L’attention de tous étant tournée vers les négociations entre le Saint-Siège et le Vietnam qui se déroulaient à Hanoi, les 27 et 28 février derniers, d’importantes interventions gouvernementales dans le domaine religieux à cette même période ont pu rester dans l’ombre. Pourtant, celles-ci semblent suggérer une certaine transformation de la politique religieuse de l’Etat vietnamien, ...
... plus particulièrement dans l’un de ses organes essentiels, le Bureau gouvernemental des Affaires religieuses.
Le signe le plus frappant de cette évolution est sans doute la nomination d’un officier supérieur de la Sécurité comme nouveau responsable de cet organisme. Un second événement semble marquer un certain retour en arrière dans le règlement des conflits de propriétés foncières. Alors que la question des propriétés religieuses n’a pas été évoquée dans le communiqué commun Saint-Siège - Vietnam du 28 février, qui a suivi la rencontre entre les délégués romains et les représentants du gouvernement vietnamien, elle a été directement abordée dans des déclarations importantes d’un Vice-Premier ministre. Elle aussi semble là aussi annoncer un retour vers la rigueur.
Le 18 février dernier, le Premier ministre Nguyên Tân Dung nommait un officier supérieur de la Sécurité publique, le général Pham Dung, au poste de secrétaire d’Etat à l’Intérieur chargé du Bureau gouvernemental des Affaires religieuses. Cette décision avait au préalable reçu l’accord du secrétariat général du Parti. Le général était jusque-là responsable du Service des Renseignements généraux. Toute sa carrière a été consacrée au service des affaires de sécurité nationale aussi bien dans le domaine politique que dans celui des communications, indique la notice officielle au sujet de cette nomination.
La nomination d’un officier supérieur de la police, spécialisé dans le renseignement intérieur et la sécurité, au poste de secrétaire d’Etat à l’Intérieur chargé du Bureau des Affaires religieuses n’a pas manqué de surprendre. Le nouveau directeur est le premier policier nommé à la tête des Affaires religieuses depuis sa création en 1955. Aucun des 14 directeurs qui se sont succédé à ce poste depuis cette époque n’appartenait à la Sécurité publique ou à la police. Certes, on savait que cet organisme était placé directement sous le contrôle du ministère de l’Intérieur et que son rôle n’est pas précisément d’encourager l’exercice de la religion. Mais, officiellement, le Bureau des Affaires religieuses était seulement chargé d’appliquer la ligne politique du Parti et de l’Etat en matière religieuse. Les problèmes posés ces derniers temps par les revendications d’un certain nombre de communautés religieuses en matière de propriétés foncières ou immobilières, de liberté d’expression et d’action sociale, a conduit le ministère de l’Intérieur à resserrer les liens avec l’organisme chargé des religions. La preuve de ces liens a été récemment donnée avec la nomination de l’ancien directeur du Bureau au poste de ministre de l’Intérieur, il y a sept mois. De nombreux observateurs s’interrogent aujourd’hui sur l’évolution présente de la politique religieuse. Le Bureau des Affaires religieuses serait-il désormais devenu un outil de la Sécurité publique auprès des communautés religieuses ?
Un deuxième événement a, lui aussi, retenu l’attention. Le 28 février 2012, le communiqué commun, publié à l’issue de la réunion du groupe mixte de travail Saint-Siège-Vietnam, avait évité de mentionner les points de vue respectifs des deux parties sur la question épineuse des propriétés d’Eglise spoliées par l’Etat. La même discrétion n’a pas été observée dans le compte rendu, publié le même jour par presse officielle, d’une intervention du Vice-Premier ministre Nguyên Xuân Phuc à une réunion destinée à faire le bilan de l’action gouvernementale en matière religieuse au cours de ces dernières années. Entre autres choses, il était question d’estimer les résultats de trois années d’application d’une directive du Premier ministre publiée en janvier 2009 et intitulé « Directive N° 1940/CT-TTg ». En réalité, celle-ci ne faisait qu’officialiser la solution adoptée par les autorités étatiques lors des conflits de l’ancienne Délégation apostolique et de la paroisse de Thai Ha à Hanoi. Aucun espoir n’était donné aux communautés religieuses de récupérer les propriétés spoliées.
Selon les propos du Vice-Premier ministre, cette directive aurait eu des conséquences favorables et aurait renforcée la confiance de la population à l’égard du gouvernement. Le Vice-Premier ministre a noté une baisse notable des plaintes concernant les propriétés religieuses. Les « point chauds » (conflits violents entre les fidèles et les autorités) auraient diminué d’intensité. Si le Vice-Premier ministre invite le Bureau des Affaires religieuses à faire preuve de délicatesse et de jugement dans ses affaires de terrain, nulle part il ne laisse espérer que les organisations religieuses pourront un jour récupérer les propriétés accaparées par l’Etat.
