C’est un article du South China Morning Post, quotidien anglophone de Hongkong, qui l’affirme : Pékin et le Vatican se préparent à reprendre un dialogue interrompu depuis 2010. A l’appui de cette affirmation, le journal cite notamment le président, au plan national, de l’Association patriotique des catholiques chinois, Mgr Fang Xingyao : « Ma compréhension des choses est que la Chine espère nouer des relations diplomatiques avec le Vatican et nombreux sont ceux au Vatican qui partagent ce point de vue. Le moment est venu de le faire ; nous ne devrions pas le laisser passer. »
Dans cet article daté du 8 juin dernier, l’évêque « officiel » de Linyi (Shandong) exprime l’idée que la meilleure manière de régler l’épineux problème du mode de désignation des évêques de l’Eglise en Chine est d’établir des relations diplomatiques entre la Chine et le Saint-Siège, afin, sous-entend-il, de disposer d’une base stable de dialogue.
Le journal rappelle que, du point de vue du Saint-Siège, le préalable à une reprise des relations diplomatiques est que Pékin s’engage à ne plus faire procéder de manière unilatérale à des nominations d’évêques. Mais l’auteur de l’article cite « une personne proche du Saint-Siège » qui estime que « l’atmosphère est désormais plutôt positive au sein des deux parties pour redémarrer sans délai un dialogue ». Le Vatican n’attend plus que Pékin confirme la date et le lieu où se tiendront les pourparlers, affirme encore cette source, tandis qu’une autre, « proche de l’Eglise de Hongkong », avance que la rencontre pourrait avoir lieu d’ici la fin de cette année.
Si ces affirmations s’avéraient exactes, ces es pourparlers entre le Saint-Siège et la Chine seraient les premiers depuis octobre 2010, date où des ordinations épiscopales menées unilatéralement par Pékin sans l’assentiment du pape avaient gelé tout processus de négociation. Depuis, les relations ne se sont pas améliorées, le placement en résidence surveillée de Mgr Ma Daqin, évêque de Shanghai, en juillet 2012, ayant encore dégradé la situation.
Quel élément nouveau justifierait donc l’optimisme dont font preuve à la fois Mgr Fang Xingyao, personnalité très impliquée dans les structures « officielles » de l’Eglise (1), et ces personnes « proches de l’Eglise » citées par le quotidien hongkongais ? A n’en pas douter, si ‘le dossier chinois’ a été considéré comme une priorité par le Vatican tout au long des pontificats de Jean Paul II et Benoît XVI, l’élection du pape François est un facteur de renouveau. En mars dernier, le pape a révélé qu’il avait écrit au président chinois Xi Jinping dès l’accession de celui-ci aux plus hautes fonctions à la tête de la République populaire de Chine et que le dirigeant chinois lui avait répondu. Rien n’a filtré du contenu de cet échange épistolaire mais la seule mention de son existence par le pape indiquait que Rome appelait de ses vœux un approfondissement de la relation.
Le South China Morning Post écrit que « le pape François, dont les qualités de grand communicateur ne craignant pas de se saisir des questions épineuses sont appréciées, suscite l’espoir de le voir en capacité de faire progresser la relation [sino-vaticane] ». Le journal anglophone ne le rappelle pas, mais, en mars dernier, le quotidien français La Croix avait révélé que « des discussions en coulisse [étaient] déjà bien avancées », discussions qui pourraient « déboucher sur un geste diplomatique et culturel majeur de la part de Pékin et du Saint-Siège ».
Rien n’était dit sur la teneur qui pourrait revêtir un tel « geste diplomatique et culturel », mais des progrès seraient donc en vue. Reste, note les observateurs, que les obstacles à une reprise du dialogue demeurent nombreux. Ces dernières semaines, une campagne de destruction de lieux de culte chrétiens a été lancée dans la région de Wenzhou, au Zhejiang. Ce sont des temples protestants qui ont été visés au premier chef, mais des églises catholiques ont aussi été ciblées. L’avenir dira si l’on assiste là au début d’une campagne plus vaste, au plan national, ou s’il ne s’agit que de mesures locales et limitées.
