Si l’Eglise catholique de Birmanie (1) se réjouit aujourd’hui de la croissance de ses vocations sacerdotales, elle s’inquiète cependant de la baisse du nombre des religieux, un phénomène touchant essentiellement les congrégations masculines.

Pour l’année 2010-2011, 170 séminaristes sont inscrits au seul grand séminaire catholique Saint-Joseph de Rangoun (Yangon), alors que l’on ne compte que 150 religieux pour l’ensemble du territoire de la Birmanie.

La communauté catholique va devoir promouvoir davantage les vocations religieuses, constate auprès de l’agence Ucanews (2), le P. Cyprian Aung Win, vice-recteur du grand séminaire Saint-Joseph. Il explique que la population locale considère que la fonction sacramentelle des prêtres leur donne un statut supérieur.

« La plupart des gens pensent que dans le choix d’une vocation, seule celle du sacerdoce peut apporter la sécurité matérielle à un jeune homme », admet également Fr. Sebastian Mg Mg Tin, supérieur général des Frères de Saint-François-Xavier, qui ajoute que le rôle des parents, pour encourager ou non une vocation, est essentiel.

Selon le P. Aung Win, le manque d’attrait des jeunes pour ce type d’engagement vient aussi d'une certaine incompréhension de la fonction des religieux: « La plupart des membres de sociétés ou congrégations religieuses ne sont plus dans leur rôle traditionnel, et leur mission est devenue floue aux yeux des fidèles ».

Le vice-recteur du grand séminaire donne pour exemple les Frères des Ecoles Chrétiennes (ou lasalliens), réputés pour l'excellence de leur enseignement, avant que toutes les écoles catholiques de Birmanie ne soient nationalisées en 1962 (3). « Maintenant qu’ils n’ont plus aucune école privée, ils tentent de survivre en donnant des cours d’informatique ou des leçons d’anglais », se désole le P. Aung Win.

Fr. Lawrence, provincial des lasalliens pour la Birmanie (aujourd’hui devenue un sous-district des Philippines), confirme que le nombre des Frères des Ecoles Chrétiennes dans le pays est passé de 80 membres en 1962, à une vingtaine aujourd’hui.

Alors que leur congrégation est totalement consacrée à l'enseignement, les lasalliens présents en Birmanie ont dû trouver d'autres formes d'apostolat, comme l'aide aux paroisses, la catéchèse dans les séminaires ou encore la traduction de livres. Les religieux ont cependant l’autorisation de donner des « cours du soir » et bien qu’ils soient très surveillés par les autorités, certains ont ouvert des centres de formation où ils enseignent l’informatique, la catéchèse et d’autres matières qui font défaut dans les programmes des écoles d’Etat (4).

C'est pourtant toujours au sein des « anciens élèves » des Frères des Ecoles Chrétiennes que continuent de se manifester leurs vocations. C'est le cas de John Win Kyaw, 18 ans, aujourd’hui postulant chez les Lasalliens, qui ne désespère pas que la congrégation retrouve sa vocation première: « Je me sens capable de travailler pour les enfants pauvres et sans éducation des régions isolées du pays, selon notre mission qui est d’être ‘au service des pauvres’. »

En Birmanie, les chrétiens représentent aujourd’hui un peu plus de 4 % (dont un quart de catholiques) d’une population bouddhiste à près de 89 %. Le pays compte aujourd’hui 13 diocèses dont trois archidiocèses

(1) La Birmanie a été dénommée officiellement Myanmar par la junte au pouvoir.
(2) Ucanews, 23 juillet 2010
(3) Les Frères des Ecoles Chrétiennes (ou Lasalliens) sont arrivés en Birmanie en 1860. L’institut Saint-Pierre à Mandalay et celui de Saint-Paul à Rangoun, étaient considérés comme faisant partie des plus prestigieuses écoles de l'Asie du Sud-Est.
(4) www.lasalle.org (site Internet des FRères des Ecoles Chrétiennes)

(Source: Eglises d'Asie, 23 juillet 2010)