PHILIPPINES: Des membres du Front moro de libération islamique (MILF) ont été inculpés pour le kidnapping du P. Sinnott
Le 12 novembre au matin, le P. Michael Sinnot, 79 ans, prêtre de la société missionnaire de Saint Colomban, qui avait été enlevé un mois auparavant dans la maison de sa congrégation à Pagadian City par un groupe armé non identifié, était libéré (1). Le Front moro de libération islamique (MILF), mouvement indépendantiste menant actuellement des pourparlers de paix avec le gouvernement philippin, était apparu alors comme l’élément-clé de la libération du prêtre. Par l’intermédiaire de Mohagher Iqbal, son négociateur avec les ravisseurs, le groupe avait lui-même remis le missionnaire entre les mains des autorités philippines, et la presse, unanime, avait salué l’efficacité des informateurs moros qui avaient « identifié » le lieu de détention du prêtre, puis obtenu sa libération, sans même le versement de la rançon demandé par les kidnappeurs, s’élevant à la somme de deux millions de dollars. Le MILF, qui, dès les premières heures de l’enlèvement, avait démenti être impliqué dans l’affaire, avait proposé son aide au gouvernement pour libérer le missionnaire; ses responsables avaient précisé qu’ils condamnaient le kidnapping, « un acte qui est interdit par l’islam » (2).
Le P. Sinnott lui-même, le jour de sa libération, avait confié qu’il « était absolument certain » que le MILF n’était pas le groupe qui l’avait kidnappé, ajoutant que ses ravisseurs, qui subissaient des pressions du MILF pour le libérer, protestaient vigoureusement en disant qu’« ils n’avaient pas les mêmes moyens financiers » que le groupe indépendantiste moro. Ils se présentaient comme des lumad (peuples indigènes du sud philippin) qui réclamaient « l’indépendance de l’île de Mindanao avec une Constitution inspirée du Coran » (3).
Mais il semble qu’aujourd’hui, les soupçons du gouvernement concernant l’identité des kidnappeurs du prêtre irlandais se portent sur ceux qui se présentaient hier comme ses libérateurs. Selon le Philippine Daily Inquirer, trois membres du MILF ainsi que de plusieurs autres personnes viennent d’être inculpés de l’enlèvement du P. Sinnott. « Nous avons des preuves formelles contre eux et nous avons des témoins », a déclaré au quotidien philippin Jesus Verzosa, directeur général de la police nationale, des propos rapportés par l’agence Ucanews (4).
La nouvelle de ces inculpations intervient alors qu’un millier de soldats ratissent le terrain, depuis le 16 novembre, à la frontière des deux provinces de Lanao del Sur et de Lanao del Norte, afin de tenter de capturer les responsables du kidnapping.
Le P. Sinnot, de nouveau interrogé sur l’appartenance de ses ravisseurs à un groupe identifiable, s’est montré prudent dans ses déclarations, disant qu’il ne voulait pas accuser à tort des personnes dont il ne connaissait pas avec certitude l’identité. Lors de sa conférence de presse, il avait évoqué cependant le nom d’un certain « Kikoy », qui semblait diriger le groupe d’indigènes, « très organisé », qui l’avait emmené dans la jungle.
Le responsable régional de la société missionnaire des prêtres de Saint Colomban, le P. O’Donoghue, a déclaré à des médias catholiques qu’il envisageait de voir avec Mgr Cabajar, évêque de Pagadian, comment mieux protéger la sécurité des missionnaires dans cette région des Philippines où les enlèvements et les meurtres se sont multipliés ces dernières années. Le P. Sinnott a confirmé, quant à lui, malgré l’épreuve physique qu’il vient de subir et qui l’a beaucoup affaibli (il a été notamment privé d’une partie de son traitement pour le cœur, alors qu’il avait subi un pontage coronarien quelques mois plus tôt), vouloir reprendre au plus vite l’exercice de son ministère et la poursuite de ses activités caritatives au sein de l’établissement pour enfants handicapés qu’il a fondé, ainsi que dans le cadre du Forum interreligieux pour la solidarité et la paix, groupe œuvrant pour la paix à travers le dialogue interreligieux.
(1) Voir dépêche EDA du 12 novembre 2009
(2) Voir EDA 517
(3) Voir dépêche EDA du 12 novembre 2009
(4) Ucanews, 17 novembre 2009.