Potentiellement plus grave est la question de la validation du candidat qui a été élu, le 8 mai dernier, pour devenir le futur évêque de Chengdu, au Sichuan. Les instances officielles de l’Eglise locale ont élu le P. Tang Yuange, mais il reste à connaître la réponse qui va être celle du pape à cette candidature. Au cas où le pape François ne validerait pas cette élection et que Pékin forcerait néanmoins l’ordination épiscopale du P. Tang, on se retrouverait dans une situation de crise, présageant mal d’une reprise sereine du dialogue entre Pékin et Rome.
Demeure enfin le sort des évêques empêchés par Pékin d’exercer leur ministère. Outre le cas de Mgr Ma, de Shanghai, il y a celui de plusieurs évêques « clandestins », dont la figure la plus emblématique est celle de Mgr Su Zhimin, évêque de Baoding, arrêté le 8 octobre 1997 et dont on est sans nouvelles depuis. Tout récemment, l’administrateur apostolique « clandestin » de Yujiang, diocèse du Jiangxi, a été arrêté ; nommé en 2012 par le pape Benoît XVI, le P. John Peng Weizhao est détenu en un lieu tenu secret depuis le 30 mai dernier.
Ainsi que l’exprime « la personne proche de l’Eglise de Hongkong » citée par le quotidien anglophone, « depuis l’élection du pape [François], tout le monde observe la manière dont il va agir avec la Chine…, qu’il adopte une approche plus rigide ou qu’il s’apprête à passer un compromis. »
(1) Mgr Fang Xingyao, évêque de Linyi (Shandong), préside l’Association patriotique au plan national. Ordonné en 1997, considéré comme un proche de Liu Bainian, qui comme lui est originaire du Shandong, Mgr Fang a accepté, ces dernières années, de prendre part à plusieurs ordinations épiscopales illicites. Bien que Mgr Fang ait été reconnu par Rome comme évêque légitime, en communion avec le Saint-Père, il apparaît aux yeux de tous dans l’Eglise en Chine comme un homme soumis aux autorités.
(Source: Eglises d'Asie, le 12 juin 2014)
Dans cet article daté du 8 juin dernier, l’évêque « officiel » de Linyi (Shandong) exprime l’idée que la meilleure manière de régler l’épineux problème du mode de désignation des évêques de l’Eglise en Chine est d’établir des relations diplomatiques entre la Chine et le Saint-Siège, afin, sous-entend-il, de disposer d’une base stable de dialogue.
Le journal rappelle que, du point de vue du Saint-Siège, le préalable à une reprise des relations diplomatiques est que Pékin s’engage à ne plus faire procéder de manière unilatérale à des nominations d’évêques. Mais l’auteur de l’article cite « une personne proche du Saint-Siège » qui estime que « l’atmosphère est désormais plutôt positive au sein des deux parties pour redémarrer sans délai un dialogue ». Le Vatican n’attend plus que Pékin confirme la date et le lieu où se tiendront les pourparlers, affirme encore cette source, tandis qu’une autre, « proche de l’Eglise de Hongkong », avance que la rencontre pourrait avoir lieu d’ici la fin de cette année.
Si ces affirmations s’avéraient exactes, ces es pourparlers entre le Saint-Siège et la Chine seraient les premiers depuis octobre 2010, date où des ordinations épiscopales menées unilatéralement par Pékin sans l’assentiment du pape avaient gelé tout processus de négociation. Depuis, les relations ne se sont pas améliorées, le placement en résidence surveillée de Mgr Ma Daqin, évêque de Shanghai, en juillet 2012, ayant encore dégradé la situation.
