Le diocèse de Hung Hoa, le plus grand du Vietnam en termes de superficie, compte près de 20 000 catholiques hmong, vivant dans les montagnes du nord-ouest du pays, dans des villages parfois difficiles d’accès. Le père Pierre Nguyen Truong Giang, curé de la paroisse de Lao Chai depuis 2019, essaie de visiter régulièrement les communautés locales afin de soutenir leur vie de foi, malgré le manque de moyens, de routes d’accès et de couverture en électricité. Malgré les difficultés, l’Église locale encourage l’évangélisation et enregistre près de 700 nouveaux convertis hmong par an.
Le père Pierre Nguyen Truong Giang s’est levé tôt pour préparer sa visite auprès de la station missionnaire de Den Thang. Par environ 10 degrés Celsius, il a chargé du riz, des nouilles instantanées, de l’huile de cuisson, de la sauce nuoc-mam et du sel sur une camionnette empruntée à un paroissien. Le père Giang est parti de la chapelle de Lao Chai vers six heures du matin avec deux responsables laïcs afin de se rendre à Den Thang. La station missionnaire n’est qu’à une vingtaine de kilomètres, mais il leur a fallu près de trois heures pour y parvenir, à travers une piste pleine de nids-de-poule, un chemin étroit, raide, sinueux, boueux et mal entretenu traversant la forêt. Ils sont venus rendre visite et apporter de la nourriture à une dizaine de familles Hmong, converties au catholicisme au cours des dernières années. À l’arrivée des visiteurs, les catholiques hmong de Den Thang se sont rassemblés dans une maison familiale afin de partager un repas simple.
« À cause de la difficulté d’accès, je ne suis venu ici qu’à trois reprises depuis que je suis arrivé dans la paroisse de Lao Chai, fin 2019 », confie le prêtre de 41 ans, qui ajoute qu’il cherche à acheter un terrain d’environ 600 m² afin d’y construire une chapelle. Le curé de la paroisse de Lao Chai, qui compte près de 1 400 fidèles, est assisté par deux religieuses. La plupart des paroissiens hmong vivent dans six antennes paroissiales et stations missionnaires, dont la plus éloignée est à 40 km du presbytère. La paroisse est située dans le district de Sa Pa, dans la province de Lao Cai, dans le nord-ouest du pays. Malgré le manque de moyens de la paroisse et la pauvreté des fidèles, ils cherchent à acheter des terrains afin de construire de nouvelles chapelles. Actuellement, la paroisse compte seulement quatre petites chapelles en bois, qui ont été construites par d’autres prêtres sur des terrains appartenant à des fidèles. Le père Giang, ordonné en 2017, explique que ces chapelles n’appartiennent aux paroissiens que sur le papier, la paroisse de Lao Chai n’ayant pas encore été reconnue par le gouvernement vietnamien. La paroisse de Lao Chai et celle de Sa Pa ont été séparées l’an dernier par le diocèse de Hung Hoa.
« J’essaie de célébrer la messe toutes les semaines dans les chapelles, pour maintenir une activité religieuse pour les habitants et pour soutenir leur vie de foi », confie le prêtre, qui précise que beaucoup de catéchumènes n’ont pas encore été baptisés. Le père Giang explique qu’il célèbre la messe en hmong et en vietnamien, pour que les locaux puissent préserver leur écriture et leur langue tout en améliorant leur maîtrise du vietnamien. Le prêtre ajoute qu’il est essentiel qu’ils parlent couramment le vietnamien pour pouvoir trouver du travail et éviter de se faire avoir par des commerçants avides, voire par des réseaux de trafic des personnes. Le prêtre est également responsable adjoint du Comité pastoral pour les minorités ethniques, chargé de la pastorale et de l’évangélisation des quelque 20 000 catholiques hmong du diocèse et des autres groupes ethniques. Le diocèse de Hung Hoa, le plus grand du pays en superficie, couvre une partie de Hanoï et neuf provinces montagneuses du nord-ouest. Le catholicisme a été apporté par les premiers missionnaires étrangers auprès des populations locales vers la fin du XIXe siècle.
