L’annonce a été communiquée en même temps à Rome et à Hongkong: le 11 juillet dernier, à midi heure de Rome et six heures du soir heure locale, le pape François a nommé trois évêques auxiliaires pour le diocèse de Hongkong. Il a aussi demandé au cardinal John Tong Hon, qui est l’évêque du lieu depuis 2009 et qui fêtera son 75ème anniversaire ce 31 juillet, de rester en fonction trois années supplémentaires.
En 2009, quasiment dès son entrée en fonction, le cardinal Tong avait appelé à ses côtés trois vicaires généraux pour l’épauler dans sa mission. A l’approche de son 75ème anniversaire, date à laquelle les règles de l’Eglise catholique imposent à tout évêque de remettre sa démission au Saint-Père, à charge pour ce dernier de l’accepter ou non, les milieux ecclésiaux attendaient les nominations qui allaient être faites. Celles-ci n’ont donc pas constitué une surprise mais elles reflètent cependant des équilibres subtils et témoignent de la volonté de l’Eglise de rester un acteur important de la vie de la cité, y compris sur le plan politique.
Sur les trois vicaires généraux jusqu’à lors en poste, un seul devient évêque auxiliaire, tandis que deux nouvelles personnalités ont été choisies pour devenir évêques auxiliaires. Le Saint-Siège n’a toutefois pas choisi de nommer l’un des trois évêque coadjuteur, laissant ainsi ouverte la succession du cardinal Tong – qui devrait donc intervenir d’ici l’été 2017.
Le P. Michael Yeung Ming-cheung, qui fêtera ses 68 ans en décembre prochain, était, en tant que vicaire général, plus particulièrement responsable de l’administration diocésaine et des organes de communication et d’information du diocèse de Hongkong. Il devient évêque auxiliaire. Bien que né à Shanghai, son expérience de l’Eglise de Chine est plutôt mince, sinon à travers ses responsabilités à la tête de la Caritas locale et au sein du Conseil pontifical Cor Unum. Grandi à Hongkong, formé au grand séminaire local à l’âge de 26 ans (après une première expérience professionnelle dans l’import-export) et ayant été curé dans les paroisses érigées pour accompagner l’essor urbain dans les Nouveaux Territoires de Hongkong, Mgr Yeung connaît parfaitement le diocèse. Il a également été formé aux Etats-Unis, où il a étudié la communication. Très cultivé, fin politique et maîtrisant très bien la parole publique, Mgr Yeung a la réputation d’être un grand administrateur.
Lors de la conférence de presse que les trois nouveaux évêques auxiliaires ont donnée samedi dernier, Mgr Yeung n’a pas hésité à dire que, depuis le retour de Hongkong sous le drapeau chinois en 1997, des responsables de l’administration hongkongaise lui avaient fait part de leur désir de voir fermée la Commission ‘Justice et Paix’ du diocèse, commission trop critique au goût du gouvernement local; Mgr Yeung a précisé qu’il avait poliment mais clairement répondu par la négative à la demande des autorités. Sur le même registre, Mgr Yeung a déclaré que l’actuel gouvernement de Hongkong n’avait aucun besoin de se presser pour mettre un terme à la consultation populaire qu’il a ouverte au sujet du mode de scrutin électoral dans le territoire. Plus de 800 000 personnes viennent de prendre part à un référendum non officiel à Hongkong sur ce sujet et Mgr Yeung a précisé qu’« accorder plus de temps au dialogue serait se donner plus de chance de progresser [sur la question du suffrage universel à Hongkong] ».
Né à Hongkong, Mgr Stephen Lee Bun Sang devient évêque auxiliaire à l’âge de 57 ans. Etudiant en architecture à Londres, il y fait la rencontre de l’Opus Dei, dont il devient un « numéraire » (engagé à vie au célibat, à la pauvreté et à l’obéissance). Poursuivant ses études doctorales en Espagne, il a notamment travaillé sur l’application du droit canon dans le contexte particulier de l’Eglise en Chine. Ordonné prêtre en 1988, il a été responsable d’une importante école catholique de Kowloon, la Tak Sun School, puis assumé la responsabilité de vicaire régional pour l’Asie orientale au titre de l’Opus Dei. Il est membre de l’officialité du diocèse de Hongkong.
Le troisième évêque auxiliaire est Mgr Joseph Ha Chi-shing. Lui aussi est né à Hongkong. Après un début de carrière dans la banque, il est entré en 1984 chez les franciscains. Formé à Taiwan puis au grand séminaire de Hongkong, il a également étudié aux Etats-Unis. Elu deux fois de suite responsable de son ordre pour Hongkong, il a accueilli sa nomination à l’épiscopat comme une anormalité, les franciscains ayant vocation à œuvrer dans la discrétion. C’est toutefois une personnalité très affutée sur les questions de l’Eglise en Chine qui accède à l’épiscopat. Membre de la commission vaticane sur l’Eglise en Chine, il a donné des cours et prêché des retraites sur le continent. Réputé spirituel, il est aussi très engagé auprès des jeunes et sur les questions de justice. Lors des rassemblements commémorant les massacres de Tiananmen ce 4 juin et la rétrocession de Hongkong à la Chine ce 1er juillet, il animait, aux côtés du cardinal Zen, la prière célébrée par les chrétiens.
