Dans la journée du dimanche 27 septembre 2009, 150 religieux bouddhistes ont été expulsés manu militari de leur monastère de Bat Nha, dans la province de Lâm Dông, au Centre-Vietnam. Deux cent trente religieuses sont restées sur place, réfugiées dans le dortoir et dispersées dans la cour. L’agence Associated Press, qui rapporte la nouvelle (1), tient ses informations d’un religieux du « village des pruniers » (Lang Mai), dans le sud de la France, un monastère dirigé par le célèbre religieux bouddhiste d’origine vietnamienne, Thich Nhat Hanh. C’est lui qui, à l’issue de son second voyage au Vietnam en 2007, avait fondé la communauté monastique que l’on tente, aujourd’hui, de démanteler.
Les religieux de Bat Nha ont informé leurs confrères de France par téléphone que, dans la matinée du dimanche, une foule nombreuse et excitée, conduite par les forces de la Sécurité, était entrée dans le monastère en forçant les portes, avait cassé les vitres, frappé certains moines à coups de bâton, les avait arrachés à leurs cellules, conduits à l’extérieur puis entassés dans un autocar qui les a conduits loin de là. Selon les informations recueillies par l’informateur, dans la soirée du dimanche, environ 80 religieux étaient revenus et se tenaient à l’extérieur, auprès de la porte du monastère. Le sous-secrétaire d’Etat américain, James Steinberg, en visite au Vietnam, mis au courant de cette affaire, a déclaré qu’il ferait part de ses préoccupations à ce sujet aux autorités du pays.
Les raisons de l’ostracisme manifesté aujourd’hui par les autorités à l’égard de cette communauté religieuse sont difficiles à mettre au clair. En tout cas, cette attitude constitue un revirement complet par rapport à celle qui avait été adoptée au début à l’égard de ces religieux et de leur maître, le vénérable Thich Nhât Hanh. Celui-ci, l’un des religieux bouddhistes les plus connus dans le monde après le dalaï-lama, après un long exil aux Etats-Unis et en Europe, avait, au mois de janvier 2005, accompli, en compagnie de nombreux disciples, une visite au Vietnam, où les autorités l’avaient accueilli avec beaucoup d’égards. Il avait renouvelé son voyage en 2007 et avait même présidé de solennelles cérémonies de réconciliation nationale, officiellement autorisées par l’Etat.
Ces bonnes relations se sont vraisemblablement détériorées au cours de l’année 2008. D’après un reportage de la BBC en langue vietnamienne (2), la décision de mettre un terme à l’expérience de Bat Nha aurait été prise le 19 novembre 2008, à Saigon, au cours d’une réunion rassemblant des représentants de l’Eglise bouddhiste officielle et des Affaires religieuses. Par la suite, le vénérable Thich Duc Nghi, représentant local de l’Eglise officielle, retirait son patronage à la communauté du village des pruniers. Au mois de juin dernier, les autorités locales faisaient parvenir au monastère un ordre d’expulsion. Quelque temps plus tard, l’eau courante, l’électricité ne parvenaient plus au monastère et le téléphone était coupé. A plusieurs reprises, des troupes d’hommes de main sont venues dévaster le couvent et menacer les moines. Selon les ordres, les religieux auraient dû quitter les lieux avant le 2 septembre de 2009.
Le 4 août, pour la première fois, le gouvernement avait fait connaître publiquement son point de vue sur l’affaire. Un représentant du Bureau des Affaires religieuses, Bui Juu Duoc, déclarait que l’ordre d’expulsion des religieux de Bat Nha n’avait aucun rapport avec la liberté religieuse. Selon lui, les religieux ne s’étaient pas soumis aux dispositions prévues par les autorités locales et n’avaient pas accepté le contrôle que celles-ci doivent normalement exercer.
Selon certains religieux bouddhistes de la communauté de Bat Nha et des proches de Thich Nhât Hanh au « village des pruniers » en France, le changement d’attitude du gouvernement à l’égard de la communauté religieuse de Bat Nha aurait pour cause certains points de vue critiques sur la politique vietnamienne exprimés publiquement par le responsable du village des pruniers. Il aurait mis en cause le Bureau des Affaires religieuses et proposé au gouvernement de relâcher son contrôle sur les religions. Dans sa déclaration du 4 août, le représentant des Affaires religieuses avait d’ailleurs répondu à cet argument en affirmant qu’il n’y avait pas, au Vietnam, d’oppression de la religion, mais seulement un contrôle nécessaire au bon ordre de la société. Le vénérable Thich Nhâr Hanh aurait également critiqué l’attitude de la Chine et du Vietnam à l’égard du dalaï-lama.