Évangélisation et services pastoraux
Le père Giang s’est intéressé à l’évangélisation du peuple Hmong dès le séminaire. Il passait alors toutes ses vacances d’été auprès des communautés hmong des provinces de Lao Cai, de Son La et de Yen Bai. Il apprenait aussi leur langue et leur enseignait l’écriture hmong. Au cours des deux dernières années, le Comité pastoral pour les minorités ethniques a conçu un dictionnaire vietnamien-hmong et a organisé des universités d’été afin d’enseigner la langue hmong aux membres des conseils paroissiens, aux missionnaires laïcs et aux catéchistes. Sœur Marie Nguyen Thi Thu Huyen, de la congrégation des Amantes de la Croix, l’une des deux religieuses assistant le père Giang, explique qu’ils ont formé des groupes de laïcs missionnaires afin de les envoyer dans les villages pour qu’ils puissent parler des valeurs chrétiennes aux villageois, à l’occasion des mariages, des funérailles et des festivals culturels et religieux. Sœur Huyen ajoute que beaucoup de couples hmong n’ont pas encore été mariés à l’église. Elle explique que certaines femmes et leurs enfants se sont convertis, mais que peu d’hommes se sont convertis. Elle ajoute que certains hommes ont plusieurs épouses. Selon la tradition hmong, beaucoup de couples se marient encore vers l’âge de 14 ou 15 ans.
Les villageois hmong, qui cultivent le riz sur des terrasses rizicoles, manquent de nourriture environ quatre mois par an. Ils sont alors forcés d’emprunter de l’argent pour pouvoir survivre. Leurs terrasses rizicoles, dans la vallée de Muong Hoa, représentent une attraction touristique populaire dans la région, mais eux-mêmes n’en tirent que peu de bénéfices. Par ailleurs, ils manquent de routes d’accès et de couverture électrique, même si la région est couverte par dix centrales hydroélectriques. Les habitants des régions montagneuses sont forcés d’installer des générateurs hydroélectriques – fabriqués en Chine – afin d’avoir accès à l’électricité. « Je les aime bien, surtout qu’ils sont traités injustement », confie le père Giang, qui ajoute que les autorités locales demandent aux touristes de payer 75 000 dongs (2,74 €) par personne pour pouvoir accéder aux rizières, mais cet argent n’est pas partagé avec les villageois, pourtant propriétaires des terrasses rizicoles et résidents depuis plusieurs générations. « Nous travaillons tous les jours de 5 heures du matin à 22 heures, et encore plus le week-end quand nous devons visiter les communautés et assurer les services pastoraux auprès des chapelles locales », explique le père Giang. Le prêtre ajoute que les habitants, en plus de leur travail agricole, doivent aussi cuisiner, laver les vêtements, nettoyer les chapelles, réparer les canalisations et entretenir les systèmes électriques.
700 convertis Hmong par an
Le père Giang confie que les Hmong sont peu investis au service de la communauté, et qu’il essaie de changer cet état d’esprit en leur demandant d’entretenir leurs voisinages. Michael Lo A Lu, un des paroissiens hmong, assure qu’il est reconnaissant envers le travail du prêtre, qui s’occupe des personnes dans le besoin, qui s’efforce d’unir les communautés locales et qui les aide à arrondir leurs fins de mois en invitant les touristes catholiques à résider chez les catholiques hmong. Michael Lu, âgé de 42 ans et père de sept enfants, explique que les familles locales sont nombreuses et manquent souvent de nourriture. Joseph Sung A Lung, âgé de 39 ans, confie quant à lui que le père Giang célèbre la messe chez lui et qu’il invite les gens à vivre leur foi de manière authentique, quelles que soient les circonstances. « Le soutien moral et matériel du prêtre est pour nous une grande consolation. Cela nous aide beaucoup dans nos difficultés quotidiennes », assure ce père de cinq enfants. « Nous sommes fiers de notre prêtre, il nous traite comme sa propre famille. » Le père Pierre Pham Thanh Binh, curé de la paroisse de Sa Pa, confie de son côté que le nombre de catholiques hmong dans le district est passé de 1 000 en 2007 (quand il est arrivé dans la paroisse) à plus de 3 000 aujourd’hui, avec 3 paroisses ainsi que 15 antennes paroissiales et stations missionnaires. Cet été, en août, le père Binh, 49 ans, a baptisé 130 adultes et enfants Hmong dans la paroisse de Hau Thao, un record dans la région. Le diocèse de Hung Hoa enregistre environ 700 convertis hmong par an.