Le 12 novembre au matin, le P. Michael Sinnot, 79 ans, prêtre de la société missionnaire de Saint Colomban, qui avait été enlevé un mois auparavant dans la maison de sa congrégation à Pagadian City par un groupe armé non identifié, était libéré (1). Le Front moro de libération islamique (MILF), mouvement indépendantiste menant actuellement des pourparlers de paix avec le gouvernement philippin, était apparu alors comme l’élément-clé de la libération du prêtre. Par l’intermédiaire de Mohagher Iqbal, son négociateur avec les ravisseurs, le groupe avait lui-même remis le missionnaire entre les mains des autorités philippines, et la presse, unanime, avait salué l’efficacité des informateurs moros qui avaient « identifié » le lieu de détention du prêtre, puis obtenu sa libération, sans même le versement de la rançon demandé par les kidnappeurs, s’élevant à la somme de deux millions de dollars. Le MILF, qui, dès les premières heures de l’enlèvement, avait démenti être impliqué dans l’affaire, avait proposé son aide au gouvernement pour libérer le missionnaire; ses responsables avaient précisé qu’ils condamnaient le kidnapping, « un acte qui est interdit par l’islam » (2).
Le P. Sinnott lui-même, le jour de sa libération, avait confié qu’il « était absolument certain » que le MILF n’était pas le groupe qui l’avait kidnappé, ajoutant que ses ravisseurs, qui subissaient des pressions du MILF pour le libérer, protestaient vigoureusement en disant qu’« ils n’avaient pas les mêmes moyens financiers » que le groupe indépendantiste moro. Ils se présentaient comme des lumad (peuples indigènes du sud philippin) qui réclamaient « l’indépendance de l’île de Mindanao avec une Constitution inspirée du Coran » (3).
Mais il semble qu’aujourd’hui, les soupçons du gouvernement concernant l’identité des kidnappeurs du prêtre irlandais se portent sur ceux qui se présentaient hier comme ses libérateurs. Selon le Philippine Daily Inquirer, trois membres du MILF ainsi que de plusieurs autres personnes viennent d’être inculpés de l’enlèvement du P. Sinnott. « Nous avons des preuves formelles contre eux et nous avons des témoins », a déclaré au quotidien philippin Jesus Verzosa, directeur général de la police nationale, des propos rapportés par l’agence Ucanews (4).
La nouvelle de ces inculpations intervient alors qu’un millier de soldats ratissent le terrain, depuis le 16 novembre, à la frontière des deux provinces de Lanao del Sur et de Lanao del Norte, afin de tenter de capturer les responsables du kidnapping.
Le P. Sinnot, de nouveau interrogé sur l’appartenance de ses ravisseurs à un groupe identifiable, s’est montré prudent dans ses déclarations, disant qu’il ne voulait pas accuser à tort des personnes dont il ne connaissait pas avec certitude l’identité. Lors de sa conférence de presse, il avait évoqué cependant le nom d’un certain « Kikoy », qui semblait diriger le groupe d’indigènes, « très organisé », qui l’avait emmené dans la jungle.
Le responsable régional de la société missionnaire des prêtres de Saint Colomban, le P. O’Donoghue, a déclaré à des médias catholiques qu’il envisageait de voir avec Mgr Cabajar, évêque de Pagadian, comment mieux protéger la sécurité des missionnaires dans cette région des Philippines où les enlèvements et les meurtres se sont multipliés ces dernières années. Le P. Sinnott a confirmé, quant à lui, malgré l’épreuve physique qu’il vient de subir et qui l’a beaucoup affaibli (il a été notamment privé d’une partie de son traitement pour le cœur, alors qu’il avait subi un pontage coronarien quelques mois plus tôt), vouloir reprendre au plus vite l’exercice de son ministère et la poursuite de ses activités caritatives au sein de l’établissement pour enfants handicapés qu’il a fondé, ainsi que dans le cadre du Forum interreligieux pour la solidarité et la paix, groupe œuvrant pour la paix à travers le dialogue interreligieux.
(1) Voir dépêche EDA du 12 novembre 2009
(2) Voir EDA 517
(3) Voir dépêche EDA du 12 novembre 2009
(4) Ucanews, 17 novembre 2009.