Ce samedi, lors de la conférence de presse organisée pour les trois nouveaux évêques, Mgr Ha s’est montré très direct en réponse à une question concernant Occupy Central, ce mouvement qui a annoncé que les artères menant au quartier de Central, sur l’île Victoria, cœur du quartier d’affaires de Hongkong, seront bloquées par 10 000 manifestants pacifiques au cas où le gouvernement ne propose pas une véritable réforme démocratique du mode de scrutin. « L’Eglise est très claire à ce sujet, a-t-il expliqué. La désobéissance civile est licite lorsque les autorités, qui devraient agir pour le bien commun de la société en étant guidées par des principes moraux, n’agissent pas pour le bien commun, ou bien si la législation est injuste. »
Interrogé sur un commentaire fait le 6 juillet dernier par l’archevêque anglican de Hongkong, Mgr Paul Kwong, affirmant que les Hongkongais devraient rester silencieux à l’image de « Jésus qui a gardé le silence » sur la croix, Mgr Ha a répondu que « la Bible était un livre épais » et qu’il n’y avait rien de mal à exprimer son opinion pour autant que celle-ci soit énoncée de manière légale. Ce à quoi Mgr Yeung a ajouté que l’Eglise n’encourageait ni ne décourageait ses fidèles à prendre part au mouvement Occupy Central, et qu’elle offrirait son assistance à tous ceux qui viendraient à être arrêtés.
Les ordinations des trois nouveaux évêques devraient avoir lieu le samedi 30 août 2014. Quant aux deux vicaires généraux restants, le cardinal Tong a annoncé que le P. Dominic Chan Chi-ming conservait sa fonction et que le P. Pierre Lam Minh, membre de la Société des Missions Etrangères de Paris, prenait une année sabbatique au Canada et était déchargé à sa demande de sa fonction de vicaire général.
Une fois les trois évêques ordonnés, le diocèse de Hongkong présentera la particularité d’être un diocèse en terre chinoise doté de deux cardinaux (l’évêque émérite Mgr Joseph Zen Ze-kiun et l’évêque actuel Mgr John Tong Hong) et trois évêques auxiliaires. La ville de Hongkong (7,2 millions d’habitants) compte 374 000 catholiques locaux et 189 000 catholiques étrangers (des employées de maison originaires des Philippines en grande partie). (eda/ra)
Légende photo: Les trois nouveaux évêques auxiliaires de Hongkong (de gauche à droite), Mgr Joseph Ha, Mgr Michael Yeung et Mgr Stephen Lee.
(Source: Eglises d'Asie, le 14 juillet 2014)
Sur les trois vicaires généraux jusqu’à lors en poste, un seul devient évêque auxiliaire, tandis que deux nouvelles personnalités ont été choisies pour devenir évêques auxiliaires. Le Saint-Siège n’a toutefois pas choisi de nommer l’un des trois évêque coadjuteur, laissant ainsi ouverte la succession du cardinal Tong – qui devrait donc intervenir d’ici l’été 2017.
Le P. Michael Yeung Ming-cheung, qui fêtera ses 68 ans en décembre prochain, était, en tant que vicaire général, plus particulièrement responsable de l’administration diocésaine et des organes de communication et d’information du diocèse de Hongkong. Il devient évêque auxiliaire. Bien que né à Shanghai, son expérience de l’Eglise de Chine est plutôt mince, sinon à travers ses responsabilités à la tête de la Caritas locale et au sein du Conseil pontifical Cor Unum. Grandi à Hongkong, formé au grand séminaire local à l’âge de 26 ans (après une première expérience professionnelle dans l’import-export) et ayant été curé dans les paroisses érigées pour accompagner l’essor urbain dans les Nouveaux Territoires de Hongkong, Mgr Yeung connaît parfaitement le diocèse. Il a également été formé aux Etats-Unis, où il a étudié la communication. Très cultivé, fin politique et maîtrisant très bien la parole publique, Mgr Yeung a la réputation d’être un grand administrateur.
