Eglises d’Asie, 3 juin 2010 – Dans un pays à 85 % musulman, où la minorité chrétienne représente environ 10 % de la population, les questions relatives à l’harmonie interreligieuse sont sensibles. Depuis les accès de violence meurtrière qu’ont connus Célèbes (1998-2001) et les Moluques (1999-2002), les relations entre chrétiens et musulmans se sont améliorées mais l’extrême difficulté pour les chrétiens de bâtir ou d’agrandir leurs lieux de culte demeure un vrai problème. Ces dernières semaines, différents acteurs des milieux chrétiens, protestants notamment, ont appelé le président de la République à prendre ses responsabilités et à faire respecter la Constitution.
Le 1er juin dernier, le président Susilo Bambang Yudhoyono s’est exprimé devant l’Assemblée consultative populaire, la Chambre haute du Parlement indonésien. Prenant la parole à l’occasion du 65ème anniversaire du discours par lequel le premier président de l’Indonésie indépendante, Sukarno, avait introduit le concept de « Pancasila » (‘les cinq piliers’), fondement des institutions et du contrat social de l’Indonésie contemporaine, Yudhoyno a notamment déclaré que l’Etat indonésien était « un Etat démocratique (…) garantissant l’existence de tous les groupes, religions et croyances ».
Dès le lendemain, une Eglise protestante et diverses organisations de la société civile le prenaient au mot et lui demandait de garantir le droit des chrétiens d’Indonésie à bâtir les lieux de culte nécessaires à l’exercice de leur religion. Dans un communiqué en date du 2 juin, le Rév. Alexander Paulus, pasteur de l’Eglise chrétienne d’Indonésie (Gereja Kristen Indonesia - GKI) (1), a déclaré: « Nous voulons que l’Etat ainsi que les pouvoirs locaux fassent en sorte que l’Indonésie soit un pays que nous pourrons toujours appeler notre patrie (…). Selon la Constitution de 1945, l’Etat est tenu d’assurer une égalité de traitement entre tous les citoyens indonésiens. » Cette égalité est complétée par la garantie donnée à tout Indonésien de pouvoir librement pratiquer la religion qui est la sienne, garantie qui comprend le droit de construire des lieux de culte, a ajouté le pasteur protestant, soulignant que, ces trois dernières années, au moins 140 églises chrétiennes et temples hindous à travers le pays avaient été attaqués, voire complètement détruits.
A l’appui de son propos, le Rév. Alexander Paulus a cité la fermeture contrainte d’un temple protestant à Bogor, ville située au sud de Djakarta, dans la province de Java-Ouest. Après avoir satisfait aux nombreuses conditions requises par la loi sur les constructions de lieux de culte, la communauté protestante locale avait obtenu un permis de construire en 2006 et commencé la construction de son temple; toutefois, sous la pression de groupes islamistes, les autorités locales étaient revenues sur leur décision et, en 2008, avait annulé le permis de construire, entraînant la fermeture de l’église. Ailleurs, des temples protestants « ont fermé après avoir subi des attaques de la part de groupes extrémistes », alors que la police et les autorités locales ne faisaient rien, voire « soutenaient » ces groupes, a continué le responsable protestant.
Parmi les organisations issues de la société civile qui ont signé le communiqué du 2 juin, on trouve la Conférence indonésienne pour la paix et la religion, le Groupe de travail pour les droits de l’homme, ou bien encore l’Institut Setara pour la démocratie et la paix. Chercheur au sein de l’Institut Setara, Bonar Tigor Naipospos a déclaré que son organisation avait rencontré en mars dernier des représentants de la Commission pour les droits de l’homme des Nations Unies. « Nous leur avons demandé d’envoyer en Indonésie une équipe d’enquêteurs afin de rédiger un rapport officiel sur la liberté religieuse dans notre pays », a-t-il précisé, ajoutant que les chrétiens et les hindous n’étaient pas les seules victimes des extrémistes musulmans et qu’il fallait y ajouter les ahmadi (ou ahmadiyah), tenus comme hérétiques par les courants majoritaires de l’islam.
Quelques jours plus tôt, la sous-secrétaire d’Etat américaine pour la Démocratie et les Affaires mondiales, Maria Otero, était de passage dans la capitale indonésienne. Le 20 mai, elle a rencontré à huis clos une délégation du Comité indonésien des religions pour la paix (IComRP), formée de délégués musulmans, catholiques, protestants, hindous, bouddhistes et confucéens. A l’issue de la rencontre, le secrétaire général de l’IComRP, le catholique Theopilus Bela, a déclaré que toutes les informations relatives aux lieux de culte détruits ou fermés avaient été communiquées à la représentante américaine et que celle-ci avait dit qu’elle informerait le président Barack Obama de la situation. La visite d’Obama en Indonésie aidera « à améliorer les relations entre les musulmans et l’Occident et aura des répercussions positives entre les religions en Indonésie », aurait déclaré Maria Otero, en référence à la visite à Djakarta du président américain, initialement prévue en mars 2010 (2) mais reportée au 14 juin prochain.
