PHILIPPINES: Les machines à voter ont fonctionné; Benigno Aquino a été élu et promet de lutter contre la corruption
Eglises d’Asie, 12 mai 2010 – Le décompte des bulletins de vote des élections du 10 mai n’est pas achevé, mais les résultats partiels désignent sans ambiguïté Benigno ‘Noynoy’ Aquino comme étant le vainqueur de l’élection présidentielle, menée, aux Philippines, selon un scrutin à un tour et à la majorité simple. Parmi les observateurs indépendants des opérations électorales, le Parish Pastoral Council for Responsible Voting (PPCRV), organisation catholique, a publié des résultats portant sur 89 % des bureaux de vote, donnant Aquino en tête avec 42 % des suffrages et une avance de près de 13 % des voix sur le candidat suivant.
Avant le scrutin, le vote électronique, utilisé pour la première fois dans le pays, avait fait couler beaucoup d’encre, certains estimant que les machines à voter, censées minimiser le risque de fraude, n’étaient pas fonctionnelles (1). A l’issue du scrutin, les observateurs extérieurs ont, certes, noté que le système était perfectible, mais que ses imperfections ne remettaient pas en doute le résultat de l’élection. Asian Network for Free Elections (ANFREL), un réseau d’organisations de la société civile militant pour la démocratie en Asie, créé en 1997, avait déployé 41 observateurs sur le terrain pour ces élections. L’un d’eux, Rohana Hettiarachchie, venu du Sri Lanka, a expliqué qu’il avait entendu parler d’achats de voix, mais qu’il n’en avait pas été le témoin direct. « Nous entendons dire que l’achat de voix est fréquent par ici, bien que la pratique soit interdite par la loi. Sans doute l’Eglise catholique peut-elle jouer un rôle en ce domaine, notamment en aidant à former les citoyens », a-t-il précisé à l’agence Ucanews.
Président du PPCRV, Francis Bitagon confirme que l’achat de voix est pratiqué aux Philippines, à tel point que des électeurs ne cachent pas avoir reçu de l’argent des candidats. Les sommes en jeu vont de 200 à 1 000 pesos par électeur (4,5 à 22,25 dollars US). Pour le P. Danilo Laeda, prêtre catholique et historien, le pays manque de maturité politique. Les citoyens « sont passionnés et se laissent submerger par leurs émotions, mais ils acceptent des enveloppes sans se faire prier avant d’aller voter. Les vieilles habitudes ne disparaissent pas facilement », explique-t-il.
Venu du Japon comme observateur, Sugawara Yuichi estime que les problèmes techniques constatés sur certaines machines à voter et quelques lourdeurs administratives ne permettent pas de dire que les élections se sont déroulées sans difficultés, mais il confirme que ces problèmes ne sont pas de nature à changer le résultat final. Il a émis le souhait que les listes électorales soient mieux tenues, ayant constaté que des personnes décédées étaient toujours inscrites.
Sur un plan politique, les candidats malheureux à l’élection présidentielle (ils sont neuf au total) ont tous été prompts à reconnaître la victoire de Noynoy Aquino, à l’exception de l’ancien président Joseph Estrada. Arrivé en seconde position, avec près de 30 % des suffrages, Joseph Estrada a fait bien mieux que celui qui était présenté, dans les derniers jours de la campagne, comme le principal adversaire d’Aquino, le millionnaire Manny Villar, qui a seulement réuni 15 % des voix.
Se plaçant d’emblée sur le terrain de la lutte contre la corruption, Noynoy Aquino a déclaré que, dès qu’il serait effectivement à la tête de l’Etat, il diligenterait des enquêtes à l’encontre de la présidente sortante, Gloria Arroyo, et de son entourage. Les nominations que Gloria Arroyo pourrait faire avant de quitter le palais présidentiel, au poste de procureur général par exemple, seront remises en question, a-t-il averti depuis la Hacienda Luisita, le domaine familial de Tarlac situé à une centaine de kilomètres au nord de Manille. Un porte-parole de Gloria Arroyo a rétorqué que la future Administration devait veiller à ne pas se laisser gagner par « la vindicte », de manière à concentrer ses forces sur « les problèmes toujours plus profonds du pays ». Il a ajouté que Gloria Arroyo, dès lors qu’elle siégerait à la Chambre des représentants – où elle a été élue le 10 mai –, « se tiendrait prête à répondre de tout ».
Parmi les candidats malheureux à l’élection présidentielle, John Carlos ‘JC’ Delos Reyes a été le premier à concéder sa défaite et à reconnaître la victoire de Noynoy Aquino. « Le sénateur Aquino ne partage pas tous mes points de vue sur les réformes radicales dont a besoin notre pays, mais je lui apporterai mon soutien, à lui et à son gouvernement, pour les réformes dont nous partageons les objectifs », a déclaré celui qui avait été ouvertement soutenu par plusieurs évêques de l’Eglise catholique des Philippines. JC Delos Reyes est arrivé dernier de la course à la présidence, avec 0,12 % des suffrages.
Fils de Benigno Aquino, le chef de l’opposition au dictateur Ferdinand Marcos, assassiné en 1983 à son retour d’exil, et de Cory Aquino, présidente de 1986 à 1992, Noynoy Aquino est proche de l’Eglise catholique sur de nombreux points, en partie à cause de sa mère très croyante, décédée le 1er août 2009. Toutefois, il s’en est aussi démarqué sur certains points liés à la morale sexuelle, notamment le recours à la contraception.
(1) Voir EDA 529
(2) Implantée au Népal, en Thaïlande, en Malaisie, au Cambodge, au Pakistan, au Bangladesh, au Timor-Oriental et en Indonésie, l’ANFREL milite pour le développement des institutions démocratiques, que ce soit au plan national ou au plan local.
