La lettre rappelle que depuis le mois de juillet, au moins 15 personnes ont été arrêtées par les autorités. Six d’entre elles sont incarcérés au camp d’internement provisoire B 14 à Hanoi. On ignore tout du lieu où sont emprisonnés les autres jeunes catholiques et rien n’a percé non plus concernant leur état de santé.
Les familles signataires soulignent que leurs enfants sont totalement innocents des accusations portées contre eux. Personne, affirment-elles, ne peut leur reprocher de s’être engagé dans des activités sociales, en vue du bien public, ni d’avoir suivi des sessions de formation destinées à améliorer leurs capacités au service de leur pays. A la fin de la déclaration, elles affirment leur conviction qu’il n’existe pas de force plus efficace que la prière et invitent leurs frères catholiques ainsi que leurs compatriotes croyants, à s’unir à eux dans la prière d’intercession qu’ils adressent à Dieu.
Depuis le 27 août, une 15e personne est à ajouter sur la liste des jeunes catholiques déjà arrêtés (1). Il s’agit d’un jeune étudiant de la faculté des langues étrangères et d’informatique d’Hanoi, Paul Trân Minh Nhât (2), originaire d’une paroisse catholique du diocèse de Vinh dans la province du Nghê An. Le jour de son arrestation, il achevait son examen de fin d’études. A l’issue de sa dernière épreuve, alors qu’il sortait de la salle d’examen, quatre agents de la Sécurité en uniforme l’ont accompagné jusqu’à la porte de l’université et l’ont forcé à monter dans une voiture qui l’attendait. Après avoir d’abord été amené dans sa chambre où la police a perquisitionné en sa présence, il a été ensuite emmené vers une destination inconnue.
Dans la matinée du 29 août, les parents du jeune étudiant se sont présentés au rectorat pour savoir pourquoi, contrairement aux dispositions de la loi, les policiers avaient pu pénétrer à l’intérieur des locaux de l’université. Il leur a été répondu que les policiers avaient averti qu’ils emmenaient l’étudiant au siège de la police pour régler une affaire sans importance. Depuis cette date, aucune notification d’arrestation n’a été transmise à la famille. En revanche, celle-ci a reçu une longue lettre de Paul Trân Minh Nhât, écrite la veille de son arrestation. La missive, qui ressemble à une lettre d’adieu, montre que l’étudiant s’attendait à une intervention de la police, qui le suivait et contrôlait ses faits et gestes depuis longtemps (3).
Au moment même où la police arrêtait le jeune étudiant, le chef de l’État annonçait la libération de 10 000 détenus à l’occasion de la fête nationale du 2 septembre. Selon les annonces officielles, de nombreux montagnards feraient partie de la liste, mais seuls deux dissidents ont bénéficié de cette grâce. Interrogé à ce sujet par l’agence Fides, l’évêque du diocèse de Vinh (d’où sont originaires la plupart des catholiques arrêtés récemment), Mgr Joseph Nguypen Thai Hop, également responsable de la commission « Justice et paix », a répondu : « L’amnistie est une mesure qui se répète chaque année et concerne souvent des détenus condamnés pour des délits contre la sécurité et non pas des personnes emprisonnées pour raisons de conscience. Nous ne disposons pas encore de la liste officielle des personnes qui seront remises en liberté. Ce que la population demande, c’est que l’on se souvienne également à cette occasion, de ceux qui sont en prison pour des motifs politiques et de conscience, des personnes qui luttent pour la liberté, les droits, la justice, la démocratie. Le fait qu’un certain nombre de membres des minorités ethniques des hauts plateaux du centre soit libéré, représente toutefois une bonne nouvelle ». La Commission « Justice et Paix » des évêques, conclut-il, « suit l’évolution du respect des droits de l’homme, de la paix et de la justice au Vietnam avec une grande attention, se confrontant également avec des intellectuels non catholiques et avec les membres du parti communiste » (4).
(1) Voir dépêche EDA des 19 et 26 août 2011.
(2) Il a été appelé par erreur Nguyen Minh Nhât dans les premières dépêches de certaines agences.
(3) Dans cette très belle lettre publiée par l’agence VRNs (site des rédemptoristes), il explique que son engagement dans des activités militantes est dans la droite ligne de l’éducation chrétienne qu’il a reçue de ses parents. Il leur exprime sa reconnaissance pour la foi que ces derniers lui ont transmise.
(4) Fides 29 août 2011
(Source: Eglises d'Asie, 1er septembre 2011)