Lors de la conférence de presse que les trois nouveaux évêques auxiliaires ont donnée samedi dernier, Mgr Yeung n’a pas hésité à dire que, depuis le retour de Hongkong sous le drapeau chinois en 1997, des responsables de l’administration hongkongaise lui avaient fait part de leur désir de voir fermée la Commission ‘Justice et Paix’ du diocèse, commission trop critique au goût du gouvernement local; Mgr Yeung a précisé qu’il avait poliment mais clairement répondu par la négative à la demande des autorités. Sur le même registre, Mgr Yeung a déclaré que l’actuel gouvernement de Hongkong n’avait aucun besoin de se presser pour mettre un terme à la consultation populaire qu’il a ouverte au sujet du mode de scrutin électoral dans le territoire. Plus de 800 000 personnes viennent de prendre part à un référendum non officiel à Hongkong sur ce sujet et Mgr Yeung a précisé qu’« accorder plus de temps au dialogue serait se donner plus de chance de progresser [sur la question du suffrage universel à Hongkong] ».
Né à Hongkong, Mgr Stephen Lee Bun Sang devient évêque auxiliaire à l’âge de 57 ans. Etudiant en architecture à Londres, il y fait la rencontre de l’Opus Dei, dont il devient un « numéraire » (engagé à vie au célibat, à la pauvreté et à l’obéissance). Poursuivant ses études doctorales en Espagne, il a notamment travaillé sur l’application du droit canon dans le contexte particulier de l’Eglise en Chine. Ordonné prêtre en 1988, il a été responsable d’une importante école catholique de Kowloon, la Tak Sun School, puis assumé la responsabilité de vicaire régional pour l’Asie orientale au titre de l’Opus Dei. Il est membre de l’officialité du diocèse de Hongkong.
Le troisième évêque auxiliaire est Mgr Joseph Ha Chi-shing. Lui aussi est né à Hongkong. Après un début de carrière dans la banque, il est entré en 1984 chez les franciscains. Formé à Taiwan puis au grand séminaire de Hongkong, il a également étudié aux Etats-Unis. Elu deux fois de suite responsable de son ordre pour Hongkong, il a accueilli sa nomination à l’épiscopat comme une anormalité, les franciscains ayant vocation à œuvrer dans la discrétion. C’est toutefois une personnalité très affutée sur les questions de l’Eglise en Chine qui accède à l’épiscopat. Membre de la commission vaticane sur l’Eglise en Chine, il a donné des cours et prêché des retraites sur le continent. Réputé spirituel, il est aussi très engagé auprès des jeunes et sur les questions de justice. Lors des rassemblements commémorant les massacres de Tiananmen ce 4 juin et la rétrocession de Hongkong à la Chine ce 1er juillet, il animait, aux côtés du cardinal Zen, la prière célébrée par les chrétiens.
Ce samedi, lors de la conférence de presse organisée pour les trois nouveaux évêques, Mgr Ha s’est montré très direct en réponse à une question concernant Occupy Central, ce mouvement qui a annoncé que les artères menant au quartier de Central, sur l’île Victoria, cœur du quartier d’affaires de Hongkong, seront bloquées par 10 000 manifestants pacifiques au cas où le gouvernement ne propose pas une véritable réforme démocratique du mode de scrutin. « L’Eglise est très claire à ce sujet, a-t-il expliqué. La désobéissance civile est licite lorsque les autorités, qui devraient agir pour le bien commun de la société en étant guidées par des principes moraux, n’agissent pas pour le bien commun, ou bien si la législation est injuste. »
Interrogé sur un commentaire fait le 6 juillet dernier par l’archevêque anglican de Hongkong, Mgr Paul Kwong, affirmant que les Hongkongais devraient rester silencieux à l’image de « Jésus qui a gardé le silence » sur la croix, Mgr Ha a répondu que « la Bible était un livre épais » et qu’il n’y avait rien de mal à exprimer son opinion pour autant que celle-ci soit énoncée de manière légale. Ce à quoi Mgr Yeung a ajouté que l’Eglise n’encourageait ni ne décourageait ses fidèles à prendre part au mouvement Occupy Central, et qu’elle offrirait son assistance à tous ceux qui viendraient à être arrêtés.
Les ordinations des trois nouveaux évêques devraient avoir lieu le samedi 30 août 2014. Quant aux deux vicaires généraux restants, le cardinal Tong a annoncé que le P. Dominic Chan Chi-ming conservait sa fonction et que le P. Pierre Lam Minh, membre de la Société des Missions Etrangères de Paris, prenait une année sabbatique au Canada et était déchargé à sa demande de sa fonction de vicaire général.
Une fois les trois évêques ordonnés, le diocèse de Hongkong présentera la particularité d’être un diocèse en terre chinoise doté de deux cardinaux (l’évêque émérite Mgr Joseph Zen Ze-kiun et l’évêque actuel Mgr John Tong Hong) et trois évêques auxiliaires. La ville de Hongkong (7,2 millions d’habitants) compte 374 000 catholiques locaux et 189 000 catholiques étrangers (des employées de maison originaires des Philippines en grande partie). (eda/ra)
Légende photo: Les trois nouveaux évêques auxiliaires de Hongkong (de gauche à droite), Mgr Joseph Ha, Mgr Michael Yeung et Mgr Stephen Lee.
(Source: Eglises d'Asie, le 14 juillet 2014)