«Le pasteur doit porter sur soi l’odeur de ses brebis» (Le pape François à la messe chrismale 2013)
L'un des derniers actes du pape Benoît XVI avant son renoncement au pontificat, avait été la nomination de l’évêque auxiliaire de Xuân Lôc, Mgr Joseph Dinh Duc Dao. Parmi les premiers évêques nommés par le nouveau pape François se trouvent aussi deux évêques auxiliaires pour le Vietnam : Mgr Alphonse Nguyên Huu Long pour le diocèse de Hung Hoa et Mgr Pierre Nguyên Van Viên pour le diocèse de Vinh
Ces deux nominations ont été annoncées le 15 juin 2013. Entre leur nomination et l’ordination épiscopale, les deux évêques ont chacun accordé une interview où ils se sont exprimés sur leur nouvelle mission. Eglises d’Asie a déjà publié la traduction française de l’entretien de l’évêque auxiliaire de Vinh avec Radio Free Asia.
La rédaction d’Eglises d’Asie traduit et publie aujourd’hui une interview accordée par le futur évêque auxiliaire de Hung Hoa à l’agence vietnamienne VietCatholic News (1). Elle permettra à nos lecteurs d’enrichir leur connaissance de la vie de l’Eglise dans cette région particulière du Vietnam. En effet, le futur évêque nous parle en termes concrets de l’immense diocèse du Nord-Ouest vietnamien où il est affecté ainsi que de la mission qu’il compte y mener.
Des renseignements précieux nous sont également donnés sur l’itinéraire parcouru par une génération de prêtres (ayant aujourd’hui dépassé la cinquantaine) qui ont accédé au sacerdoce à l’issue d’une formation rendue difficile, quelquefois héroïque, par les aléas de l’histoire récente. Cette interview nous apprend également comment les nouveaux évêques vietnamiens envisagent aujourd’hui leur mission, et l’influence que peut exercer le nouveau pape François en ce domaine.
VietCatholic News : Pourriez-vous nous faire connaître les caractéristiques principales du diocèse où vous allez accomplir votre ministère ?
Mgr Nguyên Huu Long : À vrai dire, je n’ai pas encore une grande connaissance du diocèse de Hung Hoa malgré les quelques visites que j’y ai effectuées. Par mes recherches personnelles, je sais surtout qu’il s’agit d’un immense diocèse composé de neuf provinces du Nord-Ouest auxquelles il faut ajouter un sixième du territoire de la ville de Hanoï.
Il y a 71 prêtres ; cinq d’entre eux sont à la retraite, cinq autres en séjour d’études à l’étranger. Il ne reste donc que 61 prêtres pour plus de 200 000 fidèles. La paroisse la plus éloignée est Muong Te ; elle est située à 750 km de l’évêché. Le P. Nguyen Trung Thoai, chancelier de l’évêché, parcourt chaque fin de semaine près de 900 km pour assurer le ministère pastoral à Son La. Un membre du clergé local m’a confié qu’il faudrait encore cent prêtres de plus pour répondre aux besoins actuels. L’immensité du territoire, l’omniprésence des montagnes et le délabrement des routes rendent le ministère pastoral des prêtres pénible et fatigant.
De plus, il ne suffit pas de s’occuper des catholiques pratiquants… La mission reste la tâche primordiale. Dans cette région, vivent de nombreuses minorités ethniques dont les appellations sont pratiquement inconnues de la majorité des gens. Ce sont les Dao, les San Chay, les Kho Mu, les Ha Nhi, les La Chi, les Phu La, les San Chi, les Bô Y, etc. Par ailleurs, cette région frontalière de la Chine et du Laos, abrite certains fléaux sociaux. Cependant, malgré ces problèmes préoccupants, je reste pleinement confiant, abandonné entre les mains de Dieu et prêt à m’engager dans ce ministère.
Comment vous préparez -vous à exercer votre ministère dans un diocèse aussi vaste, aussi géographiquement accidenté, et au milieu de si nombreux fidèles ?
Je n’ai encore rien préparé ! Comme je suis évêque auxiliaire, mon guide sera l’évêque du diocèse. C’est lui qui m’indiquera les orientations à suivre. Je m’instruirai aussi auprès des prêtres. Par ailleurs, j’ai besoin de temps pour faire connaissance avec le diocèse et savoir ce qu’il faut faire et comment le faire. Bref, je suivrai la méthode des mouvements d’action catholique, à savoir : « Voir, juger, agir ».
Pourriez-vous nous parler de votre itinéraire spirituel ?