(1) Associated Press, 27 septembre 2009.
(2) Emission du 6 août 2009.
(Source: Eglises d'Asie, 28 septembre 2009)
Les religieux de Bat Nha ont informé leurs confrères de France par téléphone que, dans la matinée du dimanche, une foule nombreuse et excitée, conduite par les forces de la Sécurité, était entrée dans le monastère en forçant les portes, avait cassé les vitres, frappé certains moines à coups de bâton, les avait arrachés à leurs cellules, conduits à l’extérieur puis entassés dans un autocar qui les a conduits loin de là. Selon les informations recueillies par l’informateur, dans la soirée du dimanche, environ 80 religieux étaient revenus et se tenaient à l’extérieur, auprès de la porte du monastère. Le sous-secrétaire d’Etat américain, James Steinberg, en visite au Vietnam, mis au courant de cette affaire, a déclaré qu’il ferait part de ses préoccupations à ce sujet aux autorités du pays.
Les raisons de l’ostracisme manifesté aujourd’hui par les autorités à l’égard de cette communauté religieuse sont difficiles à mettre au clair. En tout cas, cette attitude constitue un revirement complet par rapport à celle qui avait été adoptée au début à l’égard de ces religieux et de leur maître, le vénérable Thich Nhât Hanh. Celui-ci, l’un des religieux bouddhistes les plus connus dans le monde après le dalaï-lama, après un long exil aux Etats-Unis et en Europe, avait, au mois de janvier 2005, accompli, en compagnie de nombreux disciples, une visite au Vietnam, où les autorités l’avaient accueilli avec beaucoup d’égards. Il avait renouvelé son voyage en 2007 et avait même présidé de solennelles cérémonies de réconciliation nationale, officiellement autorisées par l’Etat.
Ces bonnes relations se sont vraisemblablement détériorées au cours de l’année 2008. D’après un reportage de la BBC en langue vietnamienne (2), la décision de mettre un terme à l’expérience de Bat Nha aurait été prise le 19 novembre 2008, à Saigon, au cours d’une réunion rassemblant des représentants de l’Eglise bouddhiste officielle et des Affaires religieuses. Par la suite, le vénérable Thich Duc Nghi, représentant local de l’Eglise officielle, retirait son patronage à la communauté du village des pruniers. Au mois de juin dernier, les autorités locales faisaient parvenir au monastère un ordre d’expulsion. Quelque temps plus tard, l’eau courante, l’électricité ne parvenaient plus au monastère et le téléphone était coupé. A plusieurs reprises, des troupes d’hommes de main sont venues dévaster le couvent et menacer les moines. Selon les ordres, les religieux auraient dû quitter les lieux avant le 2 septembre de 2009.
Le 4 août, pour la première fois, le gouvernement avait fait connaître publiquement son point de vue sur l’affaire. Un représentant du Bureau des Affaires religieuses, Bui Juu Duoc, déclarait que l’ordre d’expulsion des religieux de Bat Nha n’avait aucun rapport avec la liberté religieuse. Selon lui, les religieux ne s’étaient pas soumis aux dispositions prévues par les autorités locales et n’avaient pas accepté le contrôle que celles-ci doivent normalement exercer.
Selon certains religieux bouddhistes de la communauté de Bat Nha et des proches de Thich Nhât Hanh au « village des pruniers » en France, le changement d’attitude du gouvernement à l’égard de la communauté religieuse de Bat Nha aurait pour cause certains points de vue critiques sur la politique vietnamienne exprimés publiquement par le responsable du village des pruniers. Il aurait mis en cause le Bureau des Affaires religieuses et proposé au gouvernement de relâcher son contrôle sur les religions. Dans sa déclaration du 4 août, le représentant des Affaires religieuses avait d’ailleurs répondu à cet argument en affirmant qu’il n’y avait pas, au Vietnam, d’oppression de la religion, mais seulement un contrôle nécessaire au bon ordre de la société. Le vénérable Thich Nhâr Hanh aurait également critiqué l’attitude de la Chine et du Vietnam à l’égard du dalaï-lama.
(1) Associated Press, 27 septembre 2009.
(2) Emission du 6 août 2009.
(Source: Eglises d'Asie, 28 septembre 2009)