(Source; Églises d'Asie - le 27/10/2020, Avec Ucanews, Sa Pa)
Le père Pierre Nguyen Truong Giang s’est levé tôt pour préparer sa visite auprès de la station missionnaire de Den Thang. Par environ 10 degrés Celsius, il a chargé du riz, des nouilles instantanées, de l’huile de cuisson, de la sauce nuoc-mam et du sel sur une camionnette empruntée à un paroissien. Le père Giang est parti de la chapelle de Lao Chai vers six heures du matin avec deux responsables laïcs afin de se rendre à Den Thang. La station missionnaire n’est qu’à une vingtaine de kilomètres, mais il leur a fallu près de trois heures pour y parvenir, à travers une piste pleine de nids-de-poule, un chemin étroit, raide, sinueux, boueux et mal entretenu traversant la forêt. Ils sont venus rendre visite et apporter de la nourriture à une dizaine de familles Hmong, converties au catholicisme au cours des dernières années. À l’arrivée des visiteurs, les catholiques hmong de Den Thang se sont rassemblés dans une maison familiale afin de partager un repas simple.
« À cause de la difficulté d’accès, je ne suis venu ici qu’à trois reprises depuis que je suis arrivé dans la paroisse de Lao Chai, fin 2019 », confie le prêtre de 41 ans, qui ajoute qu’il cherche à acheter un terrain d’environ 600 m² afin d’y construire une chapelle. Le curé de la paroisse de Lao Chai, qui compte près de 1 400 fidèles, est assisté par deux religieuses. La plupart des paroissiens hmong vivent dans six antennes paroissiales et stations missionnaires, dont la plus éloignée est à 40 km du presbytère. La paroisse est située dans le district de Sa Pa, dans la province de Lao Cai, dans le nord-ouest du pays. Malgré le manque de moyens de la paroisse et la pauvreté des fidèles, ils cherchent à acheter des terrains afin de construire de nouvelles chapelles. Actuellement, la paroisse compte seulement quatre petites chapelles en bois, qui ont été construites par d’autres prêtres sur des terrains appartenant à des fidèles. Le père Giang, ordonné en 2017, explique que ces chapelles n’appartiennent aux paroissiens que sur le papier, la paroisse de Lao Chai n’ayant pas encore été reconnue par le gouvernement vietnamien. La paroisse de Lao Chai et celle de Sa Pa ont été séparées l’an dernier par le diocèse de Hung Hoa.
« J’essaie de célébrer la messe toutes les semaines dans les chapelles, pour maintenir une activité religieuse pour les habitants et pour soutenir leur vie de foi », confie le prêtre, qui précise que beaucoup de catéchumènes n’ont pas encore été baptisés. Le père Giang explique qu’il célèbre la messe en hmong et en vietnamien, pour que les locaux puissent préserver leur écriture et leur langue tout en améliorant leur maîtrise du vietnamien. Le prêtre ajoute qu’il est essentiel qu’ils parlent couramment le vietnamien pour pouvoir trouver du travail et éviter de se faire avoir par des commerçants avides, voire par des réseaux de trafic des personnes. Le prêtre est également responsable adjoint du Comité pastoral pour les minorités ethniques, chargé de la pastorale et de l’évangélisation des quelque 20 000 catholiques hmong du diocèse et des autres groupes ethniques. Le diocèse de Hung Hoa, le plus grand du pays en superficie, couvre une partie de Hanoï et neuf provinces montagneuses du nord-ouest. Le catholicisme a été apporté par les premiers missionnaires étrangers auprès des populations locales vers la fin du XIXe siècle.
