Vers le milieu du mois d’octobre dernier, une centaine de H’mongs de quatre provinces montagneuses du nord-ouest sont venus jusqu’à Hanoi pour protester contre l’attitude des autorités régionales à leur égard. Celles-ci, affirment-ils, leur ont interdit de mener le nouveau mode de vie qu’ils avaient adopté en adhérant à une religion nouvelle. Plusieurs partisans de ce changement ont été arrêtés pour avoir résisté aux injonctions des cadres administratifs.
Dans la capitale, ils se sont installés dans les jardins qui, généralement servent de refuge aux paysans spoliés venant rencontrer les autorités et leur présenter leur requête. Ils ont été poursuivis et maltraités par la police, certains même arrêtés. Enfin, ils ont été expulsés de la capitale et renvoyés vers leur province d’origine. Mais le groupe était de retour quelques jours plus tard avec les mêmes revendications. Leur sort a ému la population de Hanoi, qui a beaucoup parlé d’eux dans les blogs, les sites Internet indépendants et sur les réseaux sociaux.
Vu Quôc Dung, ancien secrétaire général de la Ligue internationale des droits de l’homme, a mené une enquête personnelle sur cette affaire et a fait part de ses conclusions à Radio France Internationale (émissions en langue vietnamienne).
Selon lui, les H’mongs ont toujours évité les conflits avec les autorités. Dans les décennies 1980 et 1990, alors que les H’mongs de religion protestante étaient l’objet d’une persécution très sévère de la part des autorités, leurs représentants se contentaient de venir demander du secours à l’Eglise protestante de Hanoi. Cette fois-ci, ils s’adressent directement au gouvernement central. Leur plainte est précise. Les autorités locales ont détruit ce qu’ils appellent « les maisons funéraires » (nhà tang), et qui est aujourd’hui le symbole de leur récent changement de mode de vie. Plusieurs arrestations ont eu lieu.
Il y a environ 25 ans, dans quatre provinces du Nord, les H’mongs ont collectivement changé de coutumes dans le domaine des rites funéraires. Auparavant, le corps des défunts restait exposé pendant sept jours à l’intérieur de la maison où le reste de la famille continuait à vivre. Ce n’est qu’après ce délai qu’on le portait en terre. La réforme avait été motivée par des raisons de propreté et d’hygiène. Elle avait consisté à construire dans le village une maison funéraire pour y déposer le mort. Les parents et les proches pouvaient venir auprès de lui pendant deux jours. Il était ensuite enterré.
Les autorités se sont opposées à cette réforme des rites. Les maisons funéraires ont été détruites, les responsables arrêtés et emprisonnés, la population sommée de revenir aux anciennes coutumes.
Selon les informations recueillies par Vu Quôc Dung, ce changement de mode de vie revendiqué par les H’Mongs correspond à leur conversion, il y a une vingtaine d’années, à une religion appelée par eux « Duong Van Minh ». Il s’agit d’une religion syncrétiste dans laquelle sont associées le christianisme et certaines croyances ancestrales H’mongs. Certaines coutumes anciennes concernant les funérailles ou les mariages forcés ont ainsi été abandonnées. Mais les autorités ont interdit cette nouvelle religion qui ne se rattachait clairement ni au protestantisme, ni au catholicisme et ont proscrit toutes les nouvelles pratiques. Actuellement, au moins trois responsables sont en prison. Les pouvoirs publics régionaux ont engagé une campagne visant à faire disparaître la religion Duong Van Minh. Les H’mongs sont invités à apposer leurs signatures au bas de textes indiquant qu’ils renoncent à ces croyances. (eda/jm)
(Source: Eglises d’Asie, 19 novembre 2013)
Vu Quôc Dung, ancien secrétaire général de la Ligue internationale des droits de l’homme, a mené une enquête personnelle sur cette affaire et a fait part de ses conclusions à Radio France Internationale (émissions en langue vietnamienne).
Selon lui, les H’mongs ont toujours évité les conflits avec les autorités. Dans les décennies 1980 et 1990, alors que les H’mongs de religion protestante étaient l’objet d’une persécution très sévère de la part des autorités, leurs représentants se contentaient de venir demander du secours à l’Eglise protestante de Hanoi. Cette fois-ci, ils s’adressent directement au gouvernement central. Leur plainte est précise. Les autorités locales ont détruit ce qu’ils appellent « les maisons funéraires » (nhà tang), et qui est aujourd’hui le symbole de leur récent changement de mode de vie. Plusieurs arrestations ont eu lieu.
Il y a environ 25 ans, dans quatre provinces du Nord, les H’mongs ont collectivement changé de coutumes dans le domaine des rites funéraires. Auparavant, le corps des défunts restait exposé pendant sept jours à l’intérieur de la maison où le reste de la famille continuait à vivre. Ce n’est qu’après ce délai qu’on le portait en terre. La réforme avait été motivée par des raisons de propreté et d’hygiène. Elle avait consisté à construire dans le village une maison funéraire pour y déposer le mort. Les parents et les proches pouvaient venir auprès de lui pendant deux jours. Il était ensuite enterré.
Les autorités se sont opposées à cette réforme des rites. Les maisons funéraires ont été détruites, les responsables arrêtés et emprisonnés, la population sommée de revenir aux anciennes coutumes.
Selon les informations recueillies par Vu Quôc Dung, ce changement de mode de vie revendiqué par les H’Mongs correspond à leur conversion, il y a une vingtaine d’années, à une religion appelée par eux « Duong Van Minh ». Il s’agit d’une religion syncrétiste dans laquelle sont associées le christianisme et certaines croyances ancestrales H’mongs. Certaines coutumes anciennes concernant les funérailles ou les mariages forcés ont ainsi été abandonnées. Mais les autorités ont interdit cette nouvelle religion qui ne se rattachait clairement ni au protestantisme, ni au catholicisme et ont proscrit toutes les nouvelles pratiques. Actuellement, au moins trois responsables sont en prison. Les pouvoirs publics régionaux ont engagé une campagne visant à faire disparaître la religion Duong Van Minh. Les H’mongs sont invités à apposer leurs signatures au bas de textes indiquant qu’ils renoncent à ces croyances. (eda/jm)
(Source: Eglises d’Asie, 19 novembre 2013)