Eglises d’Asie, 12 mai 2010 – Le décompte des bulletins de vote des élections du 10 mai n’est pas achevé, mais les résultats partiels désignent sans ambiguïté Benigno ‘Noynoy’ Aquino comme étant le vainqueur de l’élection présidentielle, menée, aux Philippines, selon un scrutin à un tour et à la majorité simple. Parmi les observateurs indépendants des opérations électorales, le Parish Pastoral Council for Responsible Voting (PPCRV), organisation catholique, a publié des résultats portant sur 89 % des bureaux de vote, donnant Aquino en tête avec 42 % des suffrages et une avance de près de 13 % des voix sur le candidat suivant.
Avant le scrutin, le vote électronique, utilisé pour la première fois dans le pays, avait fait couler beaucoup d’encre, certains estimant que les machines à voter, censées minimiser le risque de fraude, n’étaient pas fonctionnelles (1). A l’issue du scrutin, les observateurs extérieurs ont, certes, noté que le système était perfectible, mais que ses imperfections ne remettaient pas en doute le résultat de l’élection. Asian Network for Free Elections (ANFREL), un réseau d’organisations de la société civile militant pour la démocratie en Asie, créé en 1997, avait déployé 41 observateurs sur le terrain pour ces élections. L’un d’eux, Rohana Hettiarachchie, venu du Sri Lanka, a expliqué qu’il avait entendu parler d’achats de voix, mais qu’il n’en avait pas été le témoin direct. « Nous entendons dire que l’achat de voix est fréquent par ici, bien que la pratique soit interdite par la loi. Sans doute l’Eglise catholique peut-elle jouer un rôle en ce domaine, notamment en aidant à former les citoyens », a-t-il précisé à l’agence Ucanews.
Président du PPCRV, Francis Bitagon confirme que l’achat de voix est pratiqué aux Philippines, à tel point que des électeurs ne cachent pas avoir reçu de l’argent des candidats. Les sommes en jeu vont de 200 à 1 000 pesos par électeur (4,5 à 22,25 dollars US). Pour le P. Danilo Laeda, prêtre catholique et historien, le pays manque de maturité politique. Les citoyens « sont passionnés et se laissent submerger par leurs émotions, mais ils acceptent des enveloppes sans se faire prier avant d’aller voter. Les vieilles habitudes ne disparaissent pas facilement », explique-t-il.
Venu du Japon comme observateur, Sugawara Yuichi estime que les problèmes techniques constatés sur certaines machines à voter et quelques lourdeurs administratives ne permettent pas de dire que les élections se sont déroulées sans difficultés, mais il confirme que ces problèmes ne sont pas de nature à changer le résultat final. Il a émis le souhait que les listes électorales soient mieux tenues, ayant constaté que des personnes décédées étaient toujours inscrites.
Sur un plan politique, les candidats malheureux à l’élection présidentielle (ils sont neuf au total) ont tous été prompts à reconnaître la victoire de Noynoy Aquino, à l’exception de l’ancien président Joseph Estrada. Arrivé en seconde position, avec près de 30 % des suffrages, Joseph Estrada a fait bien mieux que celui qui était présenté, dans les derniers jours de la campagne, comme le principal adversaire d’Aquino, le millionnaire Manny Villar, qui a seulement réuni 15 % des voix.
Se plaçant d’emblée sur le terrain de la lutte contre la corruption, Noynoy Aquino a déclaré que, dès qu’il serait effectivement à la tête de l’Etat, il diligenterait des enquêtes à l’encontre de la présidente sortante, Gloria Arroyo, et de son entourage. Les nominations que Gloria Arroyo pourrait faire avant de quitter le palais présidentiel, au poste de procureur général par exemple, seront remises en question, a-t-il averti depuis la Hacienda Luisita, le domaine familial de Tarlac situé à une centaine de kilomètres au nord de Manille. Un porte-parole de Gloria Arroyo a rétorqué que la future Administration devait veiller à ne pas se laisser gagner par « la vindicte », de manière à concentrer ses forces sur « les problèmes toujours plus profonds du pays ». Il a ajouté que Gloria Arroyo, dès lors qu’elle siégerait à la Chambre des représentants – où elle a été élue le 10 mai –, « se tiendrait prête à répondre de tout ».
Parmi les candidats malheureux à l’élection présidentielle, John Carlos ‘JC’ Delos Reyes a été le premier à concéder sa défaite et à reconnaître la victoire de Noynoy Aquino. « Le sénateur Aquino ne partage pas tous mes points de vue sur les réformes radicales dont a besoin notre pays, mais je lui apporterai mon soutien, à lui et à son gouvernement, pour les réformes dont nous partageons les objectifs », a déclaré celui qui avait été ouvertement soutenu par plusieurs évêques de l’Eglise catholique des Philippines. JC Delos Reyes est arrivé dernier de la course à la présidence, avec 0,12 % des suffrages.
Fils de Benigno Aquino, le chef de l’opposition au dictateur Ferdinand Marcos, assassiné en 1983 à son retour d’exil, et de Cory Aquino, présidente de 1986 à 1992, Noynoy Aquino est proche de l’Eglise catholique sur de nombreux points, en partie à cause de sa mère très croyante, décédée le 1er août 2009. Toutefois, il s’en est aussi démarqué sur certains points liés à la morale sexuelle, notamment le recours à la contraception.
(1) Voir EDA 529
(2) Implantée au Népal, en Thaïlande, en Malaisie, au Cambodge, au Pakistan, au Bangladesh, au Timor-Oriental et en Indonésie, l’ANFREL milite pour le développement des institutions démocratiques, que ce soit au plan national ou au plan local.