Dans son rapport sur la situation des droits de l’homme au Vietnam, paru le 9 avril dernier, l’association américaine Human Rights Watch (HRW) a consacré sept pages à la liberté religieuse. Le titre de ce sous-chapitre du rapport est éloquent : « Il n’y a pas de liberté religieuse ». Le compte rendu de cette année est particulièrement critique. Selon ses auteurs, le gouvernement vietnamien n’a cessé de restreindre la liberté religieuse de la population vietnamienne au cours de ces derniers mois. Pour cela, trois types de moyens ont été utilisés : des interdictions inscrites dans la loi, un contrôle exercé sur l’organisation des religions et de leurs activités et enfin la répression violente.
Il existe des restrictions à la liberté religieuse directement signifiées par les textes législatifs eux-mêmes. Le rapport concentre son analyse sur l’ordonnance de 2004 concernant les croyances et la religion et, plus particulièrement, sur son décret de mise en application dont la dernière version (N° 92/2012/NDCP) a été adoptée l’année dernière. Ce nouveau décret est un énorme recul par rapport à l’ordonnance de 2004, affirme le rapport de HRW. Son texte « méticuleux et tatillon » renforce le contrôle gouvernemental sur la formation et la nomination des membres du clergé, sur la restauration des édifices religieux. Les règles concernant les « organisations religieuses » et leurs activités sont devenues plus sévères. Elles stipulent, par exemple, que l’Etat peut dissoudre toute organisation religieuse s’il juge qu’elle porte atteinte à la sécurité nationale, si elle sème la division parmi le peuple ou trouble l’ordre public. Le rapport reprend la critique que les évêques de la province ecclésiastique de Saigon avaient déjà faite avant l’adoption du décret : celui-ci met les organismes religieux en position de quémandeurs perpétuels, parce que sans cesse obligés de solliciter l’autorisation de l’Etat.
Par ailleurs, les auteurs du rapport dénoncent l’utilisation de certains articles du Code pénal pour faire condamner devant les tribunaux certains militants de la liberté religieuse. De nombreuses condamnations ont été portées contre eux pour des crimes définis dans le Code pénal comme « tentative de renversement du pouvoir populaire », « trouble de l’ordre public », « résistance à un agent dans l’exercice de ses fonctions », etc. Le rapport passe en revue une douzaine de procès qui ont eu lieu en 2012 et au début de 2013, où le recours à des articles du Code pénal a servi à camoufler des restrictions de la liberté religieuse. Comme le Code pénal, la loi sur la propriété collective des terres a été utilisée à maintes reprises pour justifier des spoliations de terres ou de propriétés appartenant aux diverses organisations religieuses.
Dans une seconde partie, le rapport souligne le renforcement du contrôle de l’Etat sur l’organisation des activités religieuses. Il souligne en particulier l’emprise désormais totale du ministère de l’Intérieur sur le Bureau des Affaires religieuses, puisque son directeur n’est autre que le général Pham Dung, ancien chef de la Sécurité générale. Le contrôle de l’Etat sur l’ensemble de l’organisation des religions s’effectue par l’intermédiaire du Front patriotique. C’est de lui qu’émane les comités de gestion placée à la tête de chacune des religions. C’est emprise de l’Etat a provoqué des scissions à l’intérieur même des communautés religieuses. C’est ainsi qu’il existe un bouddhisme unifié indépendant et séparé du bouddhisme patronné par l’Etat, un bouddhisme Hoa Hao « originel » distinct du bouddhisme Hoa Hao soumis aux directives du Front patriotique.
Selon le rapport de HRW, la troisième manière de restreindre la liberté religieuse, à savoir la répression violente, est utilisée en guise d’avertissement ou bien lorsqu’un événement échappe au contrôle habituel des autorités. Les cas de répression violente ont été très nombreux en 2012. Parmi les cas rapportés dans le compte rendu, on peut retenir l’agression du P. Nguyên Quang Hoa, dans le diocèse de Kontum, le 23 février 2012, la destruction d’un orphelinat et l’agression contre un prêtre, son directeur, le 14 avril 2012, dans le diocèse de Hanoi, l’attaque et la destruction de l’église de Con Cuông, dans le Nge An, par une troupe de 400 policiers et hommes de main en septembre 2012… Il ne s’agit là que du début d’une longue liste de persécutions brutales citées par le rapport de l’association humanitaire.