Mon itinéraire, comme celui de mes confrères séminaristes de cette époque, n’a pas été sans encombre. Je suis entré au petit séminaire Saint Jean de Da Nang à 12 ans et j’y ai passé sept merveilleuses années d’études. Après les événements de 1975, bien que le séminaire ait fermé ses portes, j’ai eu la chance de pouvoir étudier la théologie pendant trois ans à l’évêché de Da Nang, tout en exerçant de petits métiers pour survivre. J’ai été teinturier, coiffeur, rouleur de cigarettes… Autant de souvenirs dont certains me font encore aujourd’hui rire aux éclats. À la fin de l’année 1978, j’ai commencé mon ‘service social’ qui a duré trois ans et demi dans un chantier de travaux hydrauliques (creusement de canaux d’irrigation) à Phu Ninh. À mon retour, pendant huit ans encore, j’ai mené une vie où étaient associés les travaux manuels et la formation religieuse en vue du sacerdoce.
C’est le 27 décembre 1990 que j’ai été ordonné prêtre et nommé vicaire pour la paroisse de Tam Ky, où je suis resté quatre ans. De 1994 à 1998, j’ai été envoyé poursuivre des études de droit canon à l’institut catholique de Paris. Revenu au pays, j’ai d’abord été chargé de la paroisse de Ha Lam pendant deux ans, puis pendant trois ans, de celle de Tra Kiêu qui est le centre marial du diocèse. En même temps, j’ai été chargé de cours au grand séminaire de Huê.
En 2003, j’ai été agrégé à la société des prêtres de Saint-Sulpice et affecté à la formation sacerdotale au grand séminaire. Malgré les épreuves objectives rencontrées durant la période 1975-1990, j’ai pu, grâce à Dieu, conserver ma vocation.
Vous avez été successivement curé de paroisse, professeur et directeur du séminaire. Quelle est selon vous la priorité pour le travail pastoral au sein du diocèse ?
Le travail pastoral est aussi appelé « le soin des âmes » (Cura animarum). La première priorité des pasteurs est donc le soin des âmes des fidèles. Le psaume 22 nous offre un tableau de l’action pastorale : le berger conduit les brebis vers des prés d’herbe verte, vers des sources d’eau fraîche. Il s’occupe de leur santé et les guérit de leurs maladies. Il ne les laisse pas s’égarer et empêche les loups d’approcher… Dans le diocèse de Hung Hoa, il y a beaucoup de communautés sans prêtres depuis plus de trente ou même quarante ans. Les fidèles gardent toujours leur foi. Plusieurs d’entre eux ne peuvent participer à la messe qu’une ou deux fois par an. Nous devons éprouver davantage de compassion pour eux comme le Christ Jésus autrefois, « car ils sont désemparés comme des brebis sans berger ».
La seconde priorité découle de la première ; il faut se préoccuper de former des bons pasteurs. Jusqu’à présent, Hung Hoa continue de bénéficier de nombreuses vocations sacerdotales et religieuses. Beaucoup de jeunes veulent travailler dans le champ du Seigneur. Il faut les aider à réaliser leur précieuse vocation.
Troisième priorité : face à un certain nombre de réalités attristantes comme la pauvreté, l’analphabétisme et différents fléaux sociaux…, je reste inquiet, ne sachant pas ce que je pourrais faire pour les éliminer.
En résumé, l’édification de l’homme est prioritaire. Elle précède toute autre édification.
Vous êtes l’un des premiers évêques nommés par le pape François. Pouvez-vous partager avec nous quelques-uns des sentiments que vous éprouvez et les aspirations qui sont les vôtres au moment où vous vous préparez à recevoir cette nouvelle mission ?
Le pape François a déjà gagné le cœur de tous depuis qu’il a été choisi comme souverain pontife. Il a donné à l’Eglise une nouvelle orientation, en choisissant de vivre simplement, dans le dépouillement, la proximité avec chacun et la fraternité avec tous. Alors qu’il est devenu pape, il se souvient encore d’un jardinier, d’un cordonnier, d’un religieux qu’il connaît. Il s’agenouille pour laver les pieds de jeunes délinquants dans leur camp d’internement, et célèbre sa messe matinale dans une petite chapelle pour que les fidèles puissent y assister. Je me réjouis évidemment d’être parmi les premiers évêques de son pontificat.
