agus.
Lorsqu’ils arrivent à rejoindre leurs communautés dans ces régions reculées, les prêtres doivent faire face à des fidèles souvent très pauvres et peu instruits, du fait de la faiblesse des structures éducatives. L’aide à l’éducation et au développement est donc l’un des trois chantiers phare de l’archidiocèse de Pontianak, avec le lancement de programmes éducatifs pour les enfants issus de famille pauvres. Afin d’aider les familles à subvenir économiquement à leurs besoins, l’archidiocèse prévoit également de développer des programmes de formation au microcrédit dans les zones reculées.
Le respect des droits des aborigènes
Autre chantier prioritaire pour Mgr Agus : celui de la défense des droits des aborigènes, qui sont régulièrement victimes d’expropriation ou de spoliation de leurs terres ancestrales, au profit de compagnies minières ou de sociétés d’exploitation d’huile de palme. Le gouvernement indonésien prévoit en effet de d’accélérer la production d’huile de palme – 40 millions de tonnes en 2020, contre 27 millions de tonnes en 2013 – en augmentant principalement les surfaces de production dans les provinces de Kalimantan. « Le gouvernement indonésien a décidé de transformer les forêts en zone d’exploitation d’huile de palme. De ce fait, les autochtones ont énormément de difficultés à s’approvisionner en bois et en eau. Les incendies de forêt récurrents sont également problématiques, car ils créent des nuages de pollution qui affectent les populations de la région », indique-t-il. Récemment, l’Eglise catholique de Pontianak a cherché à encourager le dialogue entre le gouvernement indonésien et les peuples aborigènes afin de garantir une sécurité de vie aux populations menacées.
Une harmonie interethnique à consolider
« Le point le plus positif de notre Eglise locale est celui de l’harmonie interethnique. Il y a bien eu des conflits dans le passé entre les Dayaks (1) et les Madurais, mais aujourd’hui, les gens vivent en harmonie », confie l’archevêque. En 1997, le Kalimantan a en effet été secoué par des conflits interethniques entre Dayaks et Madurais, puis en 2001, entre Malais locaux et Madurais, qui avaient provoqué une centaine de morts et des milliers de déplacés.
Dans l’archidiocèse de Pontianak, 80 % des catholiques sont eux-mêmes issus de peuples aborigènes, avec une grande diversité ethnique chez les Dayaks : les Kajan, les Kenyah, les Ngadju et les Iban. On compte également des catholiques javanais, papous, torajas, floranais et chinois. « Nous avons beaucoup de fidèles indonésiens chinois. De ce fait, nous avons intégré les célébrations du Nouvel An chinois dans le programme de nos célébrations paroissiales », explique Mgr Agus.
L’évangélisation de la région de Pontianak remonte à plus de 700 ans. C’est en 1313 qu’un prêtre franciscain est arrivé pour la première fois dans la région, à Singkawang. Il faudra attendre le début du XXe siècle pour que le travail des missionnaires catholiques redémarre véritablement, avec l’arrivée de quatre capucins hollandais venus s’installer à Singkawang, le 30 novembre 1905. A l’époque, le gouvernement colonial néerlandais avait confié l’évangélisation de Kalimantan-Ouest aux catholiques et celle de Kalimantan-Centre aux protestants. C’est en 1961 que Pontaniak est érigée en archidiocèse par le Saint-Siège. (eda/nfb)
(1) Les Dayaks forment la population originelle de l’île de Bornéo. Le terme Dayak désigne collectivement les aborigènes de Kalimantan, la partie indonésienne de l’île de Bornéo. Ils se répartissent en un certain nombre d’ethnies différentes comme les Kajan, le Kenyah, les Ngadju, les Iban, etc. Leurs langues appartiennent à la famille malayo-polynésienne.
Copyright Légende photo : Mgr Agustinus Agus, archevêque de Pontianak.
(Source: Eglises d'Asie, le 6 janvier 2017)