(Source: Eglises d'Asie, 6 mars 2012)
... plus particulièrement dans l’un de ses organes essentiels, le Bureau gouvernemental des Affaires religieuses.
Le signe le plus frappant de cette évolution est sans doute la nomination d’un officier supérieur de la Sécurité comme nouveau responsable de cet organisme. Un second événement semble marquer un certain retour en arrière dans le règlement des conflits de propriétés foncières. Alors que la question des propriétés religieuses n’a pas été évoquée dans le communiqué commun Saint-Siège - Vietnam du 28 février, qui a suivi la rencontre entre les délégués romains et les représentants du gouvernement vietnamien, elle a été directement abordée dans des déclarations importantes d’un Vice-Premier ministre. Elle aussi semble là aussi annoncer un retour vers la rigueur.
Le 18 février dernier, le Premier ministre Nguyên Tân Dung nommait un officier supérieur de la Sécurité publique, le général Pham Dung, au poste de secrétaire d’Etat à l’Intérieur chargé du Bureau gouvernemental des Affaires religieuses. Cette décision avait au préalable reçu l’accord du secrétariat général du Parti. Le général était jusque-là responsable du Service des Renseignements généraux. Toute sa carrière a été consacrée au service des affaires de sécurité nationale aussi bien dans le domaine politique que dans celui des communications, indique la notice officielle au sujet de cette nomination.
La nomination d’un officier supérieur de la police, spécialisé dans le renseignement intérieur et la sécurité, au poste de secrétaire d’Etat à l’Intérieur chargé du Bureau des Affaires religieuses n’a pas manqué de surprendre. Le nouveau directeur est le premier policier nommé à la tête des Affaires religieuses depuis sa création en 1955. Aucun des 14 directeurs qui se sont succédé à ce poste depuis cette époque n’appartenait à la Sécurité publique ou à la police. Certes, on savait que cet organisme était placé directement sous le contrôle du ministère de l’Intérieur et que son rôle n’est pas précisément d’encourager l’exercice de la religion. Mais, officiellement, le Bureau des Affaires religieuses était seulement chargé d’appliquer la ligne politique du Parti et de l’Etat en matière religieuse. Les problèmes posés ces derniers temps par les revendications d’un certain nombre de communautés religieuses en matière de propriétés foncières ou immobilières, de liberté d’expression et d’action sociale, a conduit le ministère de l’Intérieur à resserrer les liens avec l’organisme chargé des religions. La preuve de ces liens a été récemment donnée avec la nomination de l’ancien directeur du Bureau au poste de ministre de l’Intérieur, il y a sept mois. De nombreux observateurs s’interrogent aujourd’hui sur l’évolution présente de la politique religieuse. Le Bureau des Affaires religieuses serait-il désormais devenu un outil de la Sécurité publique auprès des communautés religieuses ?
Un deuxième événement a, lui aussi, retenu l’attention. Le 28 février 2012, le communiqué commun, publié à l’issue de la réunion du groupe mixte de travail Saint-Siège-Vietnam, avait évité de mentionner les points de vue respectifs des deux parties sur la question épineuse des propriétés d’Eglise spoliées par l’Etat. La même discrétion n’a pas été observée dans le compte rendu, publié le même jour par presse officielle, d’une intervention du Vice-Premier ministre Nguyên Xuân Phuc à une réunion destinée à faire le bilan de l’action gouvernementale en matière religieuse au cours de ces dernières années. Entre autres choses, il était question d’estimer les résultats de trois années d’application d’une directive du Premier ministre publiée en janvier 2009 et intitulé « Directive N° 1940/CT-TTg ». En réalité, celle-ci ne faisait qu’officialiser la solution adoptée par les autorités étatiques lors des conflits de l’ancienne Délégation apostolique et de la paroisse de Thai Ha à Hanoi. Aucun espoir n’était donné aux communautés religieuses de récupérer les propriétés spoliées.
Selon les propos du Vice-Premier ministre, cette directive aurait eu des conséquences favorables et aurait renforcée la confiance de la population à l’égard du gouvernement. Le Vice-Premier ministre a noté une baisse notable des plaintes concernant les propriétés religieuses. Les « point chauds » (conflits violents entre les fidèles et les autorités) auraient diminué d’intensité. Si le Vice-Premier ministre invite le Bureau des Affaires religieuses à faire preuve de délicatesse et de jugement dans ses affaires de terrain, nulle part il ne laisse espérer que les organisations religieuses pourront un jour récupérer les propriétés accaparées par l’Etat.
(Source: Eglises d'Asie, 6 mars 2012)