Chaque année, le rapport du Département d’Etat américain sur la liberté religieuse dans le monde consacre quelque trente pages au Vietnam. Généralement, les premiers paragraphes présentent un tableau contrasté des progrès et des reculs constatés, au cours de l’année écoulée, en ce domaine délicat. Le rapport de cette année, commenté devant la presse, le 17 novembre 2010, par Hillary Clinton, ne déroge pas à la règle (1).
Dès l’introduction, le jugement global porté sur la situation religieuse au Vietnam oppose éléments positifs et négatifs: « La liberté et la pratique de la religion se sont améliorées en certains domaines durant la période écoulée. Cependant, certains problèmes persistent, parmi lesquels des persécutions temporaires, l’usage excessif de la violence par les autorités locales en certains endroits à l’encontre de groupes religieux, le grand retard apporté à l’enregistrement des communautés religieuses protestantes. »
Le premier paragraphe incite à un certain optimisme tant est longue et importante la liste des aspects positifs et des progrès accomplis cette année. Au crédit des efforts accomplis par le gouvernement, le rapport relève les facilités accordées aux constructions de nouvelles églises, lieux de prière, pagodes et établissements de formation pour religieux, prêtres et pasteurs. On souligne aussi que de nouvelles communautés religieuses ont été enregistrées dans quelques-unes des 64 provinces du Vietnam, qu’un nouveau groupe religieux et une dénomination protestante ont été reconnue officiellement. Le gouvernement a également permis le développement des activités caritatives des religions. Le chef de l’Etat, Nguyên Minh Triêt, a rencontré le pape Benoît XVI au Vatican. Le Saint-Siège et le Vietnam se sont mis d’accord pour la nomination d’un représentant du Saint-Siège non résident au Vietnam, ce qui constituerait la première étape du rétablissement des relations diplomatiques entre les deux Etats. Diverses religions, dont le catholicisme, le protestantisme, le bouddhisme, ont été autorisées à organiser des célébrations exceptionnelles qui ont quelquefois rassemblé plus de 100 000 participants.
Mais cette liste impressionnante de progrès ne peut malheureusement pas cacher, ajoute le rapport, un certain nombre de problèmes récurrents spécialement apparents au niveau local. Le rapport reproche au gouvernement actuel son inertie dans l’enregistrement des nouveaux groupes religieux protestants du Nord et des hauts plateaux du Centre. Cette inaction est à l’origine d’un certain nombre de problèmes rencontrés par diverses communautés protestantes. Cinq ans après en avoir reçu la demande, le gouvernement vietnamien n’a pas encore autorisé la publication d’une traduction de la Bible en langue h’mong. Le gouvernement exerce un contrôle strict sur toutes les religions autorisées et perçoit les diverses initiatives de celles-ci comme des mises en cause du rôle dirigeant du Parti. Les autorités continuent de refuser de reconnaître certains groupes indépendants du bouddhisme Hoa Hao et du caodaïsme à cause du passé de leurs dirigeants et de leur opposition à la politique actuelle. Il en est de même du Bouddhisme unifié refusant le contrôle de l’Etat sur ses activités purement religieuses.
Dans cette partie négative, le rapport relate encore les diverses actions gouvernementales utilisant la violence à l’encontre de certaines communautés religieuses. En premier lieu est cité l’expulsion et la dispersion des disciples du Révérend Thich Nhât Hanh hors de leur couvent de Bat Nha, dans le centre Vietnam. Le rapport mentionne aussi la destruction par la police de la croix monumentale sur le territoire de la paroisse de Dông Chiêm. Est également signalée la violente attaque de la police contre le cortège funéraire des paroissiens de Côn Dâu, à la porte du cimetière où ils voulaient enterrer un de leurs morts. Les auteurs de ce compte rendu sur la liberté religieuse dans le monde ajoutent encore que cette violence s’exerce également, en dehors des communautés religieuses, sur des personnes privées connues pour leur adhésion à la foi chrétienne.
Cette première liste des incidents malheureux qui ont marqué les rapports des autorités avec les croyants de toutes religions en 2010 n’est pourtant encore que très sommaire. Le corps du rapport revient ensuite sur toutes ces affaires et en cite bien d’autres pour lesquelles il fournit des détails très précis. Au total, les aspects positifs cités en premier lieu sont largement contrebalancés par un ensemble impressionnant de violations de la liberté religieuse.
Finalement, la lecture du rapport rédigé par la Commission américaine pour la liberté religieuse dans le monde ne donne pas une haute idée du comportement des autorités vietnamiennes en matière religieuse en cette année 2010. Certaines personnalités ont réagi immédiatement. Quelques heures après la présentation du compte rendu par Hillary Clinton, le congressiste américain Chris Smith suggérait au Département d’Etat de faire à nouveau figurer le Vietnam sur la liste des « pays préoccupants » en matière de liberté religieuse, en compagnie de l’Irak, du Nigéria, du Pakistan et du Turkménistan. Cette liste comprend aujourd’hui huit pays dont la Chine populaire (2). Le Vietnam y a figuré de 2004 à novembre 2007, date à laquelle il en avait été retiré lors de la visite du président George W. Bush à Hanoi, à l’occasion du sommet de l’APEC.
