Inde: Rajasthan, un nouveau projet de loi anti-conversion inquiète les communautés chrétiennes
Le 20 mars dernier, le gouvernement du Rajasthan, issu du Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien), le parti nationaliste hindou, a de nouveau déposé un projet de loi anti-conversion, afin d’empêcher les conversions « forcées ou obtenues en échange de subsides financiers », ce qui n’est pas sans inquiéter les minorités religieuses, particulièrement les communautés chrétiennes. Le BJP en est à sa deuxième tentative, puisque déjà en 2006, il avait fait voter une loi en ce sens qui n’entra pas en vigueur faute d’avoir été signée par Pratibha Patil, le gouverneur de l’époque (1).
« Ce nouveau projet de loi est encore plus contraignant que celui de 2006 car il introduit une référence aux institutions privées », a déclaré Mgr Oswald Lewis, évêque de Jaipur, la capitale du Rajasthan. Un nouvel alinéa menace, en effet, de priver de personnalité juridique toute institution privée ou association qui serait impliquée dans des activités de conversion ou qui utiliserait ou « envisagerait d’utiliser » ses ressources financières à des fins visant à convertir. D’autre part, le « Rajasthan Dharma Swatantrya Bill 2008 » (‘Loi sur la liberté de religion’) stipule qu’« aucune personne ne doit convertir ou tenter de convertir quelqu’un, que ce soit ouvertement ou en utilisant la force, des moyens frauduleux ou des subsides financiers, et que personne ne doit encourager de telles conversions. » Tout acte de conversion frauduleux sera passible d’une amende pouvant atteindre jusqu’à 50 000 roupies (800 euros) et d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement, sans que les personnes condamnées puissent être libérées sous caution. « Une nouvelle fois, c’est le chiffon rouge des conversions qui est agité », a commenté Mgr Lewis.
Pour P.C. Vyas, ancien président de la Commission pour l’enseignement secondaire de l’Etat, ce projet de loi vise à fermer les institutions éducatives chrétiennes du Rajasthan. « Une fois que ces institutions de qualité seront fermées, les organisations nationalistes hindoues seront à même de mener à bien leurs actions en propageant leur philosophie de suprématie hindoue par le biais de l’éducation », a-t-il expliqué. Selon certains observateurs, il n’est pas étonnant que le gouvernement actuel cherche de nouveau à faire voter une loi anti-conversion, car cela faisait partie de ses promesses électorales lors des dernières élections législatives de 2003 et de nouvelles élections se profilent à l’horizon 2009.
Le 25 mars dernier, une délégation interreligieuse a remis en mains propres un mémorandum au gouverneur de l’Etat, S.K. Singh, qualifiant le projet de loi d’« offensive contre les minorités religieuses de l’Etat qui viole les principes fondamentaux de liberté religieuse garantie par la Constitution indienne ». Outre Mgr Lewis, étaient présents Raymond Coelho, président du Rajasthan Christian Fellowship, un responsable musulman ainsi que militants pour les droits de l’homme. Selon l’évêque catholique, le gouverneur a déclaré que « les personnes faisant allusion à des conversions en masse sont soit obnubilées par le sujet, soit diffusent des contrevérités et qu’il est important que la population soit mise au courant des intentions qui se cachent derrière un tel projet de loi ». Pour certains médias locaux, les propos du gouverneur – un ancien diplomate de carrière, formé dans un établissement chrétien et qui par ailleurs fréquente les Eglises chrétiennes – laissent entendre qu’il saura agir en temps voulu.
(1) A ce sujet, voir EDA 438 et 442. Des lois anti-conversions sont en vigueur en Arunachal Pradesh, au Chattisgarh, en Himachal Pradesh, au Madhya Pradesh et en Orissa.
(Source: Eglises d’Asie - Dépêche du 3 AVRIL 2008)
Le 20 mars dernier, le gouvernement du Rajasthan, issu du Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien), le parti nationaliste hindou, a de nouveau déposé un projet de loi anti-conversion, afin d’empêcher les conversions « forcées ou obtenues en échange de subsides financiers », ce qui n’est pas sans inquiéter les minorités religieuses, particulièrement les communautés chrétiennes. Le BJP en est à sa deuxième tentative, puisque déjà en 2006, il avait fait voter une loi en ce sens qui n’entra pas en vigueur faute d’avoir été signée par Pratibha Patil, le gouverneur de l’époque (1).
« Ce nouveau projet de loi est encore plus contraignant que celui de 2006 car il introduit une référence aux institutions privées », a déclaré Mgr Oswald Lewis, évêque de Jaipur, la capitale du Rajasthan. Un nouvel alinéa menace, en effet, de priver de personnalité juridique toute institution privée ou association qui serait impliquée dans des activités de conversion ou qui utiliserait ou « envisagerait d’utiliser » ses ressources financières à des fins visant à convertir. D’autre part, le « Rajasthan Dharma Swatantrya Bill 2008 » (‘Loi sur la liberté de religion’) stipule qu’« aucune personne ne doit convertir ou tenter de convertir quelqu’un, que ce soit ouvertement ou en utilisant la force, des moyens frauduleux ou des subsides financiers, et que personne ne doit encourager de telles conversions. » Tout acte de conversion frauduleux sera passible d’une amende pouvant atteindre jusqu’à 50 000 roupies (800 euros) et d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement, sans que les personnes condamnées puissent être libérées sous caution. « Une nouvelle fois, c’est le chiffon rouge des conversions qui est agité », a commenté Mgr Lewis.
Pour P.C. Vyas, ancien président de la Commission pour l’enseignement secondaire de l’Etat, ce projet de loi vise à fermer les institutions éducatives chrétiennes du Rajasthan. « Une fois que ces institutions de qualité seront fermées, les organisations nationalistes hindoues seront à même de mener à bien leurs actions en propageant leur philosophie de suprématie hindoue par le biais de l’éducation », a-t-il expliqué. Selon certains observateurs, il n’est pas étonnant que le gouvernement actuel cherche de nouveau à faire voter une loi anti-conversion, car cela faisait partie de ses promesses électorales lors des dernières élections législatives de 2003 et de nouvelles élections se profilent à l’horizon 2009.
Le 25 mars dernier, une délégation interreligieuse a remis en mains propres un mémorandum au gouverneur de l’Etat, S.K. Singh, qualifiant le projet de loi d’« offensive contre les minorités religieuses de l’Etat qui viole les principes fondamentaux de liberté religieuse garantie par la Constitution indienne ». Outre Mgr Lewis, étaient présents Raymond Coelho, président du Rajasthan Christian Fellowship, un responsable musulman ainsi que militants pour les droits de l’homme. Selon l’évêque catholique, le gouverneur a déclaré que « les personnes faisant allusion à des conversions en masse sont soit obnubilées par le sujet, soit diffusent des contrevérités et qu’il est important que la population soit mise au courant des intentions qui se cachent derrière un tel projet de loi ». Pour certains médias locaux, les propos du gouverneur – un ancien diplomate de carrière, formé dans un établissement chrétien et qui par ailleurs fréquente les Eglises chrétiennes – laissent entendre qu’il saura agir en temps voulu.
(1) A ce sujet, voir EDA 438 et 442. Des lois anti-conversions sont en vigueur en Arunachal Pradesh, au Chattisgarh, en Himachal Pradesh, au Madhya Pradesh et en Orissa.
(Source: Eglises d’Asie - Dépêche du 3 AVRIL 2008)