(1) L’Eglise chrétienne d’Indonésie (Gereja Kristen Indonesia - GKI) a été formée en 1962 par l’union de trois Eglises protestantes fréquentées principalement par des Sino-Indonésiens, l’Eglise chrétienne de Java-Ouest, l’Eglise chrétienne de Java-Centre et l’Eglise chrétienne de Java-Est, union parachevée en 1988 sous une forme œcuménique.
(2) Voir EDA 526
(Source: Eglises d'Asie, 3 juin 2010)
Le 1er juin dernier, le président Susilo Bambang Yudhoyono s’est exprimé devant l’Assemblée consultative populaire, la Chambre haute du Parlement indonésien. Prenant la parole à l’occasion du 65ème anniversaire du discours par lequel le premier président de l’Indonésie indépendante, Sukarno, avait introduit le concept de « Pancasila » (‘les cinq piliers’), fondement des institutions et du contrat social de l’Indonésie contemporaine, Yudhoyno a notamment déclaré que l’Etat indonésien était « un Etat démocratique (…) garantissant l’existence de tous les groupes, religions et croyances ».
Dès le lendemain, une Eglise protestante et diverses organisations de la société civile le prenaient au mot et lui demandait de garantir le droit des chrétiens d’Indonésie à bâtir les lieux de culte nécessaires à l’exercice de leur religion. Dans un communiqué en date du 2 juin, le Rév. Alexander Paulus, pasteur de l’Eglise chrétienne d’Indonésie (Gereja Kristen Indonesia - GKI) (1), a déclaré: « Nous voulons que l’Etat ainsi que les pouvoirs locaux fassent en sorte que l’Indonésie soit un pays que nous pourrons toujours appeler notre patrie (…). Selon la Constitution de 1945, l’Etat est tenu d’assurer une égalité de traitement entre tous les citoyens indonésiens. » Cette égalité est complétée par la garantie donnée à tout Indonésien de pouvoir librement pratiquer la religion qui est la sienne, garantie qui comprend le droit de construire des lieux de culte, a ajouté le pasteur protestant, soulignant que, ces trois dernières années, au moins 140 églises chrétiennes et temples hindous à travers le pays avaient été attaqués, voire complètement détruits.
A l’appui de son propos, le Rév. Alexander Paulus a cité la fermeture contrainte d’un temple protestant à Bogor, ville située au sud de Djakarta, dans la province de Java-Ouest. Après avoir satisfait aux nombreuses conditions requises par la loi sur les constructions de lieux de culte, la communauté protestante locale avait obtenu un permis de construire en 2006 et commencé la construction de son temple; toutefois, sous la pression de groupes islamistes, les autorités locales étaient revenues sur leur décision et, en 2008, avait annulé le permis de construire, entraînant la fermeture de l’église. Ailleurs, des temples protestants « ont fermé après avoir subi des attaques de la part de groupes extrémistes », alors que la police et les autorités locales ne faisaient rien, voire « soutenaient » ces groupes, a continué le responsable protestant.
Parmi les organisations issues de la société civile qui ont signé le communiqué du 2 juin, on trouve la Conférence indonésienne pour la paix et la religion, le Groupe de travail pour les droits de l’homme, ou bien encore l’Institut Setara pour la démocratie et la paix. Chercheur au sein de l’Institut Setara, Bonar Tigor Naipospos a déclaré que son organisation avait rencontré en mars dernier des représentants de la Commission pour les droits de l’homme des Nations Unies. « Nous leur avons demandé d’envoyer en Indonésie une équipe d’enquêteurs afin de rédiger un rapport officiel sur la liberté religieuse dans notre pays », a-t-il précisé, ajoutant que les chrétiens et les hindous n’étaient pas les seules victimes des extrémistes musulmans et qu’il fallait y ajouter les ahmadi (ou ahmadiyah), tenus comme hérétiques par les courants majoritaires de l’islam.
Quelques jours plus tôt, la sous-secrétaire d’Etat américaine pour la Démocratie et les Affaires mondiales, Maria Otero, était de passage dans la capitale indonésienne. Le 20 mai, elle a rencontré à huis clos une délégation du Comité indonésien des religions pour la paix (IComRP), formée de délégués musulmans, catholiques, protestants, hindous, bouddhistes et confucéens. A l’issue de la rencontre, le secrétaire général de l’IComRP, le catholique Theopilus Bela, a déclaré que toutes les informations relatives aux lieux de culte détruits ou fermés avaient été communiquées à la représentante américaine et que celle-ci avait dit qu’elle informerait le président Barack Obama de la situation. La visite d’Obama en Indonésie aidera « à améliorer les relations entre les musulmans et l’Occident et aura des répercussions positives entre les religions en Indonésie », aurait déclaré Maria Otero, en référence à la visite à Djakarta du président américain, initialement prévue en mars 2010 (2) mais reportée au 14 juin prochain.
(1) L’Eglise chrétienne d’Indonésie (Gereja Kristen Indonesia - GKI) a été formée en 1962 par l’union de trois Eglises protestantes fréquentées principalement par des Sino-Indonésiens, l’Eglise chrétienne de Java-Ouest, l’Eglise chrétienne de Java-Centre et l’Eglise chrétienne de Java-Est, union parachevée en 1988 sous une forme œcuménique.
(2) Voir EDA 526
(Source: Eglises d'Asie, 3 juin 2010)