Quel élément nouveau justifierait donc l’optimisme dont font preuve à la fois Mgr Fang Xingyao, personnalité très impliquée dans les structures « officielles » de l’Eglise (1), et ces personnes « proches de l’Eglise » citées par le quotidien hongkongais ? A n’en pas douter, si ‘le dossier chinois’ a été considéré comme une priorité par le Vatican tout au long des pontificats de Jean Paul II et Benoît XVI, l’élection du pape François est un facteur de renouveau. En mars dernier, le pape a révélé qu’il avait écrit au président chinois Xi Jinping dès l’accession de celui-ci aux plus hautes fonctions à la tête de la République populaire de Chine et que le dirigeant chinois lui avait répondu. Rien n’a filtré du contenu de cet échange épistolaire mais la seule mention de son existence par le pape indiquait que Rome appelait de ses vœux un approfondissement de la relation.
Le South China Morning Post écrit que « le pape François, dont les qualités de grand communicateur ne craignant pas de se saisir des questions épineuses sont appréciées, suscite l’espoir de le voir en capacité de faire progresser la relation [sino-vaticane] ». Le journal anglophone ne le rappelle pas, mais, en mars dernier, le quotidien français La Croix avait révélé que « des discussions en coulisse [étaient] déjà bien avancées », discussions qui pourraient « déboucher sur un geste diplomatique et culturel majeur de la part de Pékin et du Saint-Siège ».
Rien n’était dit sur la teneur qui pourrait revêtir un tel « geste diplomatique et culturel », mais des progrès seraient donc en vue. Reste, note les observateurs, que les obstacles à une reprise du dialogue demeurent nombreux. Ces dernières semaines, une campagne de destruction de lieux de culte chrétiens a été lancée dans la région de Wenzhou, au Zhejiang. Ce sont des temples protestants qui ont été visés au premier chef, mais des églises catholiques ont aussi été ciblées. L’avenir dira si l’on assiste là au début d’une campagne plus vaste, au plan national, ou s’il ne s’agit que de mesures locales et limitées.
Potentiellement plus grave est la question de la validation du candidat qui a été élu, le 8 mai dernier, pour devenir le futur évêque de Chengdu, au Sichuan. Les instances officielles de l’Eglise locale ont élu le P. Tang Yuange, mais il reste à connaître la réponse qui va être celle du pape à cette candidature. Au cas où le pape François ne validerait pas cette élection et que Pékin forcerait néanmoins l’ordination épiscopale du P. Tang, on se retrouverait dans une situation de crise, présageant mal d’une reprise sereine du dialogue entre Pékin et Rome.
Demeure enfin le sort des évêques empêchés par Pékin d’exercer leur ministère. Outre le cas de Mgr Ma, de Shanghai, il y a celui de plusieurs évêques « clandestins », dont la figure la plus emblématique est celle de Mgr Su Zhimin, évêque de Baoding, arrêté le 8 octobre 1997 et dont on est sans nouvelles depuis. Tout récemment, l’administrateur apostolique « clandestin » de Yujiang, diocèse du Jiangxi, a été arrêté ; nommé en 2012 par le pape Benoît XVI, le P. John Peng Weizhao est détenu en un lieu tenu secret depuis le 30 mai dernier.
Ainsi que l’exprime « la personne proche de l’Eglise de Hongkong » citée par le quotidien anglophone, « depuis l’élection du pape [François], tout le monde observe la manière dont il va agir avec la Chine…, qu’il adopte une approche plus rigide ou qu’il s’apprête à passer un compromis. »
(1) Mgr Fang Xingyao, évêque de Linyi (Shandong), préside l’Association patriotique au plan national. Ordonné en 1997, considéré comme un proche de Liu Bainian, qui comme lui est originaire du Shandong, Mgr Fang a accepté, ces dernières années, de prendre part à plusieurs ordinations épiscopales illicites. Bien que Mgr Fang ait été reconnu par Rome comme évêque légitime, en communion avec le Saint-Père, il apparaît aux yeux de tous dans l’Eglise en Chine comme un homme soumis aux autorités.
(Source: Eglises d'Asie, le 12 juin 2014)