Dông Yên, petite paroisse pauvre et reculée du diocèse de Vinh, est aujourd’hui déchirée. La majorité des fidèles (plus des quatre cinquièmes), conformément au projet gouvernemental d’aménagement de la région, est déjà partie s’installer sur un nouveau site. Mais un dernier groupe de paroissiens (quelque 150 foyers) réside encore sur place, refusant d’accepter la proposition de relocalisation des autorités régionales et de quitter les lieux où les autorités ont déjà entamé des travaux. Toutefois, la pression que l’administration locale fait peser sur ces derniers résistants est de plus en plus lourde.

Après le refus de l’école du district de recevoir les enfants des paroissiens résistants, ce sont les autorités policières qui ont, le 17 mars dernier, lancé une attaque très violente contre les constructions ecclésiales du lieu. Quelques jours plus tard, le 20 mars, l’évêque du lieu, Mgr Paul Nguyên Thai Hop, a reçu, la journée durant, les représentants de la paroisse venus lui exposer les faits. En compagnie des prêtres de l’évêché de Vinh, il a essayé de régler avec eux les nombreux problèmes auxquels ils font face.

Personne sans doute n’aurait entendu parler de la petite paroisse lointaine de Dông Yên si, en 2012, l’Etat vietnamien n’avait pas formé le projet de construire dans la région un port en eaux profondes, dans le cadre de la mise en place d’un vaste ensemble portuaire. Le projet nécessitait le déplacement de la paroisse et de sa population vers un autre lieu. Un nouveau site leur fut proposé à quelques dizaines de kilomètres de l’ancienne paroisse.

Dès l’année 2012, des négociations s’engagèrent. Dans les premiers temps, une majorité des fidèles accepta l’indemnisation fixée par l’Etat pour leur expropriation et leur réinstallation dans leur nouvelle résidence. Cependant, depuis le début, un petit groupe (158 foyers sur le millier que comptait l’ancienne paroisse) s’est opposé à ce déplacement, arguant que les indemnités étaient trop peu élevées. Peu à peu, le conflit entre les paroissiens résistants et les autorités s’est envenimé.

Au cours de l’année 2014, la pression des autorités sur les paroissiens s’est accentuée. En septembre dernier, les autorités du district de Ky Anh ont fait savoir aux parents des 155 élèves catholiques qu’ils n’auraient plus le droit de venir à l’école au cours de l’année scolaire 2014-2015. Le jour de la rentrée, les parents étaient avertis que le nom de leurs enfants ne figurait pas sur la liste des élèves de l’école.

Des événements encore plus graves sont survenus dans la paroisse, le 17 mars dernier, dans la matinée. Des troupes policières dépêchées par le district ont investi le quartier de l’église. L’école de catéchisme, l’ancien presbytère et un certain nombre d’autres conductions annexes ont été mis à bas. Des paroissiens ont été blessés.

Le 20 mars suivant, un groupe important de représentants de la paroisse a été reçu par l’évêque à l’évêché du diocèse. Ce dernier leur a consacré toute une journée. L’évêque de Vinh a soigneusement entendu le récit des événements subis par les derniers paroissiens de Dông Yên le 17 mars dernier et a exposé, une fois de plus, son opinion sur toute l’affaire. Il a réaffirmé que la responsabilité d’accepter ou de ne pas accepter l’offre d’installation dans une nouvelle résidence appartenait à chacun des paroissiens. Par contre, il a déclaré que tant que les derniers paroissiens n’auraient pas quitté la paroisse de Dông Yên, l’église devait être protégée et demeurer à leur disposition. C’est une exigence, a dit l’évêque, qu’il a souvent rappelée aux autorités locales. Il a aussi promis d’intervenir pour que les enfants des catholiques encore à Dông Yên puissent continuer leurs études dans leur ancienne école. (eda/jm)

(Source: Eglises d'Asie, le 25 mars 2015
Copyright: Légende photo : L’église paroissiale de Dông Yên (photo tirée du site Internet du diocèse de Vinh).