J’ai été impressionné par une phrase de son homélie de la messe chrismale de cette année et je l’ai choisie pour en faire ma devise épiscopale : « Soyez les pasteurs portant sur eux l’odeur de leurs brebis ». Je souhaite vivre tout proche de mon troupeau, partager ses douleurs et ses difficultés, accepter que ses infirmités soient les miennes. Jésus nous a donné l’exemple : « Pourtant, c'étaient nos souffrances qu'il portait, nos douleurs dont il était chargé » (Is. 53,4). Il n’a pas craint de manger avec les collecteurs d’impôts, de fréquenter les miséreux, de se pencher sur les malades et les infirmes. C’est pour m’engager sur le même chemin que le pape François, que j’ai demandé à être ordonné à Hung Hoa afin de me plonger, dès la première minute, au cœur même du peuple de Dieu.
Nous voudrions vous poser une question de caractère un peu intime et vous interroger sur votre famille dans laquelle trois enfants ont été appelés à devenir prêtres.
Notre famille a reçu la grâce de pouvoir offrir au Seigneur trois de ses enfants : mon frère aîné, curé de Tam Ky dans le diocèse de Da Nang ; mon frère cadet, prêtre dans le diocèse de Régina au Canada et moi-même. Mes parents, mes frères et sœurs sont des fidèles modestes qui n’ont que très peu étudié. Mais ils aiment le Seigneur et mènent une vie religieuse irréprochable. Ma famille a conservé une excellente habitude : ne jamais oublier la prière du soir. Mes parents ont l’habitude de dire : « chaque jour, il nous est accordé tant de grâces ! Comment ne pas remercier le Seigneur quand vient le soir… ».
Durant les années difficiles, lorsque mes parents ont été obligés d’aller vivre dans une zone « d’économie nouvelle », mes deux frères ont décidé de revenir dans leur famille pour les aider mais nos parents leur ont déclaré : « Poursuivez votre chemin avec le Seigneur, ne vous préoccupez pas des membres de votre famille et considérez- les comme s’ils étaient morts ». Dans les lettres qu’il nous écrivait, notre père avait l’habitude de terminer ainsi : « Vos parents et vos frères prient le Seigneur pour que vous persévériez dans la maison du Seigneur ». Je pense que c’est grâce à l’attitude de mes parents que nous avons été choisis par le Seigneur.
(1) VietCatholic News, 2 juillet 2013.
(Source: Eglises d'Asie, 5 juillet 2013)
L'un des derniers actes du pape Benoît XVI avant son renoncement au pontificat, avait été la nomination de l’évêque auxiliaire de Xuân Lôc, Mgr Joseph Dinh Duc Dao. Parmi les premiers évêques nommés par le nouveau pape François se trouvent aussi deux évêques auxiliaires pour le Vietnam : Mgr Alphonse Nguyên Huu Long pour le diocèse de Hung Hoa et Mgr Pierre Nguyên Van Viên pour le diocèse de Vinh
Ces deux nominations ont été annoncées le 15 juin 2013. Entre leur nomination et l’ordination épiscopale, les deux évêques ont chacun accordé une interview où ils se sont exprimés sur leur nouvelle mission. Eglises d’Asie a déjà publié la traduction française de l’entretien de l’évêque auxiliaire de Vinh avec Radio Free Asia.
La rédaction d’Eglises d’Asie traduit et publie aujourd’hui une interview accordée par le futur évêque auxiliaire de Hung Hoa à l’agence vietnamienne VietCatholic News (1). Elle permettra à nos lecteurs d’enrichir leur connaissance de la vie de l’Eglise dans cette région particulière du Vietnam. En effet, le futur évêque nous parle en termes concrets de l’immense diocèse du Nord-Ouest vietnamien où il est affecté ainsi que de la mission qu’il compte y mener.
Des renseignements précieux nous sont également donnés sur l’itinéraire parcouru par une génération de prêtres (ayant aujourd’hui dépassé la cinquantaine) qui ont accédé au sacerdoce à l’issue d’une formation rendue difficile, quelquefois héroïque, par les aléas de l’histoire récente. Cette interview nous apprend également comment les nouveaux évêques vietnamiens envisagent aujourd’hui leur mission, et l’influence que peut exercer le nouveau pape François en ce domaine.
VietCatholic News : Pourriez-vous nous faire connaître les caractéristiques principales du diocèse où vous allez accomplir votre ministère ?
Mgr Nguyên Huu Long : À vrai dire, je n’ai pas encore une grande connaissance du diocèse de Hung Hoa malgré les quelques visites que j’y ai effectuées. Par mes recherches personnelles, je sais surtout qu’il s’agit d’un immense diocèse composé de neuf provinces du Nord-Ouest auxquelles il faut ajouter un sixième du territoire de la ville de Hanoï.
