Une réunion qui a rassemblé quelque 70 personnes, le 26 novembre dernier, au cœur de la capitale du Vietnam pourrait bien, malgré cette modeste affluence, ouvrir une brèche dans le contrôle sévère exercé par les autorités sur les activités des défenseurs des droits de l’homme.

Pour la première fois en effet, des militants et des représentants de différents Etats européens se sont réunis publiquement afin de demander au gouvernement de tenir ses engagements internationaux.

Ce jour là, dans un bâtiment de la paroisse rédemptoriste de Thai Ha, à Hanoï, était organisé un colloque intitulé « Le mécanisme de contrôle mis en place par les Nations unies: la défense des défenseurs des droits de l’homme ». Dans le comité d’organisation du colloque s’étaient rejointes deux associations différentes: la Tribune de la société civile, une organisation fondée au Vietnam et le groupe de travail de la commission UPR du Vietnam: celle-ci se consacre à la promotion du mécanisme d'Examen Périodique Universel (UPR) du Conseil des droits des Nations Unies à Genève.

Quelques jours avant la tenue du colloque, le comité d’organisation avait invité le ministère de la Sécurité publique ainsi que le service de la sécurité de ville de Hanoï à venir participer au débat. Les intéressés n’ont pas répondu à l’invitation. Seuls un certain nombre d’agents de la sûreté étaient présents pour d’autres raisons… Environ 70 personnes participaient au colloque. Parmi elles se trouvaient un représentant de l’Union européenne et sept représentants des ambassades de pays étrangers présents au Vietnam. Les autres étaient des militants des droits de l’homme.

Certains avaient éprouvé de grandes difficultés à se rendre sur les lieux. Ce fut le cas du Dr. Nguyên Quanh A, prévu pour être l’un des principaux animateurs de la réunion. Dès la veille, deux employés de la Sécurité étaient venus le trouver et avaient essayé de le persuader de remettre la réunion à une autre date et un autre lieu. Le lendemain, la police locale l’avait tout d’abord empêché de prendre l’autobus pour se rendre à la paroisse de Thai Ha. Après avoir essayé d’appeler un taxi sans succès, le vieil homme s’est résolu à faire le chemin à pied. Il a été escorté jusqu’au bout par un groupe important de policiers. Plusieurs autres dissidents et militants des droits de l’homme ont, eux aussi, reçu des visites policières. Certains d’entre eux ont été dans l’impossibilité de se rendre au colloque.

La réunion avait pour objectif de vérifier l’application effective des recommandations demandées au Vietnam lors de la dernière session de l’Examen Périodique Universel du Conseil des droits de l’homme qui s’était tenu en juin dernier. Lors de cette session, le Vietnam avait accepté des recommandations émanant du Luxembourg, de la Norvège et de la Tunisie. Ces pays avaient engagé le Vietnam à assurer des conditions favorables aux activités des défenseurs des droits de l’homme.

La première partie de ce colloque du 26 novembre fut consacrée à trois exposés qui chacun à leur manière ont exploré la situation des droits de l’homme au Vietnam. La seconde partie laissa la place aux débats. De nombreux militants présents se sont exprimés avec franchise et ont confié à l’assemblée les difficultés et les persécutions rencontrées lors de leur lutte pour les droits de l’homme.

Selon les déclarations du Dr. Nguyên Quang A, les organisateurs espéraient aussi faire connaître au public vietnamien les militants des droits de l’homme, et leur montrer qu’il était possible pour eux d’avoir des relations non polémiques avec les autorités vietnamiennes (1). (eda/jm)

(1) Voir RFA, émissions en langue vietnamienne, le 26 novembre 2014.. http://www.rfa.org/vietnamese/in_depth/conf-prot-mechanism-hr-defenders-in-vn-gm-11262014071718.html

Légende photo: La police a tenté en vain d'empêcher Nguyên Quanh A, militant des droits de l'homme, de participer à la réunion du 26 novembre 2014. DR

(Source: Eglises d'Asie, le 28 novembre 2014)