Peut-être faut-il attribuer ce redoublement de la répression religieuse au Vietnam à une méfiance accrue des autorités à l’égard des Eglises et communautés religieuses du pays qui rechignent de plus en plus à se tenir à l’intérieur des limites qui lui sont imposées. En témoigne par exemple la récente contribution des évêques catholiques à la refonte de la Constitution.
(Source: Eglises d'Asie, 19 avril 2013 )
Il existe des restrictions à la liberté religieuse directement signifiées par les textes législatifs eux-mêmes. Le rapport concentre son analyse sur l’ordonnance de 2004 concernant les croyances et la religion et, plus particulièrement, sur son décret de mise en application dont la dernière version (N° 92/2012/NDCP) a été adoptée l’année dernière. Ce nouveau décret est un énorme recul par rapport à l’ordonnance de 2004, affirme le rapport de HRW. Son texte « méticuleux et tatillon » renforce le contrôle gouvernemental sur la formation et la nomination des membres du clergé, sur la restauration des édifices religieux. Les règles concernant les « organisations religieuses » et leurs activités sont devenues plus sévères. Elles stipulent, par exemple, que l’Etat peut dissoudre toute organisation religieuse s’il juge qu’elle porte atteinte à la sécurité nationale, si elle sème la division parmi le peuple ou trouble l’ordre public. Le rapport reprend la critique que les évêques de la province ecclésiastique de Saigon avaient déjà faite avant l’adoption du décret : celui-ci met les organismes religieux en position de quémandeurs perpétuels, parce que sans cesse obligés de solliciter l’autorisation de l’Etat.
Par ailleurs, les auteurs du rapport dénoncent l’utilisation de certains articles du Code pénal pour faire condamner devant les tribunaux certains militants de la liberté religieuse. De nombreuses condamnations ont été portées contre eux pour des crimes définis dans le Code pénal comme « tentative de renversement du pouvoir populaire », « trouble de l’ordre public », « résistance à un agent dans l’exercice de ses fonctions », etc. Le rapport passe en revue une douzaine de procès qui ont eu lieu en 2012 et au début de 2013, où le recours à des articles du Code pénal a servi à camoufler des restrictions de la liberté religieuse. Comme le Code pénal, la loi sur la propriété collective des terres a été utilisée à maintes reprises pour justifier des spoliations de terres ou de propriétés appartenant aux diverses organisations religieuses.
Dans une seconde partie, le rapport souligne le renforcement du contrôle de l’Etat sur l’organisation des activités religieuses. Il souligne en particulier l’emprise désormais totale du ministère de l’Intérieur sur le Bureau des Affaires religieuses, puisque son directeur n’est autre que le général Pham Dung, ancien chef de la Sécurité générale. Le contrôle de l’Etat sur l’ensemble de l’organisation des religions s’effectue par l’intermédiaire du Front patriotique. C’est de lui qu’émane les comités de gestion placée à la tête de chacune des religions. C’est emprise de l’Etat a provoqué des scissions à l’intérieur même des communautés religieuses. C’est ainsi qu’il existe un bouddhisme unifié indépendant et séparé du bouddhisme patronné par l’Etat, un bouddhisme Hoa Hao « originel » distinct du bouddhisme Hoa Hao soumis aux directives du Front patriotique.
Selon le rapport de HRW, la troisième manière de restreindre la liberté religieuse, à savoir la répression violente, est utilisée en guise d’avertissement ou bien lorsqu’un événement échappe au contrôle habituel des autorités. Les cas de répression violente ont été très nombreux en 2012. Parmi les cas rapportés dans le compte rendu, on peut retenir l’agression du P. Nguyên Quang Hoa, dans le diocèse de Kontum, le 23 février 2012, la destruction d’un orphelinat et l’agression contre un prêtre, son directeur, le 14 avril 2012, dans le diocèse de Hanoi, l’attaque et la destruction de l’église de Con Cuông, dans le Nge An, par une troupe de 400 policiers et hommes de main en septembre 2012… Il ne s’agit là que du début d’une longue liste de persécutions brutales citées par le rapport de l’association humanitaire.
Peut-être faut-il attribuer ce redoublement de la répression religieuse au Vietnam à une méfiance accrue des autorités à l’égard des Eglises et communautés religieuses du pays qui rechignent de plus en plus à se tenir à l’intérieur des limites qui lui sont imposées. En témoigne par exemple la récente contribution des évêques catholiques à la refonte de la Constitution.
(Source: Eglises d'Asie, 19 avril 2013 )