Il y a 71 prêtres ; cinq d’entre eux sont à la retraite, cinq autres en séjour d’études à l’étranger. Il ne reste donc que 61 prêtres pour plus de 200 000 fidèles. La paroisse la plus éloignée est Muong Te ; elle est située à 750 km de l’évêché. Le P. Nguyen Trung Thoai, chancelier de l’évêché, parcourt chaque fin de semaine près de 900 km pour assurer le ministère pastoral à Son La. Un membre du clergé local m’a confié qu’il faudrait encore cent prêtres de plus pour répondre aux besoins actuels. L’immensité du territoire, l’omniprésence des montagnes et le délabrement des routes rendent le ministère pastoral des prêtres pénible et fatigant.
De plus, il ne suffit pas de s’occuper des catholiques pratiquants… La mission reste la tâche primordiale. Dans cette région, vivent de nombreuses minorités ethniques dont les appellations sont pratiquement inconnues de la majorité des gens. Ce sont les Dao, les San Chay, les Kho Mu, les Ha Nhi, les La Chi, les Phu La, les San Chi, les Bô Y, etc. Par ailleurs, cette région frontalière de la Chine et du Laos, abrite certains fléaux sociaux. Cependant, malgré ces problèmes préoccupants, je reste pleinement confiant, abandonné entre les mains de Dieu et prêt à m’engager dans ce ministère.
Comment vous préparez -vous à exercer votre ministère dans un diocèse aussi vaste, aussi géographiquement accidenté, et au milieu de si nombreux fidèles ?
Je n’ai encore rien préparé ! Comme je suis évêque auxiliaire, mon guide sera l’évêque du diocèse. C’est lui qui m’indiquera les orientations à suivre. Je m’instruirai aussi auprès des prêtres. Par ailleurs, j’ai besoin de temps pour faire connaissance avec le diocèse et savoir ce qu’il faut faire et comment le faire. Bref, je suivrai la méthode des mouvements d’action catholique, à savoir : « Voir, juger, agir ».
Pourriez-vous nous parler de votre itinéraire spirituel ?
Mon itinéraire, comme celui de mes confrères séminaristes de cette époque, n’a pas été sans encombre. Je suis entré au petit séminaire Saint Jean de Da Nang à 12 ans et j’y ai passé sept merveilleuses années d’études. Après les événements de 1975, bien que le séminaire ait fermé ses portes, j’ai eu la chance de pouvoir étudier la théologie pendant trois ans à l’évêché de Da Nang, tout en exerçant de petits métiers pour survivre. J’ai été teinturier, coiffeur, rouleur de cigarettes… Autant de souvenirs dont certains me font encore aujourd’hui rire aux éclats. À la fin de l’année 1978, j’ai commencé mon ‘service social’ qui a duré trois ans et demi dans un chantier de travaux hydrauliques (creusement de canaux d’irrigation) à Phu Ninh. À mon retour, pendant huit ans encore, j’ai mené une vie où étaient associés les travaux manuels et la formation religieuse en vue du sacerdoce.
C’est le 27 décembre 1990 que j’ai été ordonné prêtre et nommé vicaire pour la paroisse de Tam Ky, où je suis resté quatre ans. De 1994 à 1998, j’ai été envoyé poursuivre des études de droit canon à l’institut catholique de Paris. Revenu au pays, j’ai d’abord été chargé de la paroisse de Ha Lam pendant deux ans, puis pendant trois ans, de celle de Tra Kiêu qui est le centre marial du diocèse. En même temps, j’ai été chargé de cours au grand séminaire de Huê.
En 2003, j’ai été agrégé à la société des prêtres de Saint-Sulpice et affecté à la formation sacerdotale au grand séminaire. Malgré les épreuves objectives rencontrées durant la période 1975-1990, j’ai pu, grâce à Dieu, conserver ma vocation.
Vous avez été successivement curé de paroisse, professeur et directeur du séminaire. Quelle est selon vous la priorité pour le travail pastoral au sein du diocèse ?