(1) La partie concernant le Vietnam peut être trouvée à l’adresse: http://www.state.gov/g/drl/rls/irf/2010/148903.htm
(2) Radio Free Asia, 17 novembre 2010
(Source: Eglises d'Asie, 23 novembre 2010)
Dès l’introduction, le jugement global porté sur la situation religieuse au Vietnam oppose éléments positifs et négatifs: « La liberté et la pratique de la religion se sont améliorées en certains domaines durant la période écoulée. Cependant, certains problèmes persistent, parmi lesquels des persécutions temporaires, l’usage excessif de la violence par les autorités locales en certains endroits à l’encontre de groupes religieux, le grand retard apporté à l’enregistrement des communautés religieuses protestantes. »
Le premier paragraphe incite à un certain optimisme tant est longue et importante la liste des aspects positifs et des progrès accomplis cette année. Au crédit des efforts accomplis par le gouvernement, le rapport relève les facilités accordées aux constructions de nouvelles églises, lieux de prière, pagodes et établissements de formation pour religieux, prêtres et pasteurs. On souligne aussi que de nouvelles communautés religieuses ont été enregistrées dans quelques-unes des 64 provinces du Vietnam, qu’un nouveau groupe religieux et une dénomination protestante ont été reconnue officiellement. Le gouvernement a également permis le développement des activités caritatives des religions. Le chef de l’Etat, Nguyên Minh Triêt, a rencontré le pape Benoît XVI au Vatican. Le Saint-Siège et le Vietnam se sont mis d’accord pour la nomination d’un représentant du Saint-Siège non résident au Vietnam, ce qui constituerait la première étape du rétablissement des relations diplomatiques entre les deux Etats. Diverses religions, dont le catholicisme, le protestantisme, le bouddhisme, ont été autorisées à organiser des célébrations exceptionnelles qui ont quelquefois rassemblé plus de 100 000 participants.
Mais cette liste impressionnante de progrès ne peut malheureusement pas cacher, ajoute le rapport, un certain nombre de problèmes récurrents spécialement apparents au niveau local. Le rapport reproche au gouvernement actuel son inertie dans l’enregistrement des nouveaux groupes religieux protestants du Nord et des hauts plateaux du Centre. Cette inaction est à l’origine d’un certain nombre de problèmes rencontrés par diverses communautés protestantes. Cinq ans après en avoir reçu la demande, le gouvernement vietnamien n’a pas encore autorisé la publication d’une traduction de la Bible en langue h’mong. Le gouvernement exerce un contrôle strict sur toutes les religions autorisées et perçoit les diverses initiatives de celles-ci comme des mises en cause du rôle dirigeant du Parti. Les autorités continuent de refuser de reconnaître certains groupes indépendants du bouddhisme Hoa Hao et du caodaïsme à cause du passé de leurs dirigeants et de leur opposition à la politique actuelle. Il en est de même du Bouddhisme unifié refusant le contrôle de l’Etat sur ses activités purement religieuses.
Dans cette partie négative, le rapport relate encore les diverses actions gouvernementales utilisant la violence à l’encontre de certaines communautés religieuses. En premier lieu est cité l’expulsion et la dispersion des disciples du Révérend Thich Nhât Hanh hors de leur couvent de Bat Nha, dans le centre Vietnam. Le rapport mentionne aussi la destruction par la police de la croix monumentale sur le territoire de la paroisse de Dông Chiêm. Est également signalée la violente attaque de la police contre le cortège funéraire des paroissiens de Côn Dâu, à la porte du cimetière où ils voulaient enterrer un de leurs morts. Les auteurs de ce compte rendu sur la liberté religieuse dans le monde ajoutent encore que cette violence s’exerce également, en dehors des communautés religieuses, sur des personnes privées connues pour leur adhésion à la foi chrétienne.
Cette première liste des incidents malheureux qui ont marqué les rapports des autorités avec les croyants de toutes religions en 2010 n’est pourtant encore que très sommaire. Le corps du rapport revient ensuite sur toutes ces affaires et en cite bien d’autres pour lesquelles il fournit des détails très précis. Au total, les aspects positifs cités en premier lieu sont largement contrebalancés par un ensemble impressionnant de violations de la liberté religieuse.
Finalement, la lecture du rapport rédigé par la Commission américaine pour la liberté religieuse dans le monde ne donne pas une haute idée du comportement des autorités vietnamiennes en matière religieuse en cette année 2010. Certaines personnalités ont réagi immédiatement. Quelques heures après la présentation du compte rendu par Hillary Clinton, le congressiste américain Chris Smith suggérait au Département d’Etat de faire à nouveau figurer le Vietnam sur la liste des « pays préoccupants » en matière de liberté religieuse, en compagnie de l’Irak, du Nigéria, du Pakistan et du Turkménistan. Cette liste comprend aujourd’hui huit pays dont la Chine populaire (2). Le Vietnam y a figuré de 2004 à novembre 2007, date à laquelle il en avait été retiré lors de la visite du président George W. Bush à Hanoi, à l’occasion du sommet de l’APEC.
(1) La partie concernant le Vietnam peut être trouvée à l’adresse: http://www.state.gov/g/drl/rls/irf/2010/148903.htm
(2) Radio Free Asia, 17 novembre 2010
(Source: Eglises d'Asie, 23 novembre 2010)