Évangélisation et services pastoraux
Le père Giang s’est intéressé à l’évangélisation du peuple Hmong dès le séminaire. Il passait alors toutes ses vacances d’été auprès des communautés hmong des provinces de Lao Cai, de Son La et de Yen Bai. Il apprenait aussi leur langue et leur enseignait l’écriture hmong. Au cours des deux dernières années, le Comité pastoral pour les minorités ethniques a conçu un dictionnaire vietnamien-hmong et a organisé des universités d’été afin d’enseigner la langue hmong aux membres des conseils paroissiens, aux missionnaires laïcs et aux catéchistes. Sœur Marie Nguyen Thi Thu Huyen, de la congrégation des Amantes de la Croix, l’une des deux religieuses assistant le père Giang, explique qu’ils ont formé des groupes de laïcs missionnaires afin de les envoyer dans les villages pour qu’ils puissent parler des valeurs chrétiennes aux villageois, à l’occasion des mariages, des funérailles et des festivals culturels et religieux. Sœur Huyen ajoute que beaucoup de couples hmong n’ont pas encore été mariés à l’église. Elle explique que certaines femmes et leurs enfants se sont convertis, mais que peu d’hommes se sont convertis. Elle ajoute que certains hommes ont plusieurs épouses. Selon la tradition hmong, beaucoup de couples se marient encore vers l’âge de 14 ou 15 ans.
Les villageois hmong, qui cultivent le riz sur des terrasses rizicoles, manquent de nourriture environ quatre mois par an. Ils sont alors forcés d’emprunter de l’argent pour pouvoir survivre. Leurs terrasses rizicoles, dans la vallée de Muong Hoa, représentent une attraction touristique populaire dans la région, mais eux-mêmes n’en tirent que peu de bénéfices. Par ailleurs, ils manquent de routes d’accès et de couverture électrique, même si la région est couverte par dix centrales hydroélectriques. Les habitants des régions montagneuses sont forcés d’installer des générateurs hydroélectriques – fabriqués en Chine – afin d’avoir accès à l’électricité. « Je les aime bien, surtout qu’ils sont traités injustement », confie le père Giang, qui ajoute que les autorités locales demandent aux touristes de payer 75 000 dongs (2,74 €) par personne pour pouvoir accéder aux rizières, mais cet argent n’est pas partagé avec les villageois, pourtant propriétaires des terrasses rizicoles et résidents depuis plusieurs générations. « Nous travaillons tous les jours de 5 heures du matin à 22 heures, et encore plus le week-end quand nous devons visiter les communautés et assurer les services pastoraux auprès des chapelles locales », explique le père Giang. Le prêtre ajoute que les habitants, en plus de leur travail agricole, doivent aussi cuisiner, laver les vêtements, nettoyer les chapelles, réparer les canalisations et entretenir les systèmes électriques.
700 convertis Hmong par an
Le père Giang confie que les Hmong sont peu investis au service de la communauté, et qu’il essaie de changer cet état d’esprit en leur demandant d’entretenir leurs voisinages. Michael Lo A Lu, un des paroissiens hmong, assure qu’il est reconnaissant envers le travail du prêtre, qui s’occupe des personnes dans le besoin, qui s’efforce d’unir les communautés locales et qui les aide à arrondir leurs fins de mois en invitant les touristes catholiques à résider chez les catholiques hmong. Michael Lu, âgé de 42 ans et père de sept enfants, explique que les familles locales sont nombreuses et manquent souvent de nourriture. Joseph Sung A Lung, âgé de 39 ans, confie quant à lui que le père Giang célèbre la messe chez lui et qu’il invite les gens à vivre leur foi de manière authentique, quelles que soient les circonstances. « Le soutien moral et matériel du prêtre est pour nous une grande consolation. Cela nous aide beaucoup dans nos difficultés quotidiennes », assure ce père de cinq enfants. « Nous sommes fiers de notre prêtre, il nous traite comme sa propre famille. » Le père Pierre Pham Thanh Binh, curé de la paroisse de Sa Pa, confie de son côté que le nombre de catholiques hmong dans le district est passé de 1 000 en 2007 (quand il est arrivé dans la paroisse) à plus de 3 000 aujourd’hui, avec 3 paroisses ainsi que 15 antennes paroissiales et stations missionnaires. Cet été, en août, le père Binh, 49 ans, a baptisé 130 adultes et enfants Hmong dans la paroisse de Hau Thao, un record dans la région. Le diocèse de Hung Hoa enregistre environ 700 convertis hmong par an.
(Source; Églises d'Asie - le 27/10/2020, Avec Ucanews, Sa Pa)