Le travail pastoral est aussi appelé « le soin des âmes » (Cura animarum). La première priorité des pasteurs est donc le soin des âmes des fidèles. Le psaume 22 nous offre un tableau de l’action pastorale : le berger conduit les brebis vers des prés d’herbe verte, vers des sources d’eau fraîche. Il s’occupe de leur santé et les guérit de leurs maladies. Il ne les laisse pas s’égarer et empêche les loups d’approcher… Dans le diocèse de Hung Hoa, il y a beaucoup de communautés sans prêtres depuis plus de trente ou même quarante ans. Les fidèles gardent toujours leur foi. Plusieurs d’entre eux ne peuvent participer à la messe qu’une ou deux fois par an. Nous devons éprouver davantage de compassion pour eux comme le Christ Jésus autrefois, « car ils sont désemparés comme des brebis sans berger ».
La seconde priorité découle de la première ; il faut se préoccuper de former des bons pasteurs. Jusqu’à présent, Hung Hoa continue de bénéficier de nombreuses vocations sacerdotales et religieuses. Beaucoup de jeunes veulent travailler dans le champ du Seigneur. Il faut les aider à réaliser leur précieuse vocation.
Troisième priorité : face à un certain nombre de réalités attristantes comme la pauvreté, l’analphabétisme et différents fléaux sociaux…, je reste inquiet, ne sachant pas ce que je pourrais faire pour les éliminer.
En résumé, l’édification de l’homme est prioritaire. Elle précède toute autre édification.
Vous êtes l’un des premiers évêques nommés par le pape François. Pouvez-vous partager avec nous quelques-uns des sentiments que vous éprouvez et les aspirations qui sont les vôtres au moment où vous vous préparez à recevoir cette nouvelle mission ?
Le pape François a déjà gagné le cœur de tous depuis qu’il a été choisi comme souverain pontife. Il a donné à l’Eglise une nouvelle orientation, en choisissant de vivre simplement, dans le dépouillement, la proximité avec chacun et la fraternité avec tous. Alors qu’il est devenu pape, il se souvient encore d’un jardinier, d’un cordonnier, d’un religieux qu’il connaît. Il s’agenouille pour laver les pieds de jeunes délinquants dans leur camp d’internement, et célèbre sa messe matinale dans une petite chapelle pour que les fidèles puissent y assister. Je me réjouis évidemment d’être parmi les premiers évêques de son pontificat.
J’ai été impressionné par une phrase de son homélie de la messe chrismale de cette année et je l’ai choisie pour en faire ma devise épiscopale : « Soyez les pasteurs portant sur eux l’odeur de leurs brebis ». Je souhaite vivre tout proche de mon troupeau, partager ses douleurs et ses difficultés, accepter que ses infirmités soient les miennes. Jésus nous a donné l’exemple : « Pourtant, c'étaient nos souffrances qu'il portait, nos douleurs dont il était chargé » (Is. 53,4). Il n’a pas craint de manger avec les collecteurs d’impôts, de fréquenter les miséreux, de se pencher sur les malades et les infirmes. C’est pour m’engager sur le même chemin que le pape François, que j’ai demandé à être ordonné à Hung Hoa afin de me plonger, dès la première minute, au cœur même du peuple de Dieu.
Nous voudrions vous poser une question de caractère un peu intime et vous interroger sur votre famille dans laquelle trois enfants ont été appelés à devenir prêtres.
Notre famille a reçu la grâce de pouvoir offrir au Seigneur trois de ses enfants : mon frère aîné, curé de Tam Ky dans le diocèse de Da Nang ; mon frère cadet, prêtre dans le diocèse de Régina au Canada et moi-même. Mes parents, mes frères et sœurs sont des fidèles modestes qui n’ont que très peu étudié. Mais ils aiment le Seigneur et mènent une vie religieuse irréprochable. Ma famille a conservé une excellente habitude : ne jamais oublier la prière du soir. Mes parents ont l’habitude de dire : « chaque jour, il nous est accordé tant de grâces ! Comment ne pas remercier le Seigneur quand vient le soir… ».
Durant les années difficiles, lorsque mes parents ont été obligés d’aller vivre dans une zone « d’économie nouvelle », mes deux frères ont décidé de revenir dans leur famille pour les aider mais nos parents leur ont déclaré : « Poursuivez votre chemin avec le Seigneur, ne vous préoccupez pas des membres de votre famille et considérez- les comme s’ils étaient morts ». Dans les lettres qu’il nous écrivait, notre père avait l’habitude de terminer ainsi : « Vos parents et vos frères prient le Seigneur pour que vous persévériez dans la maison du Seigneur ». Je pense que c’est grâce à l’attitude de mes parents que nous avons été choisis par le Seigneur.
(1) VietCatholic News, 2 juillet 2013.
(Source: Eglises d'Asie, 5 juillet 2013)